Lettre ouverte à mon député.
Vous allez vous prononcer dans quelques jours à l’assemblée nationale sur la loi de l’immigration. Alors que la France n’est plus un pays d’immigration massive, pourquoi un tel empressement sur une nouvelle loi ? N’avons-nous pas dans ce pays à traiter de problèmes autrement plus urgents et profonds concernant la société française ?
Vous savez tout comme moi, comme nous, Monsieur le Député que les émigrés en France ne représentent pas un problème d’ordre public. Tout comme vous savez, je suis certaine, que cette loi par contre entraînera ceux qui sont en situation régulière aux portes de la clandestinité parce que justement ses dispositifs rendront la vie de plus en plus difficile aux émigrés de ce pays et de facto la clandestinité augmentera. L’éradication de l’immigration est irrationnelle, aucune loi n’empêchera les femmes et les hommes de migrer et nous le savons tous.
Par la force des choses, les mariages « pour papiers » s’accélèreront puisque cela deviendra quasiment le seul moyen de rester ou devenir « légal ». Cette loi monsieur le Député ne peut que générer abus, exclusions, violences, ségrégations, augmentations de conflits et j’en passe. Elle est néfaste pour notre présent et notre avenir, ne règle rien ou plutôt dérègle tout, masque les vrais problèmes de ce pays et divise outrancièrement à nouveau les citoyens.
Qui de nous peut prétendre choisir entre untel et un autre ? L’émigration nous en avons et en aurons toujours besoin, interrogeons sur ce sujet... les BTP, la restauration, l’hôtellerie, l’agriculture... pour savoir que ce sont les émigrés qui occupent ces emplois. Non pas parce qu’ils prennent la place des nationaux mais parce qu’ils répondent à la demande réelle. Nous savons aussi qu’ils participent à l’augmentation de la production et de la consommation de ce pays.
L’Organisation Internationale pour les Migrations stipule dans ses études menées en 2004 que les émigrés apportent stabilité et développement économique tant à leur pays qu’aux pays d’accueil.
Citoyenne de ce pays, fille d’émigrés, je demande un dialogue sincère avec les représentants et non pas une politique basée sur la division et l’exclusion alimentant la montée du racisme et les pratiques discriminatoires.
La France ne peut pas trahir ses valeurs. Les droits de l’Homme inscrits en préambule dans la constitution française nous rappellent à la raison. Nous ne laisserons pas faire çà.
Malika Bekhti
Ferney-Voltaire, le 11 mai 2006.
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