Puisque personne ne travaille à ta place, ne laisse personne décider à ta place !

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La Convention Collective 66 est en renégociation depuis plusieurs mois : ce sont nos acquis sociaux que l’on met à la casse, associée à une nouvelle attaque de taille dans le travail social. Les premières conventions collectives sont apparues dans les années 1890, en lien avec plusieurs avancées pour les salariés comme, la création de l’Inspection du Travail, la première limitation de la journée de travail à 10h pour les enfants, 11h pour les femmes, 12h pour les hommes, la loi sur les accidents du travail. Elles sont généralisées en 1936, avec également le vote d’une loi sur les congés payés, les 40h, la création des délégués du personnel. Les Conventions Collectives sont créées pour favoriser de meilleurs dispositifs aux travailleurs que celles prévues par les lois et règlements en vigueur et par le Code du Travail.

La renégociation de la Convention 66 introduit les principes classiques du capitalisme au sein des structures éducatives et sociales : elle mettra les salariés en concurrence entre eux, au sein d’une même association ou structure, avec la mise en place d’un salaire au mérite, à savoir le partage d’une prime entre les salariés « les plus méritants » au sein de la même structure. Comment peut-on avec cette organisation salariale faire valoir un travail cohérent en équipe pluridisciplinaire ? À travail égal, le salaire doit être égal !

Elle fera baisser le coût du travail en fixant la masse salariale (gel des salaires, peu de remplacements des départs en retraite) alors que les besoins sont grandissants.

La nouvelle Convention prévoit aussi que les associations devant justifier une activité quantitative, créeront des normes de productivité sous le couvert de référentiels, à savoir un outillage proposé par les organisations patronales : la réforme des classifications se fera autour de 3 filières : service direct à la personne/Gestion, administration, maintenance, production/commercialisation des biens et des services.

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Les renégociations prévoient à terme la suppression des congés trimestriels (acquis lié à la pénibilité du travail) et le service minimum en cas de grève. Cette nouvelle réforme de la CCNT de 1966 était prévisible dans un contexte comme celui que nous vivons aujourd’hui et participe d’une volonté de traiter le secteur social à l’identique du secteur marchand, afin qu’il soit rentable.
Le champ social a depuis longtemps été délaissé par les pouvoirs publics qui l’ont délégué pour une bonne part au secteur associatif. La raison principale est la suivante : gérer l’activité socio-éducative à moindre coût et conserver une tutelle ferme sur ce secteur.

Moindre coût cela implique, d’une part, de subordonner les actions éducatives et sociales aux subventions qui peuvent être retirées à tout moment si le cahier des charges n’est pas rempli et ce, en dépit des besoins réels des personnes. D’autre part, gérer le champ social comme un secteur productif où l’on doit remplir des objectifs quantitatifs et envisager des investissements qui sont souvent irréalistes et irréalisables.

La dernière loi de décentralisation a confié tout le domaine socio-éducatif aux collectivités territoriales dans la perspective d’une baisse des coûts pour l’État qui s’abritent derrière les critères européens. Cela n’a pas été sans conséquence sur les actions éducatives (baisse ou retrait des subventions induisant des fermetures d’institutions, réduction des moyens en faveur des publics en difficulté, précarisation des salariés) ; sur la formation des professionnels du social (mise en concurrence des établissements de formation et ainsi précarisation des salariés, élaboration d’une nouvelle stratégie d’accès à la formation où il n’est plus question de se former sur son temps de travail mais dans le cadre de ses loisirs...) ; sur la mise en place de procédures ”qualité” et d’évaluation subordonnant les établissements à des critères et des procédures tels qu’ils sont pratiqués dans le secteur productif marchand.
En outre, ces dernières années nous avons été confrontés à une montée en puissance du répressif sur l’éducatif et le soin, les pouvoirs publics considérant comme moins coûteux d’enfermer les plus démunis, les personnes en souffrance psychique, plutôt que de pallier à ce qu’eux-mêmes produisent : la pauvreté.

Nous sommes collectivement responsables de ces reculs parce que nous n’avons pas su installer un rapport de force durable et dynamique obligeant les gouvernements à prendre en compte nos revendications. Des syndicats de salariés ont signé les renégociations des Conventions Collectives 51, Croix Rouge, des centres de lutte contre le Cancer : celles-ci ont servi de cobayes... Pour résumer, les dispositions suivantes sont désormais en place :
- Part du salaire au mérite, avec la mise place de primes individualisées soumis à des critères aberrants : nombre de jours d’arrêts maladie, ponctualité, mobilité, absentéisme, réalisation des objectifs fixés ainsi que selon des critères définis selon un code de bonne conduite si l’on veut toucher sa petite prime !
- Révision du déroulement de carrière.
- Gel des salaires.
- Salaires des nouveaux embauchés moins élevés.

Certains syndicats représentatifs jouent pour leurs propres intérêts en participant avec le patronat à la liquidation des droits sociaux du travail. Depuis la démolition de la sécurité sociale, l’amputation des droits à la retraite, la refonte des conventions collectives et l’instauration d’un nouvel assortiment de pseudo-contrats de travail (CNE et CPE) la logique capitaliste poursuit son travail de sape qui aboutit à terme à la dénaturation et à la destruction du Droit du Travail au profit de la sauvagerie des lois du marché. Seule l’action directe, la mise en débat et la réflexion collective entre les salariés peut créer un rapport de force qui fasse reculer le patronat et le gouvernement !

Les grandes conquêtes sociales ont été obtenues par la lutte et l’engagement. Aujourd’hui face à un individualisme faussement porteur de liberté, nous nous retrouvons souvent seuls, désunis face à nos difficultés, aux reculs sociaux, aux restrictions des libertés publiques. C’est tous ensemble que nous construirons la lutte face à ces attaques.

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