Communiqué d’Habitons Mazagran en soutien à l’Espace Communal de la Guillotière

1303 visites

Le collectif Habitons Mazagran dénonce une approche punitive de la Ville de Lyon face au squat d’activités de l’« Espace Communal de la Guillotière » et souhaite l’ouverture d’un dialogue

Le collectif Habitons Mazagran dénonce l’approche punitive de la Ville de Lyon face à l’Espace Communal de la Guillotière, ayant réquisitionné depuis deux mois le bâtiment situé au 45 rue Béchevelin afin d’y loger des personnes en demande d’asile délaissées par les services de la Métropole et d’y organiser des activités solidaires. En effet, le jeudi 6 février 2020, la Ville de Lyon a adopté un arrêté administratif d’interdiction de recevoir du public (norme ERP). Cet arrêté municipal intervient à une semaine du procès du squat, attaqué sous l’angle du squat d’activités, plus facile à débouter qu’un squat d’hébergement vu le manque criant de places d’hébergement d’urgence cet hiver.

Comme déjà publiquement exprimé, le collectif Habitons Mazagran soutient la volonté de l’Espace Communal d’« organiser concrètement la solidarité entre voisin·es du quartier, en dehors des rapports marchands et pour se réapproprier notre quartier ». Nous adhérons à cette intention louable qui peut enrichir la valeur humaine du quartier, et nous saluons un nouvel arrivé sur l’îlot qui jusqu’à présent semble faire ses preuves, annonce ce qu’il dit et fait ce qu’il annonce. Sur la forme, nous pensons que le recours à ce mode d’action, le squat, ne se produirait pas si la Métropole travaillait mieux avec les habitant·es pour réquisitionner, occuper et gérer les espaces vacants, les locaux d’activités et, plus largement, les lieux de vie et de solidarité citoyennes. Lorsque le cadre institutionnel est à la fois très contraint et passif, d’autres manières de faire la ville sont inventées.

La preuve en est qu’après avoir évoqué avec les services de la métropole dès août 2019 la possibilité d’une occupation temporaire du bâtiment à l’angle des rues Salomon Reinach et Béchevelin, appartenant à GrandLyon Habitat, après avoir réitéré cette demande en octobre 2019 puis l’avoir formalisée dans un dossier de 15 pages déposé le 11 décembre 2019, Habitons Mazagran n’a à ce jour toujours pas eu de proposition concrète de la part du propriétaire et de la collectivité pour avancer sur ce projet, ni même pu visiter les lieux. Après l’organisation d’une réunion publique le 12 novembre 2019, Habitons Mazagran avait pourtant fait un vrai travail de synthèse des nombreux besoins qui émanaient des habitant·es et organisations du quartier, et avait soumis un projet qui permettait d’expérimenter par l’action le devenir de l’îlot, en vivant des espaces d’activités, de rencontres, et d’échanges. Doit-on comprendre que rien ne peut bouger par la voie légale ?

Concernant l’arrêté municipal, Habitons Mazagran estime que, même si la Ville peut légitimement s’inquiéter de l’état du bâti, elle devrait adopter une attitude pragmatique d’accompagnement dans un contexte d’urgence sociale, plutôt que de sanction : le squat sera jugé au Tribunal de Grande Instance vendredi 14 février. La Ville ferait mieux de se rendre sur place pour rencontrer les acteurs du lieux, et pourquoi pas les aider à sécuriser le site, plutôt que d’adopter une démarche punitive : en fermant un squat de ce type, c’est un lieu où la citoyenneté s’invente et se renouvelle que l’on ferme.
Enfin, la lourde contrainte que constitue la mise aux normes des locaux commerciaux sous peine de fermeture ne date pas d’hier, et pose la question du soutien aux locaux d’associations, de collectifs et de petits commerces qui n’en ont pas les moyens. Le Fonds d’intervention pour la sauvegarde de l’artisanat et du commerce (FISAC), dont la vocation est justement de « répondre aux menaces pesant sur l’existence des services artisanaux et commerciaux de proximité dans des zones rurales ou urbaines fragilisées par les évolutions économiques et sociales » , pourrait-il être mobilisé plus systématiquement ? Faut-il créer un principe de maintien des commerces en place, pour éviter d’accentuer les inégalités déjà observées à la Guillotière ? Les quartiers prioritaire de la Ville n’ont eu
de cesse de diminuer en nombre ces dernières années, alors que le quartier de la Guillotière-7e, aujourd’hui seulement en « veille active », traverse des mutations urbaines importantes dont tout le monde ne ressort pas mieux loti.

Pour ces raisons, le collectif Habitons Mazagran soutient et relaie la pétition de l’Espace Communal et encourage les acteurs (propriétaire du lieu, Métropole, Ville) à entrer en dialogue avec l’ECG, plutôt que de poursuivre l’affrontement.

P.-S.

Lien vers la pétition :ici

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info

Derniers articles de la thématique « Logement / Squat » :

>Rassemblement de soutien aux femmes sans toit - 29 juillet à 16h

Le collectif Solidarité entre femmes à la rue appelle à un rassemblement de soutien mardi 29 juillet à 16h devant la préfecture, rue Dunoir à Lyon pendant que le collectif sera reçu par la sous-préfète, alors que des centaines de femmes du collectif sont encore sans logement.

>Izmir, une maison pas comme les autres, est expulsée le 26 juillet 2006

Le 26 juillet 2006 à 6h du matin, les CRS venaient défoncer la porte du squat Izmir à St Étienne pour en expulser les occupants. Pour beaucoup de gens, c’est la fin d’un projet riche, intense (parfois), qui a pu créer plein de rencontres, de moments de joie, de colère aussi, de débats...

>À bas l’état, solidarité avec les expulsé-es de Jean Macé

Dans la nuit du 22 juillet 2025, on a tagué la cité administrative d’état située 165 rue Garibaldi à Lyon 3e. Pour nous c’est pas trop clair ce que c’est exactement ce bâtiment, mais en gros c’est à l’état, c’est des services de la préfecture et des impôts avec des acronymes pompeux… plein de...

› Tous les articles "Logement / Squat"