Il a été proposé à notre organisation de signer un texte d’appel « pour les libertés, contre les idées d’extrême droite » et leur propagation. Nous ne l’avons pas signé en tant que groupe, non pas que nous souhaitons que ces idées progressent, mais bien parce que nous pensons que ce texte oublie ce qui constitue le cœur de celles-ci.
D’ailleurs, luttons-nous contre l’extrême-droite ou contre le fascisme ? Le fascisme ne vient-il que par l’extrême-droite ? Rien que ces questions nous semblent importantes, car nous n’oublions pas que toute forme d’autorité aura tendance à tendre vers une forme de coercition sur les populations.
Nous ne pouvons pas signer un texte aux côtés des partis politiques qui se sont, depuis des années, alliés à ceux qui ont fait le jeu des idées d’extrême droite : soit en reprenant les thématiques qui sont chères aux réactionnaires, soit en utilisant l’extrême droite comme épouvantail pour s’assurer une prise de pouvoir.
Les positions de plusieurs partis et individus signataires sont ambigües sur ce qu’ils classent à l’extrême droite.
Quand ils apportent leurs soutiens à des régimes autoritaires, militaires ou policiers, qui maltraitent et condamnent les populations qu’elles ont sous leur joug, ils soutiennent la haine et la réaction. De plus, ces régimes là, au nom du maintien de l’ordre, sont les premiers à enfermer, maltraiter, violenter, tuer toute personne qui souhaiterait s’en émanciper. Nous ne pouvons pas comprendre comment ils peuvent dans le même temps condamner ici, les idées qu’ils soutiennent là bas. La liberté serait donc encore à géométrie variable ? Pour nous, la cohérence d’idée se situe à l’échelle internationale et non pas simplement dans une lecture nombriliste franco-française.
Les signataires de cette tribune semblent aussi très attachés à l’État comme totem indépassable de la liberté. Sauf que nous pensons qu’au cœur des idées autoritaires, réactionnaires, de repli et de haine de l’autre, se trouvent justement les frontières et les États !
Peut-on prétendre se battre pour « les libertés et contre les idées d’extrême droite » en appelant à préserver l’État ? Car pour nous, il est au contraire, l’outil le plus destructeur des libertés et le plus propice à la mise en place de régimes autoritaires.
Comment ne pas voir qu’au fond, cet appel contribue à « l’union des gauches de gouvernement » à quelques jours des régionales ? La date est trop bien choisie pour ne pas être au service du calendrier électoral.
Nous notons, à ce propos, que l’antifascisme de certains semble se réveiller uniquement au moment des élections. Comme si cette dénonciation était un brevet de « bon citoyen » avant celles-ci. Le stratagème est gros, il est usant.
Nous ne pouvons ni accepter, ni cautionner l’instrumentalisation de celles et ceux qui subissent ces idées en permanence.
Ce n’est pas comme si le gouvernement de Hollande n’avait pas expulsé en masse des exilé.es et détruit des acquis sociaux (cf loi travail) ou comme si Mélenchon n’avait pas de vieux relents nationalistes, amoureux de la patrie et de son armée. Sans compter sur EELV, qui vide des squats et qui va tranquillement soutenir les flics d’Alliance.
Pour rester cohérents, nous ne pouvons pas signer un appel qui réunit tant de positions contradictoires. Nous luttons en avançant nos idées, nos idéaux et certainement pas en répondant aux injonctions des autoritaires de tout poil qui monopolisent le débat et tentent d’imposer le calendrier.
Tous les fanatiques du pouvoir, qui cherchent à le prendre, plutôt qu’à l’abattre, ne font que reproduire ce qui amènera à l’étape inévitable de l’autoritarisme. L’histoire nous enseigne que la course au pouvoir est toujours la première porte d’entrée de la haine. Et celui-ci existe sous des centaines de formes différentes.
Imaginer changer le monde via le pouvoir, c’est comme espérer respirer sous l’eau en se faisant tatouer des branchies. C’est peine perdue !
Les défilés ne suffiront pas à faire reculer l’extrême droite et la réaction, la haine ne se combat pas que par des slogans. Le reste est à construire politiquement et humainement, la lutte contre les idées fascistes se conjugue au présent, au quotidien et en tout lieu. Nous pensons que ce qui hiérarchise les hommes et les femmes ne disparaîtra pas sans un changement radical de société.
Ces idées nauséabondes (racisme, sexisme etc…) ne voleront pas en éclat sans une lutte acharnée contre tous les pouvoirs qui essentialisent les êtres humains. Nous ne devons en tolérer aucun, nulle part, jamais !
Seule une société débarrassée des patries, des frontières, de la fierté d’être né quelque part, cessera de désigner certains de ses membres comme inférieurs.
Seule une société sans capitalisme, qui n’existe qu’en raison de l’oppression du plus grand nombre au bénéfice d’une minorité de possédants – le tout en divisant les exploités – viendra à bout de ces haines. ll n’y a d’ailleurs pas de capitalisme « sympa », « vert », « domestiqué » ou autre.
Nous devons penser une société débarrassée de la méritocratie et des autres scories du mérite pour basculer vers une société ou chacun, chacune, aura selon ses besoins et quels que soient ses moyens
Penser le monde sans pouvoir est un pari complexe, nous en avons conscience. Simplement, nous avons, de par l’histoire et le présent, la certitude qu’il n’y aura pas de lendemain de paix et d’entraide sans ces renversements !
Oser imaginer l’unanimité plutôt que la dictature du plus grand nombre, c’est notre pari pour l’avenir ! Et cela demande que nous puissions dépasser les outils mis en place pour nous diviser. Portons le fédéralisme libertaire, la démocratie directe, plutôt que la démocratie dite représentative et son cirque électoral.
ABOLITION DE LA MISÈRE, ABOLITION DES FRONTIÈRES, A L’ÉCHELLE DE LA PLANÈTE !
POUR UNE ÉGALITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIALE !
POUR UNE SOCIÉTÉ DU MÉLANGE, DU SAVOIR, DE LA CULTURE, POUR TOUTES ET TOUS !
VIVE L’ANARCHIE !
NI DIEU, NI MAITRE, NI ÉTAT, NI PATRON !
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