La vision de « 7février », mandaté par les étudiant-es lyonnais-es
Mandaté par l’AG de Bron, je décide d’aller à la coordination nationale tout enthousiaste d’aller à la capitale...
Il y a du monde... et c’est déjà un beau bordel... Mais bon, ça peut se comprendre, ça s’organise... Déjà, on fait au moins 25 votes pour des conneries, notamment pour savoir si les observateurs ont le droit de venir observer ! C’est alors que je regrette les réunions aux pratiques libertaires qui, sommes toutes, sont plus efficaces.
J’entends par ici que l’organisation « machin » est sous représentée, que « bidule » est en position de prendre le contrôle de l’AG. Même dans un mouvement social, les enjeux politiciens sont présents ! Continuez camarades, et vous serez prêts pour aller siéger à l’Assemblée nationale. Les enjeux de pouvoir y sont carrément explicites... Voilà où mène l’idéologie.
Le but d’une coordination est justement de politiser le mouvement et donc - ici dans l’exemple - de ne pas s’arrêter à la lutte contre le CPE. Cela ne doit être qu’une base de lutte, de mobilisation, la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! Voici ce qu’on retrouve dans la note interne du syndicat UNEF :
« Les AG doivent débattre du CPE et pas de toutes les réformes gouvernementales ou du bonheur sur la terre, il faut axer nos interventions sur ce qui touche les étudiants.
Il faut donc voter des appels courts uniquement sur le CPE. S’il y a d’autres revendications, il faut les voter à part. L’argument pour ne jamais élargir les mots d’ordre c’est de rester sur le plus petit dénominateur commun qui fait l’unité de tous : le retrait du CPE. »
Ce n’est en rien un dénominateur commun, car à ce titre, tout est facteur de mobilisation (rien qu’à voir la liste qui s’allonge dans les tracts...).
C’est une logique qu’il faut combattre : la logique capitaliste, la logique de profit. Le profit et le travail sont inhumains. Avec cette logique, les réformes ne seront jamais finies.
Il faut vraiment passer à l’offensive. À Jussieu, on pouvait lire « En grève, jusqu’au retrait du CPE ». Et si le CPE est abrogé un jour, on fait quoi ? On fête ça, et quand on aura fini de cuver, on ira se faire exploiter à durée déterminée ou indéterminée - mais sans période d’essai de deux ans, et si on n’est pas chanceux on finira chômeur.
L’AG de la coordination nationale doit durer au moins 12 heures (d’ailleurs le rendez-vous était à 13 heures le Samedi, elle finira à 4h30 le lendemain)... Faire plus de 12 heures d’AG avec ces pingouins ! Désolé je ne peux pas (plus ?) On doit forcément être militant professionnel pour tenir tout ce temps à entendre des âneries ! Où est le désir ? Où est le plaisir ? Qui sont ces gens pour parler de précarité ? On rentre alors dans une professionnalisation du militantisme. On savait les élites déconnectées, je commençais à douter des militants, notamment après le mutisme criant pendant les émeutes. Mais non, ils planent réellement... Ils ne recherchent que le pouvoir...
Enfin je me barre. Désolé camarade, je n’ai pas respecté mon mandat ! Promis, j’irais plus là-bas. À moins que ces organisations n’y soient plus présentes, et qu’on retrouve un véritable dialogue basé sur des expériences pour enfin avoir des revendications politiques, permettant d’attaquer ce système sur des pratiques actives.
Quand je pars, on me dit que là « je n’ai encore rien vu »... J’imagine alors le pire...
Mais je me console, le mouvement prend vraiment de l’ampleur... Les actions se diversifient. Pour exemple, à Poitiers, plusieurs milliers d’étudiants sont mobilisés. Il y a des occupations et blocages dans plus de 20 universités. La répression policière commence, signe que le pouvoir s’inquiète de la montée d’une expression politique qui l’affecte.
Alors il faut que ça bouge sur Lyon ! La situation est propice
Rendez-vous à 7h30 à Lyon 2 et toute la journée, Mardi à 14 heures au métro Sans souci pour la manifestation !
Et toute la semaine sur nos lieux de vies, de beuveries, de travail, de décadence, de plaisir, pour jouir de nos vies sans pouvoir...
Compte-rendu "officiel"
Journées d’actions ou grève générale avec perspective de manifestation centrale à Paris ?
Le mouvement de grève avec piquets de grève continue de s’étendre dans les universités, et promet de monter en puissance mardi 7 mars avec le retour de vacances des universités les plus mobilisées (Rennes, Toulouse). Plusieurs universités (Paris 8, Dijon ...) préparent leurs premiers piquets de grève pour mardi 7 mars. D’ors et déjà, le mouvement est déjà plus puissant que le mouvement pour l’abrogation du LMD de 2003.
Dès lors, la coordination nationale de Jussieu était cruciale pour dresser des perspectives fortes permettant de nous mener à la victoire. L’appel de Tolbiac (voté aux AG de mercredi 1 mars et de vendredi 3 mars) offrait ces perspectives en :
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- appelant tous les étudiants à se mettre en grève avec piquets de grève jusqu’au retrait du CPE/CNE
- appelant les confédérations syndicales à appeler à la grève à partir du 7 mars jusqu’au retrait du CPE/CNE
- appelant à l’organisation d’une manifestation centrale à Paris (et non à une énième journée d’action), après le 7 mars, pour faire céder le gouvernement s’il n’avait pas cédé d’ici là
Malheureusement, ce ne sont pas les perspectives qui ressortent de cette coordination. Ce qui est mis en avant est l’appel à de nouvelles journées d’action jeudi 9 mars et mardi 14 mars. Même si la coordination appelle à l’extension de la grève et des blocages, elle appelle à faire de la journée du 9 mars une journée de « blocages » affaiblissant par là même son appel à la grève continue jusqu’à satisfaction.
Les directions de l’UNEF et des JCR défendent depuis le début la stratégie des journées d’action les mardi et jeudi. Elles vont pouvoir s’appuyer sur l’appel de la coordination pour défendre dans les AG la mise en place des piquets de grève uniquement les journées de mobilisation, une stratégie qui ne peut mener qu’à faire durer le mouvement tout en le menant à la défaite.
En outre, la coordination nationale a refusé de décider d’une date de manifestation centrale à Paris, repoussant cette question au week-end prochain, comme si l’heure était à la temporisation et comme si une manifestation centrale pouvait s’organiser en 2-3 jours. Il ne faut surtout pas brusquer les directions des confédérations syndicales, mais les « convaincre » d’y appeler avec nous (le 1er avril ? ?).
De plus, à une voix près (d’après la Tribune de la coordination), la proposition d’appeler les directions des confédérations syndicales à appeler à la grève à partir du 7 mars a été rejetée.
Bref, cette coordination ne constitue en aucun cas un point d’appui pour développer la mobilisation. Les étudiants qui veulent construire la grève ont face à eux des petits appareils qui copient les méthodes des gros appareils qui mènent à la défaite (cf. le mouvement des retraites de 2003). Mais il n’est pas encore dit que ces obstacles empêcheront les étudiants et les travailleurs d’obtenir le retrait du CPE/CNE.
Il est décisif que la grève continue à s’étendre cette semaine dans les universités, et que la prochaine coordination nationale soit enfin une coordination de combat qui mette en place un comité central de grève, élu et révocable, chargé d’appliquer des décisions permettant d’en finir dans les plus brefs délais avec le CPE/CNE.
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