Pour la première fois en France depuis la seconde guerre mondiale, des
enfants juifs ont été assassinés froidement, parce qu’ils étaient juifs. Ce n’est cependant pas la première tentative de ce genre, puisqu’en 1995 une bombe faisait 14 blessés devant une école juive à Villeurbanne.
Cet attentat antisémite aurait pu être perpétré par un néo-nazi ; son auteur se revendique d’Al Qaida. La nature de cet attentat montre la profonde parenté idéologique entre le fascisme historique, dans sa version nationale-socialiste, et l’intégrisme et le fanatisme religieux. Si le premier met en avant la nation comme mythe unificateur et le second la communauté religieuse, les deux substituent à la lutte de classe la haine raciste.
Dans un contexte de crise capitaliste, le fascisme et le racisme se développent sous ces deux formes, y compris au sein des minorités nationales. Cela, avec l’assentiment déclaré ou tacite des classes dirigeantes, qui font mine de condamner les conséquences tout en opposant systématiquement les minorités nationales entre elles dans un discours de l’autre "étranger" et du bouc-émissaire.
Nous condamnons sans réserve le massacre d’enfants et d’un enseignant d’une école confessionnelle juive. Pour nous, il relève du racisme. Comment en effet appeler autrement le fait de faire d’un groupe (les juifs) des ennemis par essence.
L’assassinat des militaires, qu’ils s’agisse d’une perception raciste - trahison d’une prétendue communauté ethnique ou religieuse - ou d’une version fantasmée de l’anti-impérialisme, s’inscrit dans la même logique fasciste et raciste.
D’où qu’ils viennent, nous avons toujours combattu le racisme, l’antisémitisme, le fascisme (nationaliste ou religieux) et les logiques identitaires. Nous mettons en avant un antifascisme de lutte de classe, comme réponse au développement du fascisme, du racisme et de l’antisémitisme.
Hypocrisie de l’Etat, de la classe politique
Alors que la piste des militaires néo-nazis n’était pas écartée, l’Etat a condamné les attentats tout en évacuant à priori toute dimension politique en psychiatrisant leur auteur. Cela afin de prévenir toute mise en cause de ses responsabilités dans l’explosion raciste si la piste se confirmait.
Puis, lorsque la piste du fanatisme religieux a été établie, la classe politique s’est alors répandue en considérations sur le « terrorisme islamiste », tout en appelant à « éviter les amalgames ». Le fait que les victimes militaires appartenaient à des minorités nationales rendait impossible une exploitation ouvertement raciste des attentats. Cela explique l’hypocrisie du pouvoir qui a cherché avant tout à décliner toute responsabilité idéologique dans ces attentats, alors qu’il s’est fait le chantre du « choc des civilisations ».
Pour nous, le fait que l’auteur soit un fanatique religieux au lieu d’un néo-nazi ne change rien sur le fond aux causes de cette explosion de haine raciste. Ni à notre condamnation et à la réaffirmation de la nécessité d’un antifascisme populaire et révolutionnaire, au sein des minorités nationales comme de la « majorité nationale ».
Par contre, il est évident que les conséquences politiques seront différentes, du fait de la structure raciste de notre société, qui nie l’existence de tendances politiques différentes aux minorités nationales, fantasmées en communautés ethniques et politiques. Le massacre d’Oslo l’été dernier nous le rappelle, les massacres fascistes et racistes ne sont pas l’apanage d’une « communauté ».
Comme les attentats ont été commis par un "fasciste religieux", la remise en cause des dérives fascisantes de la société n’aura pas réellement eu lieu. C’est au contraire l’islamophobie qui a retrouvé une nouvelle vigueur, particulièrement délirante du côté du FN ou des identitaires qui n’ont d’autres buts que de faire ressortir un prétendu conflit de civilisation et justifier leur rejet de l’immigration. Ces discours sont plus ou moins mollement condamnés par les partis gouvernementaux, qui pourtant les banalisent, des plateaux télé aux plus haut sommets de l’État.
Ce drame a été clairement utilisé à des fins électoralistes. La prétendue « pause » électorale n’a été qu’un des épisode du spectacle.
Il a permis de renforcer les gros candidats, de leur donner une posture de sérénité au milieu de la tempête. Depuis, le curseur est mis sur les questions sécuritaires alors même que la guerre de classes, sous les bons auspices d’une prétendue crise, ne cesse de faire des ravages.
Face au capitalisme et à l’état
Pas de guerres entre les peuples, pas de paix entre les classes.
Groupe de Lyon - Coordination des Groupes Anarchistes
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