Tabac, coca, quinquina, cacao, gaïac, peyotl, poisons, abortifs… De 1492 au milieu du XVIIIe siècle, les Européens s’approprient en Amérique d’innombrables plantes médicinales. Au moyen d’expéditions scientifiques et d’interrogatoires, ils collectent le savoir des Indiens ou des esclaves pour marchander des drogues, et élaborent avec elles les premières politiques de santé. Dans le même temps, inquisiteurs et missionnaires interdisent l’usage rituel de certaines plantes et se confrontent aux résistances des guérisseurs. Botanique, fraudes et sorcellerie : entre les forêts américaines et les cours du Vieux Monde, ce livre raconte l’expansion européenne comme une colonisation du savoir.
Entrée libre
En 1492, c’est de l’or mais aussi des épices, donc des plantes médicinales, que va chercher Colomb aux « Indes ». Et, de même, c’est d’abord comme des plantes médicinales que le tabac ou le cacao ont envahi les habitudes de consommation européennes et organisé l’économie de plantation coloniale. Au XVIe siècle, ces substances qui soignent revêtent aussi un enjeu politique central, lorsque les Espagnols doivent affronter la mortalité des Indiens qu’ils font travailler et qu’ils espèrent évangéliser. Rien d’étonnant, alors, que la première expédition scientifique de l’histoire, celle du docteur Francisco Hernández en 1570, ait pour objectif d’inventorier la pharmacopée amérindienne.
Grand commerce des drogues, exploitation des ressources naturelles, biopiraterie, questionnaire, chasse aux connaissances… La colonisation du savoir remonte aux sources de toutes ces histoires. En suivant notamment la trajectoire du quinquina, cet antimalarique que Tintin utilise encore au Congo, le livre montre comment l’appropriation du savoir médical venu d’Amérique a fait naître la médecine des principes actifs que nous connaissons, et l’expropriation de la nature que nous subissons chaque jour.
Mais ce livre montre aussi, dans chacune de ses pages, que les choses auraient pu être autrement. Qu’il existe d’autres façons de connaître, de se soigner, d’entrer en relation avec le monde, que les sciences officielles n’ont pu s’approprier entièrement, détruire définitivement
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