Le samedi 15 juillet, le GUD (groupuscule d’extrême-droite) prévoyait de manifester de la place Carnot à la place des Jacobins pour réclamer l’ouverture d’un lieu discriminatoire et raciste.
Une volonté pour le GUD d’avoir un local pérenne en centre-ville
Officiellement, ce lieu situé rue du port du temple dans le 2e arrondissement, devait servir à loger des personnes « françaises » (comprendre « personnes blanches ») dans le besoin, et soit disant laissées pour compte par les associations au profit des migrant-e-s.
Officieusement, ce lieu devait pallier aux difficultés de l’actuel local du GUD (situé au 43 rue des Farges) et servir de lieu d’habitation, de formation et d’entraînement au combat de militants d’extrême-droite.
Ne jamais laisser la rue à l’extrême-droite
Ne pouvant laisser une marche clairement raciste se dérouler, nous avons, avec le Collectif Vigilance contre l’extrême-droite, proposé un minimum de riposte à partir du jeudi 13 juillet.
Nous ne pouvions, vu la période et le peu de personnes présentes sur Lyon, poser un contre-rassemblement.
Nous avons donc :
– tracté 2000 tracts le jeudi 13 juillet aux abords de la place Carnot
– invité les personnes qui le souhaitaient à faire part à la Préfecture et à la Ville de Lyon de leur intention de ne pas laisser des militants néo-nazis parader dans le centre ville
Cette mobilisation a plutôt bien fonctionné puisque dans la soirée du 13 juillet, nous apprenions l’interdiction de la manifestation officielle du GUD. Bien évidemment, nous n’attendions rien des autorités mais ce type de mobilisation permet d’inclure tout type de personnes (des militant-e-s aux habitant-e-s des quartiers concernés).
Une Préfecture égale à elle-même
Mais, comme d’habitude, plutôt que d’interdire une manifestation raciste organisée par un groupuscule se réclamant du néo-fascisme, la Préfecture a continué de prendre la position tenue depuis presque 10 ans : la seule raison qui l’a poussée à se positionner a été « les troubles à l’ordre public pouvant venir des fachos et de militant-e-s d’extrême-gauche »...
Cette position tenue également par la Ville de Lyon sur la même période met pourtant en lien deux conceptions de la société radicalement opposées.
Des autorités laissant faire un « coup médiatique prévisible »
Comme cela était prévisible, le GUD n’allait pas faire venir ses militants d’autres villes pour rien.
Ils ont tenté le 15 juillet de réoccuper le bâtiment dont il avait déjà été exclu 2 fois par décision de justice ; et ils ont pu parader jusqu’au Vieux-Lyon sans être aucunement inquiété par les forces de l’ordre...
Comme nous avons pu le voir sur une vidéo, à Lyon, certains arboraient un t-shirt orné de la « Totenkopf » (tête de mort), insigne SS de divisions gérant les camps de concentrations.
Ils ont pu ensuite tranquillement organiser le concert d’un groupe de « rock identitaire français » (comprendre identité = couleur blanche) dans une salle louée au 3 rue Saint Georges (le propriétaire n’était pas au courant du caractère politique de la soirée - salle louée pour un anniversaire).
Reste à savoir maintenant si cette action et cette volonté affichée d’ouvrir un lieu se basant sur une optique sociale-nationale est une nouvelle stratégie pour le GUD (plutôt habitué à cogner dans la rue tout ce qui ne ressemble pas à son idéal) ; ou alors juste un coup médiatique servant à faire parler de lui, à recruter dans les autres groupuscules et à fédérer ses militants.
Des logements vacants pour toutes et tous
S’il y a bien une chose que ne combat pas le GUD et l’extrême-droite en général, c’est bien le scandale des centaines de milliers de logements vides en France !
Ces logements pourraient accueillir les personnes vivant à la rue qu’ils viennent d’un autre pays ou pas et quelle que soit la raison de leur venue en France.
L’occupation de ces logements serait de plus bénéfique pour les locataires puisque cela favoriserait la baisse généralisée des loyers.
Enfin, il semble important de revenir sur la situation dramatique actuelle des migrant-e-s en France et particulièrement à Lyon. Le mensonge du GUD et de ses sbires de faire croire que les SDF sont défavorisés face aux migrant-e-s pourrait faire sourire si actuellement, les campements précaires ne se multipliaient sur l’agglomération.
Nous appelons durant l’été à la vigilance et à la solidarité pour ces personnes à la rue, sans eau, sous un soleil de plomb... Les collectifs de solidarité concrète qui se montent comme celui de l’esplanade Nelson Mandela laissent espérer des jours meilleurs : n’hésitez pas à les soutenir et à en créer près de chez vous !
Une riposte unitaire à reconstruire
Face à la montée en puissance des groupes prônant la haine de l’autre et la violence, il devient indispensable d’envisager une riposte d’envergure.
L’antifascisme républicain a depuis longtemps montré ses limites mais l’entre-soi militant ne pourra pas à lui seul contrer l’idéologie raciste de ces groupes.
Lutter contre l’extrême droite fasciste c’est aussi lutter pour le droit au logement, pour l’accueil des migrant-e-s, contre le racisme ordinaire et d’état. Le terrain idéologique est à gagner également.
Il est grand temps de réfléchir à une stratégie de riposte global et populaire : elle doit venir des syndicats, des collectifs de luttes, des associations et des organisations politiques qui ont une réelle implication dans la lutte antifasciste.
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