Qui donc, plus ou moins consciemment, n’a pas remarqué que toute notre éducation a pour objet de faire naître en nous des sentiments, de nous suggérer au lieu de laisser ce soin à nous-mêmes quoi qu’il arrive ?
Entendons-nous le nom de Dieu, nous devons ressentir la crainte divine ; celui de sa Majesté le roi, nous éprouvons les sentiments de respect, vénération, soumission ; le nom de la morale, nous pensons à quelque chose d’inviolable ; le nom du Mauvais, nous tremblons, etc.
C’est à ces sentiments que l’on tend et quiconque par exemple éprouverait de la satisfaction aux actes du « Mauvais » devra être « fouetté ».
Ainsi bourrés de sentiments suggérés nous paraîssons aux portes de la majorité et sommes déclarés « majeurs ». Notre équipement consiste en « sentiments élevés, pensées sublimes, maximes inspiratrices, éternels principes, etc ».
On pousse les jeunes en troupeau à l’école afin qu’ils apprennent les vieilles ritournelles et quand ils savent par coeur le verbiage des vieux, on les déclare « majeurs ».
Max Stirner
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