Une période turbulente, quelques conneries – « des trucs de bouffon », comme il dit – ont suffi : un jour, ce jeune banlieusard presque rangé s’est retrouvé en taule. Routine carcérale ? Pas uniquement. Car il est gay. Derrière les barreaux, deux obsédantes pensées. La première : dissimuler son homosexualité à ses codétenus. La seconde : l’amour de sa vie, resté dehors. Il raconte...
Une maison d’arrêt, comme tant d’autres en banlieue parisienne depuis que Paris conserve la Santé. Classes populaires, classes dangereuses. Les matons pourraient être de l’autre côté des barreaux s’ils ne gagnaient leurs 1 378 euros nets mensuels.
Le privilège de l’éducateur est d’être traité comme les avocats lorsqu’il va voir les jeunes pour préparer leur sortie. Parloir différent de celui des familles, pas de limite de temps. Possibilité de rentrer avec des documents, d’être dans une cabine isolée sans le regard perpétuel d’un surveillant.
La prison a été construite sur le modèle du partenariat public-privé au début des années 1990. À l’État, la garde. À Sodexho, Veolia, ou Bouygues, les murs, la bouffe, le nettoyage, le linge, de quoi se faire des thunes sur le dos du détenu. Ici, l’investisseur privé préfère payer une amende à l’État et mettre des grillages resserrés aux fenêtres des détenus – ce qui est interdit – plutôt que de payer des équipes à ramasser les yoyos [1] tombés par terre. Des barquettes, du pain rassis, des monceaux de paquets de clopes, des sacs plastique ; et l’odeur, qui s’ajoute à celle de la taule, tabac froid incrusté dans les murs dont la peinture vient pourtant d’être refaite.
Et les cris des gars aux fenêtres, le bruit des portes qui claquent, celui des trousseaux de clefs aux mains des surveillants. Le bruit de la taule, morbide et vivant.
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