Un article de Libération du 15 avril nous apprend qu’alors qu’une pandémie fait rage et que les moyens pour l’Hôpital public sont toujours largement insuffisants, que le ministère de l’Intérieur fait la plus grosse commande de drones de son histoire : « L’appel d’offres du ministère fixe un accord-cadre d’un montant total estimé à près de 4 millions d’euros ». Cela marque une nouvelle étape dans la mise en place d’une politique d’utilisation du drone dans une optique de contrôle et de surveillance à plus grande échelle.
L’article détaille de plus les types de drones commandés, mais aussi le vocabulaire utilisé pour décrire ces machines. Et c’est là que ça commence à faire froid dans le dos. La commande publique parle explicitement de « micro-drones du quotidien » , la banalisation de l’utilisation de ces drones est ainsi plus que claire. Il n’est plus question de phase de test ou de drone à usage spécifique (militaire, contrôle de foule, antiterrorisme) mais de les incorporer comme un outil comme un autre dans la déjà beaucoup trop vaste panoplie d’armes de la police. De plus, si les drones de taille classique, entre 1 et 8 kilos, sont le gros de la commande, elle précise aussi qu’elle vise à acquérir des drones de très petites tailles pour une surveillance extrêmement discrète : « Le troisième lot concerne une vingtaine de « nano-drones spécialisés », pour un prix hors TVA de 175 000 euros. Ils doivent peser moins de 50 grammes, avoir vingt-cinq minutes minimum d’autonomie et transmettre leurs images à 2 kilomètres minimum. ». Cinquante grammes, cela représente une demi-pomme de terre de taille moyenne, autant vous dire que ce genre de drone pourra suivre un individu à quelques dizaines de mètre de distance, dans le ciel, sans être repérable.
L’épidémie du Covid-19 et le confinement est un test grandeur nature pour une politique qui était en préparation depuis des années. Déjà, lors de l’Acte XXXXIV (44) des Gilets Jaunes à Lyon le 14 septembre 2019 (Lire ou relire le suivi et le compte rendu de la manifestation : Retour sur l’Acte 44 à Lyon : Sur-présence policière et répression ; Acte XXXXIV des Gilets Jaunes : Manifestation nationale à Lyon), un drone avait été testé lors d’une démonstration de force où tous les moyens classiques (hélicoptère, CRS, GM, BAC, gaz, etc) et nouveaux (drone, caméra GoPro, etc) avaient été déployés de manière conjointe par les forces de police. Avec le confinement, la rhétorique de lutte contre les casseurs s’est transformée en Doxa hygiéniste ou "l’urgence sanitaire" devient l’argument béton pour accélérer les réformes liberticides. L’utilisation de drones, encore réduite à des cas très précis, s’est ainsi installée dans nos rues comme si de rien n’était, se banalisant dans l’espace public.
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