Ce samedi 9 février 2008 avait lieu à la prison appelée E.P.M (Établissement Pénitentiaires pour Mineurs) de Meyzieu, situé à une dizaine de kilomètres de Lyon, une manifestation en hommage à Julien décédé il y a tout juste une semaine, le samedi 2 février.
Ce jeune de 16 ans avait été incarcéré le 17 décembre pour un mois, pour des incidents sans grande importance. Accablé, il avait mis le feu à sa cellule. Après cet appel au secours inaudible, la juge avait décidé de le placer en réclusion pour dégradations. Il n’a pas pu résister et a mis fin à ses jours.
De nombreuses personnes se sont déplacées, de toute l’agglomération lyonnaise, mais aussi de la grande région, de Dijon, Grenoble, St-Etienne, Valence, Montélimar... afin de dénoncer ces lieux barbares où sont enfermés des mineurs âgés de 13 à 18 ans.
Venu de Montélimar, Alain Fort, avocat du père de Julien, a redit qu’il n’aurait jamais du être emprisonné. Julien aurait accepté sans mal de faire des travaux d’intérêt général. Mais avec cette répression à tout va, veut-on mettre en prison le maximum de jeunes fichés dès la tendre enfance parce que de famille monoparentale, parce que de famille modeste, parce que de parents ou de grands-parents étrangers ? Les éducateurs eux-mêmes disent que les EPM ou prisons pour mineurs à marche forcée ne peuvent en rien avoir un rôle éducatif. Cet enfermement inutile, Julien ne l’a pas supporté.
Après le rassemblement à 15h30 devant la mairie de Meyzieu un cortège s’est formé et a défilé dans les rues de la ville. On pouvait lire sur des banderoles et des pancartes « Prison = machine à détruire », « Vérité cachée, familles méprisées », « Prison assassine » « État coupable » et aussi « E.P.M. Éducation Par la Matraque », « Pas d’enfants en prison »... que l’on pouvait entendre scander par des manifestants déterminés, ainsi que : « Amara, Yade, Dati, caniches de Sarkozy », « Police partout, justice nulle part ! », « Souvenons nous de Julien, qui est mort comme un chien ».
Le défilé est arrivé à quelques centaines de mètres de la prison, dans le quartier du Mathiolan, et a quitté le parcours prévu pour traverser une petite cité populaire, où les résidents sortaient pour voir ce qui se passait, et venaient discuter avec les manifestants. C’est ainsi que l’on a eu confirmation que très souvent des hurlements d’enfants proviennent de l’intérieur de l’EPM. Les habitants, que les autorités ont essayé d’amadouer par des promesses d’aménagement du secteur, d’emplois possibles, et même par l’intermédiaire des enfants par des interventions dans les écoles de Meyzieu, ces habitants sont aujourd’hui très inquiets de tout ce que l’on cache au sein de cette prison. On apprend également que des odeurs d’incendie étaient perceptibles vendredi en fin d’après-midi et que les pompiers sont intervenus à l’intérieur de la prison ce 8 février.
Impossible d’atteindre le grillage de l’établissement, de nombreux CRS ou gendarmes mobiles étaient postés avec leurs matraques à attendre les manifestants. Ce même samedi, au même moment que la manifestation, c’est dire comme le gouvernement se sent mal dans cette histoire de prisons pour mineurs, mais ne veut pas en démordre, la sinistre Rachida Dati, elle-même, s’était déplacée pour prôner comme quoi il y aurait quand même une certaine utilité à ces prisons.
Certains ont pris la parole pour expliquer l’horreur d’enfermer des enfants. Les manifestants ont fait une minute de silence à la mémoire de Julien. Des jeunes, foulards sur le visage, ont essayé de convaincre les CRS de les rejoindre mais sans grande réussite !
Dans une lettre qui a été lue, le père de Julien excuse son absence et celle de toute la famille à cette manifestation car il a dû emmener le corps de Julien pour l’enterrer au Maroc. Il a chaudement remercié les manifestants d’être venus et affirmé qu’il avait porté plainte, car son fils est mort selon lui de façon suspecte, en effet le cou de Julien ne porte aucune marque de strangulation, par contre son corps est plein de traces de brûlures ainsi qu’une main.
Moments intenses
Une mère de famille, en larmes, a pris la parole et a témoigné de façon émouvante que son fils de 14 ans est enfermé dans cette même prison et qu’elle n’a pas pu le voir depuis un mois.
Supprimons les EPM ! Supprimons les prisons pour mineurs !
Photos de Daniel Brunel
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