Corrida

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Corrida
d’Ernest Coeurderoy,
édition de l’Atelier de Création Libertaire

Cette brochure est l’une des dernières publications de l’ACL, maison d’édition associative des pentes de la Croix-Rousse. Elle se compose d’un texte issu de Jours d’exil, ceux d’Ernest Coeurderoy, révolutionnaire anarchiste du 19e siècle, plus connu pour un autre de ses ouvrages : Hurrah !!!! ou la révolution par les cosaques.

Après avoir combattu sur les barricades en 1848, l’auteur prend le chemin de l’exil en 1851 après le coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte. C’est donc dans Jours d’exil qu’il fait part de ses espoirs et de ses déceptions : vis-à-vis des autres émigré-es républicains-es ou socialistes plus intéressée-es par les jeux politiciens que par une réelle émancipation des peuples, et plus généralement vis-à-vis de la misère et de la cruauté que s’infligent les humains entre eux et envers les animaux non-humains. Tout spécialement dans cet extrait, Corrida, écrit à Madrid en 1853. Lors de son passage en Espagne, Coeurderoy assiste aux fameuses « courses de taureaux », révolté par ces boucheries spectaculaires qu’il juge « barbares », il nous livre l’une des premières critiques de l’exploitation meurtrière des animaux non-humains par les humains. Emprunt du positivisme de son temps (et encore trop du nôtre !), il en appelle au progrès de l’« Humanité » pour que cesse la « division entre les êtres », et pour se faire, il n’a pas peur d’imaginer une solution par la science, qui pourrait par exemple modifier l’espèce humaine afin qu’elle n’ait plus besoin de consommer de la viande (ce qu’il croyait biologiquement nécessaire).

Si le fond idéologique du texte est certes bien loin de nous, les préoccupations de Coeurderoy restent malheureusement d’actualité, et c’est là tout l’intérêt de cet extrait, qui manifeste son souci de la
souffrance des autres individus vivants, humains ou non, sensibles à la douleur et son désir de vivre dans un monde plus juste pour tous. « Je sympathise avec le taureau ; c’est bête, mais c’est juste. Je revendique pour lui parce qu’il ne parle pas notre langue, parce que nous ne pouvons prétendre que nous ne comprenons pas ses mugissements de douleur ». On voit là l’intention politique de l’auteur, qui ne craint pas le mépris de ses contemporain-e-s pour une question qui ne leur semble pas en être une : celle du spécisme, qui consacre l’exploitation par l’espèce humaine des autres espèces animales.

Le texte de Courderoy est préfacé par Alain Thévenet, qui présente l’originalité de l’auteur parmi les révolutionnaires du 19e siècle ; la postface d’Yves Bonnardel détaille plus spécialement les positions et les contradictions de Coeurderoy, par rapport aux luttes actuelles de libération animale, comme l’antispécisme. En bref, une belle brochure révoltée, à la fois historique et on ne peut plus actuelle, sur un thème trop souvent absent de nos réflexions de lutte contre toutes les formes de domination.

Mar

Corrida, 65 p, 4 euros
ACL BP1186 69202 lyon cedex01
web
mail : contact at atelierdecrationlibertaire.com

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