Que viennent y faire la religion et l’idolâtrie ?
Cette idolâtrie m’est apparue lorsque François Schneider est intervenu. Une partie de l’assistance semblait hypnotisée et complètement sous l’emprise de François. On a même eu droit à une espèce de fan club lui demandant de chanter une chanson, ce qu’il s’est empressé de faire avec une partie de l’assistance. Alors que l’on attendait une réflexion-bilan de la décroissance et de la marche on a eu droit à une chanson de colonie de vacances et quelques phrases déjà entendues des dizaines de fois. On peut se demander ce qui s’est réellement passé pendant ce mois de marche pour aboutir à ce piètre résultat. N’y a-t-il point eu de débats, d’échanges d’expériences ?
Cet aspect messianique est renforcé par quelques autres éléments comme l’affiche pour le marche où encore la référence à Jésus pour parler de la non-violence (il parait que c’était ironique mais je ne l’ai pas perçu comme cela du tout !)
Absence de culture politique ?
Il m’a semblé qu’une partie des personnes présentes, notamment les jeunes, était très novice en politique. La marche ne semble par leur avoir apporté cette culture. Pour illustrer cette remarque, que faut-il penser de ces personnes chantant la Marseillaise autour du feu. Même si la version chantée pouvait faire référence à Gainsbourg, et je n’en suis pas sûr (!) cela reste un chant de haine et de guerre. Je m’attendais beaucoup plus à entendre des chants militants ou, au pire, simplement festifs !
Structure pyramidale.
Finalement le plus choquant dans l’organisation de la marche est que l’on retrouve une structure pyramidale des responsabilités et du pouvoir. Les décisions sont imposées par les « chefs ». À priori il n’y pas de démocratie directe (les derniers jours de la marche, je n’ai pas vu d’assemblées générales) Les problèmes (alcool, drogue, voiture, heure du lever, ....) ne sont pas discutés en commun. Bref on est très loin de l’autogestion ! La décroissance doit aussi rejeter le modèle hiérarchique du pouvoir et promouvoir un modèle « horizontal » de partage des responsabilités. J’ai même entendu dire par certains que si c’était à refaire l’alcool serait interdit (ça fait peur !)
Et si on commençait par décroître nous même avant de se faire donneurs de leçons ?
Cette marche, dont l’effet principal était, il me semble, symbolique, garde-t-elle un sens quand certaines personnes s’y rendent en voiture ? Notamment certains responsables, comme Paul Aries, qui, dans les médias dominants, attaque l’automobile, et ce jour là l’utilise ? Je suis le premier à reconnaître que l’on ne peut être décroissant dans tous les domaines, que chacun doit chercher où être décroissant là où cela lui semble possible , et donc que l’on progresse par étapes, mais le jour d’une action symbolique cela détruit totalement le sens de l’événement !
Objectif seulement médiatique ?
J’ai l’impression que, finalement, le seul objectif de cette marche était médiatique. En effet, aucune action d’envergure vers le grand prix de formule 1 n’était envisagée. Seul François Schneider est allé symboliquement devant le circuit, toujours avec son âne Jujube. Je suis donc sorti très frustré de cette journée du dimanche.
De même, l’intérêt culturel ou pédagogique (appelez ça comme vous voulez) m’échappe totalement. J’ai assisté à la conférence du départ, à celle du samedi soir et aux prises de paroles le dimanche devant la mairie de Magny-Cours. Trois fois les mêmes discours ou presque, très superficiels, bref rien de nouveau. Soit je suis au courant de tout ce qu’il faut savoir sur la décroissance, soit il y a un problème !
Avenir...
Cette idée de décroissance continue de me paraître fondamentale mais elle ne doit pas mettre de côté d’autres luttes (sociales, féministes, anti-autoritaires, anti-cléricales...) Il faut donc être vigilant à ces dérives, se débarrasser de cette image messianique (rendre la liberté à l’âne Jujube et le renvoyer à sa prairie) si l’on veut que cette idée reste crédible.
Laurent
membre de l’association « Pour une ville sans voitures ».
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