Nouvelles de la mobilisation à l’ENS Lyon

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Lyon, le 8 mars 2009

Chers et chères collègues,
Il nous paraît important de vous apporter quelques
éclaircissements sur le mouvement de mobilisation de
l’ENS-LSH, auquel nous participons depuis maintenant
cinq semaines et dont vous avez peut-être des échos par
vos anciens élèves.

Les étudiants, le personnel technique et administratif
et les enseignants-chercheurs de l’Ecole ont répondu
massivement, dès le 2 février, à l’appel « L’Université
s’arrête », lancé par « Sauvons l’Université », pour
refuser un ensemble de réformes que notre ministère
prétendait imposer sans négociations.

Parmi ces réformes, la presse n’a souvent retenu que la
question du statut des enseignants-chercheurs,
oblitérant par là les autres mesures. Celles-ci forment
pourtant un ensemble cohérent obéissant à la même
logique de sape de la recherche et de l’enseignement
publics, qui s’applique de la maternelle à l’université,
et de précarisation des personnels à tous les niveaux et
dans tous les secteurs du service public.

La dernière assemblée générale (lundi 2 mars) a voté à
l’unanimité la motion suivante :

« Les étudiants, personnels, enseignants et chercheurs de l’ENS LSH,
réunis en Assemblée Générale, manifestent leur exaspération et leur
colère vis-à-vis des pseudo-réponses du gouvernement aux
revendications portées par tous les acteurs de l’Université :
nouvelles régressions sur la question des concours et de la
formation des enseignants du second degré, aucune avancée réelle sur
le statut des enseignants-chercheurs, silence absolu sur le contrat
doctoral unique, les suppressions de postes et le démantèlement des
organismes de recherche publics. Ils s’élèvent également contre
l’externalisation des tâches et la suppression des postes de
BIATOSS. Ils remettent en cause toutes ces évolutions induites par
la LRU dont ils demandent l’abrogation. Enfin, ils condamnent les
récentes provocations de Valérie Pécresse et de Xavier Darcos.

Les étudiants, personnels, enseignants et chercheurs de
l’ENS LSH appellent donc, plus que jamais, à poursuivre
le mouvement jusqu’à la satisfaction des revendications.
Ils appellent le monde de l’enseignement supérieur,
ainsi que l’ensemble des acteurs de l’Education
Nationale, à manifester en nombre à l’occasion de la
journée d’action nationale du 5 mars ».

Parmi les revendications énoncées dans ce document, un
certain nombre concernent directement l’avenir des
futurs enseignants et chercheurs que nous contribuons,
vous et nous, à former. La modification de la formation
et du recrutement des enseignants du premier et second
degré désignée par la formule « mastérisation des
concours » prévoit une limitation de la part des savoirs
disciplinaires dans la préparation au concours, la
suppression pour les reçus de l’année de stage en
alternance comme fonctionnaires-stagiaires, le risque à
terme que la réussite au concours ne débouche pas sur
l’obtention d’un poste (sur le modèle de la fonction
publique territoriale) – une hypothèse qui est d’ores et
déjà en préparation au ministère. Quant aux doctorants
allocataires, le « contrat doctoral unique » leur
donnera le statut d’employés de l’université, qui pourra
à tout moment résilier leur contrat ou alourdir leur
charge de cours. Le système dans sa globalité étend et
aggrave la précarité et la déqualification qui touchent
désormais les métiers d’enseignant,
d’enseignant-chercheur et de chercheur, dégradant les
conditions de l’élaboration et de la transmission des
savoirs, ainsi que les bases de l’éducation dans une
société qui a plus que jamais besoin d’un enseignement
et d’une recherche de qualité.

Notre participation à l’action inter-universitaire
s’articule à d’autres types d’interventions plus
spécifiques, destinés à renforcer le mouvement et à
sensibiliser le public à ses enjeux. Signalons par
exemple l’organisation à l’extérieur de l’Ecole de
nombreux cours « hors les murs », de projections et
d’ateliers de réflexion ouverts à tous, sur la nature et
les enjeux des réformes et du discours qui les soutient,
ou encore sur le sens et l’utilité de nos pratiques
d’enseignants et de chercheurs. Cet ensemble
d’interventions illustre un mot d’ordre qui nous tient à
cœur et donne toute sa valeur de résistance à la grève
des enseignements : « L’université s’arrête, pas le
savoir critique ! ».

Dans le contexte actuel, où les négociations ouvertes par le
ministère laissent délibérément de côté une part essentielle de nos
revendications, la manifestation de votre soutien aurait une
signification tout à fait décisive et traduirait concrètement la
solidarité des missions qui sont les nôtres.

La journée d’action et de manifestations du 11 mars se prête
particulièrement à l’affirmation de cette solidarité, puisqu’elle
doit réunir les enseignants et les divers acteurs de la vie scolaire
et universitaire de la maternelle à l’université.

Dans l’espoir de vous voir à nos côtés pour cette nouvelle
mobilisation, nous vous adressons, chers et chères collègues, notre
salut le plus cordial.

Les enseignants-chercheurs et chercheurs du Comité de mobilisation,

dont, parmi d’autres (toutes les signatures n’ont pas pu être
recueillies) :
Sarah Al-Matary, Raphaële Andrault, Pascale Barthélémy, Marie
Bizais, Ronan de Calan, Lucie Chataigne, Romain Descendre, François Dumasy, Stéphane Frioux, Henri Garric, Jean-Marie Gleize, Florence Jaillet, Michel Jourde, Delphine Kolesnik, Florence Lotterie, Pierre Merklé, Pierre-François Moreau,
Igor Moullier, Anne Pellois, Emmanuel Renault, Michèle Rosellini,
Anne Sauvagnargues, Fabienne Tanon, Cécile Van den Avenne, Noura
Wedell, David Wittmann, Jean-Claude Zancarini

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