Ce vendredi 24 août, Sarkozy reçoit à l’Élysée les membres de la commission chargée d’élaborer le futur « livre blanc de la défense ». Travaux qui doivent être achevés d’ici mars 2008 et servir de base à l’élaboration de la prochaine loi de programmation militaire couvrant les années 2009-2013.
Alors que sur la scène internationale, la France se veut à la pointe du combat pour la non-prolifération nucléaire, la maîtrise des armements et le contrôle des exportations sensibles, la logique qui préside à l’installation de cette commission s’inscrit dans la continuité d’une politique qui vise au renforcement du potentiel militaire de la France.
« La politique dite de défense et de sécurité reste avant tout l’expression de la puissance militaire de la France et non le développement d’une politique de paix durable », souligne Patrice Bouveret, président de l’Observatoire des armements/CDRPC.
« Nous sommes loin de la mise en place d’un “Grenelle de la défense et de la sécurité” auquel seraient conviés des spécialistes et des représentants de la société civile. »
Il est temps de s’interroger sur les outils de notre sécurité pour favoriser une véritable paix durable reposant sur la solidarité au niveau national comme international et le respect des équilibres qu’ils soient humains, environnementaux, énergétiques...
Au regard de la composition de cette commission de 35 membres, présidée par l’ancien secrétaire général de la défense nationale M. Mallet, il est étonnant de voir au titre de « personnalités qualifiées » un certain nombre de personnes qui devraient figurer dans le quota du ministère de la défense. Quota déjà fort conséquent puisqu’il représente la moitié des membres « au titre des administrations », alors que, par exemple, le ministère des affaires étrangères et européennes ne dispose en tout et pour tout que d’un seul représentant ! Aucun représentant de la « Direction générale de la coopération internationale et du développement », de la « Direction des affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement », de la « Direction des Nations unies », ou encore de la « Direction de la coopération militaire et défense » ne sont membres de cette Commission.
Ne fait-on pas confiance à l’ancien fondateur d’ONG devenu ministre des affaires étrangères ?
Pour M. Sarkozy, la politique de défense et la paix sont-elles deux domaines distincts sans aucun lien ? ?
De plus, alors que l’heure serait à l’ouverture tout azimut, plus surprenante encore est l’absence de représentants d’organismes s’interrogeant sur la pertinence de l’actuelle politique militaire de la France… En effet, les « personnalités qualifiées » présentent plus un profil favorable au renforcement de la politique actuelle, notamment au niveau de l’armement nucléaire, qu’à son questionnement.
Certes la Commission « peut entendre ou consulter toute personne de son choix », mais la présence de spécialistes par exemple des questions de ressources énergétiques ou de l’eau, des relations Nord-Sud, des migrations, du développement, du désarmement, aurait été un gage d’ouverture d’un véritable débat « pour prendre en compte l’ensemble de ces paramètres dans une démarche cohérente » comme le souligne la lettre de mission et permettre une véritable « analyse des nouvelles données du contexte international, économique et stratégique, l’évolution des risques et menaces potentielles ».
« Non, nous sommes loin du développement d’une politique cohérente et de l’engagement de la France au sein des Nations unies par sa signature des différents traités comme le TNP (traité de non-prolifération nucléaire), le TICE (traité d’interdiction des essais nucléaires) et de sa participation aux débats pour un futur traité international sur le commerce des armes ou pour l’interdiction des sous-munitions. »
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