Le choix des armes

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Résultat des deux premiers procès en appel des inculpés de la street party du 30 avril... 12 et 15 mois de sursis diluables en 5 ans pour Christian et Luis, assortis de 1 300 et 1 500 euros de dommages et intérêts pour la partie civile policière.

La logique est simple, la balance de la justice est pourrie. Rien de neuf jusque là, la justice de classe s’applique toujours. Si nos deux camarades innocents n’ont pas pris de prison ferme alors que nous sortons de vingt nuits d’émeutes, c’est bel et bien parce qu’ils ne sont pas banlieusards, qu’ils sont selon la « bonne morale », encore des artistes, donc des marginaux intégrés à la société.

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la mort du réformiste

Pour les six partant-es de cette sombre affaire, la police n’aura pas eu droit à sa comparution immédiate chère au premier keuf de france. Mais elle aura eu gain de cause grâce au modéré juge Péju (à comparer au macabre Finidori) pour trois des six individus. Si l’on s’en réfère à la « bonne morale », ils étaient déjà des marginaux n’est ce pas, et si l’on lit entre les lignes, il s’agit de comprendre qu’un jeune embauché en CDI mais exerçant un métier manuel est un marginal au même titre qu’une personne à qui l’on a déjà ouvert le casier... Philippe prendra un peu moins que les deux autres mais du ferme quand même.

Les trois autres avaient l’air plus innocent-es ?! Alors le jeu de l’oie kafkaien leur a permis de se faire relaxer pour, Ô ironie du sort, rejouer en appel. Je ne referai pas les procès ici, d’autant que Virginie innocente n’est pas encore passée devant la barre qui ne fait pas rire.

Je visualise enfin une justice qui s’applique de façon insidieuse : à celles et ceux que la République a déjà dépossédé de ses illusions, ce sera du ferme. Aux autres, qui croient, ou donnent à croire à la « Justice » et autre teneurs de la « bonne morale », qui ont une once de ces vieilles valeurs, un semblant de respect ou de peur de la République, on n’encombrera pas les geôles françaises de leurs personnes. Policées, elles sauront se garder de subverser pendant la durée de leur peine. Assez sages, elles devraient trouver l’astuce qui leur permettra de passer leur mise à l’épreuve en construisant leurs vies, en trouvant travail, salariat et situation.
Si j’ai une idée de ce qu’en pense l’un de nos deux derniers déclarés coupables, je ne m’exprimerai pas à leur place (encore heureux !) Mais un militant avec quinze mois de sursis sur une mise à l’épreuve de cinq ans, c’est folie de croire qu’il pourrait rester libre tout ce temps...

A été faite à Christian et Luis la proposition de faire un pourvoi pour aller en Cour de cassation, afin de « casser » le jugement en appel. Cela signifierait qu’un « grand avocat » ou une « grande avocate » estime les dossiers recevables et défendables en Cassation, et ce à condition que les inculpés disposent de la modique somme de 3 000 euros (souvent plus) Les dommages et intérêts versés à la police resteraient de vigueur car ils n’entrent pas dans le cadre pénal mais sont du civil. À parier que le procès soit cassé, il leur faudrait revenir se faire juger en appel, si possible ailleurs qu’à Lyon, dans le maigre espoir de voir enfin se dérouler un jugement contradictoire qui les disculperait ou plutôt, allègerait peut-être leur condamnation ! Mais ça va pas non !
À la prison ferme, existe donc une alternative : l’aliénation par le travail, autant passer cinq années à rembourser ses frais de justice en flippant de se faire arrêter de nouveau - en sortant du travail pourquoi pas !... Sans compter le choix déprimant d’abandon citoyenniste que de continuer d’éspérer d’être disculpé par une justice qui donne déjà assez de preuves de son état de putréfaction. Choix qui inclurait de se faire tout petit et de cesser de manifester sa vie dans l’espoir de la préserver - libre ?
J’aimerais mieux le pays quitter...

* Dire aux copains et copines que rien ne sert de courir au tribunal se faire filmer... qu’il faut continuer de mieux se préparer.
* Dire aux copains et copines de nos périphéries combien je (nous ?) les aimons pour ce qu’elles et ils sont, émeutier-es ou non et pour ce qu’elles ou ils ont fait. Que je respecte leurs actes, et qu’au vu des peines de prisons ferme qu’il leur sont infligées, il n’y a plus de crédit ou d’indulgence possible envers les bourreaux du peuple, policier-es ou justicier-es enrubanné-es.
* Dire que j’aimerai aussi appeler du peuple mes concitoyen-nes endormi-es ; mais que pour cela il nous faudra encore beaucoup lutter. Que j’aimerai les voir se libérer plutôt que d’attendre qu’on les libère.
* Dire tout mon soutien à Virginie dans une procédure qui ne fait commencer.
* Rappeler ces articles de la constitution de 1793 qui n’entrera malheureusement jamais en vigueur : articles 25 à 35. Certain-es me répondront à raison que ces textes ne légifèrent pas ; je leur réponds à raison de relire les articles 28 puis 27 de cette illégale constitution.
* Et pour ne pas finir sur la constitution de 1793, quand bien même illégale... pour ne pas répéter pas de justice, pas de paix... au risque de paraître un peu romantique mais pour ne pas reprendre un « democracia, justicia, libertad » zapatiste qui n’a plus que le goût de la désillusion dans nos démocratures...

AUTOGESTIÓN ! INSURRECCIÓN ! LIBERACIÓN !

Marcelo

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