Le Système d’Échanges Local (SEL) constitue l’une de ces alternatives. Le SEL fournit un cadre, avec parfois une monnaie propre, permettant de tisser des liens d’entraide entre personnes d’un même quartier ou village. Ce genre de service met en avant toute sorte de questions essentielles sur le « comment vivre ensemble » et génère souvent des débats sur les institutions économiques et sociales ainsi que sur les rapports sociaux qu’elles engendrent.
Outil local de lutte contre l’exclusion, moyen de sauvegarde des richesses culturelles et de pratiques menacées par le handicap du "pas rentable", forme de subsidiarité monétaire, ces cercles locaux aux motifs variés se sont développés considérablement depuis leur apparition, dans le milieu des années 80.
Tous différents mais...
Toute une gamme de nuances singularise les différentes expériences en cours.
Certains estiment qu’il est préférable de rester strictement sur un plan local et développer ses ressources propres, d’autres pensent qu’il faut à tout prix éviter le repli sur soi. Certains mettent des conditions pointues aux échanges entre membres de SEL différents, d’autres n’en mettent aucune.
On a imaginé aussi se réunir autour d’une charte qui définirait "l’esprit du SEL" », stipulant l’interdiction de tout prosélytisme ou autre utilisation du SEL pour satisfaire des intérêts personnels.
Souvent, une unité d’échange permettant de mesurer les échanges entre adhérents est déterminée : « grain » de SEL, pétale, noix, flocon, sous-rire, etc...
La gestion humaine et pratique de ce type d’échanges est très variée et tout à fait expérimentale. Quel que soit le système choisi, les adhérents s’accordent à penser que le nombre d’unités n’est que la mémoire de l’échange, pas sa valeur et que le lien est bien plus important que le bien.
C’est bien beau votre truc mais, CONCRETEMENT ?
D’emblée, les questions affluent : comment différencier un débutant d’un professionnel, une tâche aisée d’un travail épuisant, comment évaluer ta guitare d’occasion,...? Les buts et les moyens du SEL, même s’ils ne sont pas définis de la même manière par tous, présentent néanmoins un "air de famille".
Les membres, après avoir établi une certaine unité de gestion, échangent localement, hors des circuits habituels des transactions privées marchandes, des services, des savoirs et/ou des biens de nature diverse.
Le SEL met en contact les demandeurs et les offrants Il peut aussi gérer un système de comptes personnels en unités de mesure interne, fournir un échange d’informations, enregistrer les services négociés entre ses adhérents.
Il n’est pas aisé d’éviter les récupérations, les caricatures - c’est utopique, pas réel, pas concret ! - et les interprétations erronées pointant ce qui serait une forme d’avatar de l’ultralibéralisme ou une forme de repli communautaire. De telles accusations, si elles doivent être écoutées, ne doivent cependant pas occulter les nombreuses expériences concluantes, qui ont d’ores et déjà créé un véritable réseau de solidarité entre des gens complètement différents par l’âge, la formation, le milieu social, les expériences, etc.
Nicolas Zurstrassen
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