Après la Corse, bientôt une nouvelle résidence secondaire pour M. Sarkozy en région lyonnaise

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Au niveau national, il y a actuellement 715 places en centre de rétention administrative (CRA) - il y en aura 230 de plus en 2004 et 600 en 2006 (si l’on n’y fait rien...).

À l’échelle de la région lyonnaise, le CRA de l’aéroport St-Exupéry verra ses capacités « d’accueil » doublées d’ici 2004 (de 52 actuellement à 104), soit près d’un quart des places supplémentaires prévues en CRA d’ici 2004.

Ces mesures concrètes s’inscrivent dans le cadre plus large du durcissement des politiques migratoires française (réforme du droit d’asile, révision de l’ordonnance de 1945 sur l’entrée et le séjour des étrangers et des étrangères, homogénéisation de ces politiques au niveau européen), dont Lyon et sa région vont être des lieux d’expérimentation privilégiés.

Nicolas Sarkozy l’a pompeusement annoncé fin septembre 2003 : en plus du doublement de la capacité d’accueil du CRA (août 2003), Lyon sera une « ville-pilote » en matière de politique migratoire - il entend y mettre en place à titre pionnier une plate-forme régionale regroupant la préfecture, l’OFPRA (Office français de protection (sic) des réfugiés et apatrides, qui gère les demandes d’asile conventionnel et qui serait décentralisé pour l’occasion) et « le social » (re-sic). Tout cela sous l’œil bienveillant (bien sûr) d’un nouveau préfet de la politique d’asile nommé par le ministère de l’Intérieur...

Pourtant, la région lyonnaise n’était pas en reste... En 2002, 1 834 étrangers dont 156 femmes et 35 enfants (45 % originaires du Maghreb et 25 % des pays de l’Est) sont passés au CRA. 823 ont subi une « mesure d’éloignement », soit un taux de reconduite de 45 %, quand la moyenne nationale s’élève, au grand dam du ministère, à 17 % - et on ne cesse de nous répéter que Lyon est “à saturation”, en brandissant l’exemple de la place Carnot, où les institutions “compétentes” se montrent incapables, mais encore faudrait-il le vouloir, de loger quelques dizaines de demandeurs-euses d’asile et réfugié-e-s statutaires.

Un bref rappel des chiffres (de l’OFPRA himself) permet de remettre les pendules à l’heure et de souligner l’hypocrisie et la malhonnêteté de cette propagande, abondamment relayée par quelques associations et les médias locaux. En 2002, il y avait 2095 demandeurs-euses d’asile dans le Rhône, soit 4,1 % des 51087 demandeurs-euses d’asile au niveau national. Le Rhône était alors le cinquième département d’accueil, bien loin après Paris (25,5 % des demandes) et la Seine-St-Denis (10 %). Et on veut nous faire croire qu’une ville si riche, de deux millions d’habitant-e-s, n’est pas en capacité de les accueillir... L’idée qui sous-tend le discours sur la saturation de la région est en fait l’aspiration à une répartition plus homogène des demandes d’asile, tant au niveau régional que national. Mais qui veut encore habiter un village au fin fond de la vallée de la Maurienne, ou dans une bourgade - certes pittoresque et non dénuée de charme - de la Creuse ?

Cette propagande s’alimente et alimente les fantasmes xénophobes liés à la peur de l’invasion, la régularisation de 2095 personnes sonnant comme un encouragement au déferlement de « faux » ou « fausses » demandeurs-euses d’asile, comme si la décision de quitter son pays, sa famille, ses ami-e-s, se faisait sans douleur et sans difficultés : on a toujours de bonnes raisons de migrer, ou de demander l’asile dans les quelques pays occidentaux qui étranglent politiquement et économiquement le reste du monde. Toute migration dite « économique » est politique. La fermeture des frontières ne profite qu’aux passeurs et aux entrepreneurs-euses (BTP, maraîchages, etc.) qui ont tant besoin d’une main d’œuvre serviable et corvéable à merci (« illégaux » et « illégales » sans droits ni recours...)
Le racisme d’État a encore de beaux jours devant lui - il ne tient qu’à nous d’y apporter quelques nuages.

Campagne en cours, à suivre...

Collectif lyonnais contre les centres de rétention : poudredescampette at no-log.org

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