Après avoir confié la responsabilité de la politique environnementale aux chasseurs, c’est la politique du bio en Auvergne–Rhône-Alpes qui va être transformée en profondeur. L’exécutif régional, présidé par Laurent Wauquiez, va retirer aux acteurs historiques du bio leur rôle dans le développement d’une agriculture paysanne et locale au profit des promoteurs du productivisme. Le site Reporterre.net exposait mercredi la situation à la veille du vote de la région :
Confisquer la bio à ses défenseurs historiques pour mieux la confier aux industriels de la FNSEA : voilà ce que s’apprête à voter demain, jeudi 17 novembre 2016, le Conseil régional d’Auvergne–Rhône-Alpes présidé par Laurent Wauquiez, lors de son assemblée plénière. Il doit adopter un « plan régional de développement de l’agriculture biologique », que Reporterre a pu se procurer :
Le texte se donne pour objectif de fixer les orientations politiques en matière de bio sur le reste du mandat, de 2017 à 2021. Un plan-cadre qui s’élèverait, selon nos informations, à un peu plus de 2,7 millions d’euros, soit un budget à peu près constant. À première vue, ce n’est donc pas une délibération défavorable à l’agriculture biologique qui s’annonce.
« Sauf que le texte est indigent, il ne dit rien de la répartition entre les différents axes et acteurs dans cette nouvelle orientation », alerte Corinne Morel-Darleux, conseillère régionale d’opposition du rassemblement de la gauche et des écologistes. Or, c’est là que le bât blesse, puisque plusieurs structures historiques de la bio en France se voient directement remises en cause.
« Une purge »
(…) La liste est longue des associations promouvant le bio qui perdent des financements. (…) D’autres pourraient tout simplement disparaître, comme Appui Bio, une structure de concertation interprofessionnelle qui réfléchissait au développement de la filière. Leur subvention de 30.000 euros de la région est supprimée : « Sans elle, nous perdons aussi le cofinancement de l’État, regrette Véronique Rousselle, membre du bureau. C’est la fin de notre activité. » Idem pour L’Atelier paysan, coopérative d’intérêt collectif qui travaille sur la souveraineté technologique du monde paysan : « Nous étions financés par la région à hauteur de 75.000 euros par an depuis 2014, rapporte Fabrice Clerc, cogérant. À compter de 2017, ce sera 0 euro. »
Pressenti depuis plusieurs mois, le démantèlement des aides régionales au réseau paysan se confirme donc. « Une purge », selon Antoine Couturier, qui pourrait bien profiter aux chambres d’agriculture : la chambre régionale aurait déjà reçu 25.000 euros pour rédiger la stratégie de développement du bio en Auvergne–Rhône-Alpes. « C’est un véritable transfert de fonds des réseaux associatifs vers les chambres d’agriculture », dénonce Corinne Morel-Darleux.
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