En quelques décennies à peine, le nucléaire a montré de quoi il était capable, depuis les victimes d’Hiroshima jusqu’aux catastrophes du nucléaire civil reconnues (Tchernobyl, Three Mile Island…), occultées (Windscale, Kychtym [1]) ou évitées de justesse (Forsmark [2]). Aujourd’hui, le nucléaire civil semble avoir le vent en poupe chez les gestionnaires capitalistes. Des projets grandioses, dont la réalisation dépendra de la possibilité des investissements financiers et des garanties des Etats, sont donc élaborés, comme l’EPR à Flamanville (réacteur civil français dit de troisième génération) ou bien encore ITER à Cadarache (projet international de réacteur à fusion nucléaire). Dans le domaine militaire, on assiste plutôt au développement d’armes miniaturisées pouvant être utilisées contre des populations aux quatre coins du monde, dans le cadre de « guerres préventives » et « d’opérations de police mondiale », bien que la possession de bombes classiques demeure l’un des objectifs des Etats et que les stocks de matières nucléaires constituent de réels dangers.
Les gourous de l’atome prétextent de la crise des énergies fossiles et poussent à la roue pour la reprise du nucléaire. La lutte contre les gaz à effet de serre devient leur alibi au motif que le réacteur nucléaire n’en dégage pas, oubliant au passage toutes les étapes de la construction et du fonctionnement des installations nucléaires, celles de l’extraction de l’uranium au Niger ou en Australie à son utilisation dans les réacteurs, et la pollution thermique par les rejets gazeux et aqueux. Si la société capitaliste n’a jamais eu autant besoin d’énergie pour faire fonctionner ses usines, ses banques, ses réseaux de transport et de communication, ses armées et leurs engins de mort, sur terre, sur mer et même dans l’espace, il ne faut pas oublier que l’énergie électrique ne représente que 5 à 6 % de l’énergie primaire mondiale et que le nucléaire n’en est encore qu’une infime partie (16%).
Aux causes de désastres propres à toutes les formes d’industrialisation, l’industrie nucléaire ajoute la radioactivité artificielle qui peut parfois s’étendre sur des millénaires. Les nucléocrates le savent et c’est pourquoi, loin de nier comme autrefois tous les dangers liés au nucléaire, ils comptent désormais préparer les populations à apprendre à survivre en milieu contaminé. Le risque nucléaire étant la chose la plus partagée, il doit maintenant être le mieux accepté : tout irradié potentiel doit donc devenir le complice de sa propre irradiation et de celle des autres, encadré par les uniformes kakis et les blouses blanches avec, pour seul horizon, les rangées de cercueils de plomb, pour que continue à fonctionner le monde tel qu’il est, où le citoyen culpabilisé devient acteur de sa soumission.
En restant sur le terrain des alternatives sans remettre en cause la boulimie énergétique actuelle, par exemple en proposant de remplacer l’atome par l’éolien comme énergie renouvelable [3], les écologistes d’Etat jouent le rôle de tartuffes et d’administrateurs de nos vies irradiées, toujours à la place que l’Etat leur assigne. D’où les tractations, les compromis, les promesses destinées à ne pas être tenues et les jeux de lobbying, qui culminent en période électorale. Pour le PS, il faut faire oublier le programme de 1981, son moratoire sur la construction des centrales nucléaires, et « Soeur Sourire » préconise « une extinction des centrales anciennes et les plus dangereuses ». Par son porte-parole, virée de la manif de Cherbourg, les Verts français, sur la trace de leurs homologues allemands, s’engagent pour une « sortie sur 30 ans » ! Quant au PC, fidèle à sa défense inconditionnelle mais intéressée des technocrates et syndicalistes de la CGT d’EDF et du CEA, il exige un « nucléaire sécurisé et durable » ! Tout regroupement antinucléaire conséquent devrait avoir en mémoire la défaite du mouvement à la fin des années 70 et au début des années 80 due à la stratégie électorale prédominante, à une critique insuffisante et marginale de la « société de consommation ».
L’exigence d’arrêt immédiat du nucléaire ne relève pas pour nous de la surenchère. Elle implique la rupture avec les logiques capitalistes et étatiques. Cette perspective autonome est difficile et incertaine et sa réalisation ne dépend pas que de nous. Mais nous avons la volonté d’y contribuer, pour vivre libres, debout, et non à genoux avec des épées de Damoclès au-dessus de nos têtes.
Coordination Contre la Société Nucléaire
Stop-Nucléaire Lyon c/o Librairie la Gryffe 5, rue S. Gryphe F-69007 Lyon
Ni EPR (European Pressurized Reactor),
Ni THT (ligne à Très Haute Tension),
Ni ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor),
Arrêt immédiat du nucléaire !
Journée de manifestations samedi 17 mars 2007
à Toulouse, Rennes, Lille, Strasbourg et Lyon
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