En appel, le 24 novembre, Luis et Christian ont été condamné à des peines lourdes alors que le tribunal de grande instance les avait relaxés tous les deux, selon les conclusions de l’enquête de l’IGPN. Il faut dire que le président de la 4e chambre, Grégoire Finidori ("Fini de rire" pour les intimes), n’est pas précisément renommé pour sa mansuétude. Ce serait même plutôt l’inverse puisque depuis plus de dix ans on tombe régulièrement sur ce triste personnage, dès qu’il s’agit d’évoquer les horreurs judiciaires les plus remarquables.
[Les extraits qui suivent sont tirés d’un article de Fabrice Arfi, paru dans "La tribune de Lyon" du 25 novembre. Comme quoi le pillage de la presse bourgeoise a parfois du bon...]
Sur la porte de son bureau, il n’y a, contrairement aux autres, ni nom ni prénom. Il confie avoir reçu récemment des menaces de mort ; c’est que Grégoire Finidori est réputé pour être le juge le plus répressif de Lyon, un homme qui, l’hermine rêche, fait claquer la sentence pénale comme une porte de fer.« Je redoute le dément, la personne incontrôlable », glisse-t-il.
Grégoire Finidori, 57 ans, fils d’un fonctionnaire de police et d’une mère au foyer, est depuis plus de 10 ans le président de la 4e chambre de la cour d’appel de Lyon. « C’est un bon poste d’observation d’une société qui est de plus en plus violente », analyse le magistrat. Il n’y a pas d’avocats à Lyon qui n’ait sur son extrême sévérité quelque anecdote décapante. Tel client relaxé en première instance et condamné à de la prison ferme en appel. Des peines qui passent du simple eu double. voire au quadruple ou plus. Il y a par exemple l’histoire de cette femme, Sophie R., accusée à tort de l’incendie d’un centre équestre en 1997. Blanchie devant le tribunal correctionnel, Finidori lui a infligé trois ans ferme en appel, sans élément nouveau. Chirac l’a grâciée. « C’est un magistrat qui n’arrive pas à envisager l’innocence. Il a une conception rétrograde de la société qui fait qu’il n’y a, selon lui, que des coupables. Il semble totalement imperméable au raisonnement de l’autre », s’échauffe un pénaliste lyonnais. Un autre, qui comme la plupart de ses confrères hésite à faire appel de peur de voir la peine de son client alourdie, assure que « les gamins qui sont passés sous ses fourches caudines ressortent de prison armés de haine. »
Dans son petit costume anthracite la rosette au col, Grégoire Finidori reste de marbre face à sa réputation : « Je fais mon devoir et je ne cherche pas à me corriger. Une mission m’a été confiée. C’est celle de juger mes semblables, ce qui n’est pas banal. L’image de répressif qui est la mienne, je la subis. Mais imaginer que je puisse changer mon comportement, ça non ! » Pas avare en paradoxe, celui qui a envoyè des milliers de gens à l’ombre affirme aussi sans ciller :« Je suis perplexe quant à la capacité de réinsertion de la prison. C’est tout de même un des lieux les plus artificiels qui existent. Je pense que c’est une profonde erreur de mettre des gens dans des prisons conçues pour tous. On pourrait penser pour des certains délinquants pas trop dangereux à des prisons légères, dans d’anciennes casernes où il faudrait rehausser les murs. »
Magistrat à Lyon depuis 1988, Frégoire Finidori est l’auteur de jugements qui ont fait couler beaucoup d’encre. Le décès accidentel d’un foetus qualifié d’homicide volontaire, c’est lui. La relaxe du policier impliqué dans la mort d’un jeune homme, en 1990 à Vaulx-en-Velin, juste avant les émeutes, c’est lui. La condamnation d’une mère de famille qui avait volé jouets et nourriture dans une grande surface pour Noël, c’est encore lui. La reconnaissance du statut de "religion" à l’église de scientologie, aussi. « Je préside une chambre collégiale. Il ne faut pas l’oublier. Ma conception est que l’on a des dossiers, on les étudie à fond et on rend des décisions. Oui, la cour est ferme. Elle est aussi travailleuse, scrupuleuse, rigoureuse intellectuellement » réplique le juge.
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