À 20h c’est la surprise générale sur les écrans. Pour une fois, les sondages ne se sont pas trompés : 23 % pour le banquier, 21 % pour la nationaliste.
Spontanément, des gens se rassemblent place Colbert. Les flics sont positionnés en nombre devant la préfecture et place Bellecour pour le moment. Il faut dire que le ministre de l’Intérieur n’a pas lésiné sur les moyens. 50 000 policiers ont été déployés dans toute la France pour cette soirée électorale du 23 avril. De notre côté, on est peu. Une grosse centaine tout au plus mais on décide de partir en manif, avec l’idée d’agréger des gens. Aux cris de « Lyon debout soulève-toi », « Siamo tutti antifascisti » et « pas de quartiers pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », le petit cortège s’ébranle dans les pentes de la Croix-Rousse. Des gens graffent, des pétards mettent de l’ambiance [1] et on est assez bien accueilli sur le parcours. Des gens nous encouragent depuis les immeubles (tant qu’on reste dans les pentes parce que rue Sainte Catherine, on s’est pris un seau d’eau d’une fenêtre).
Si dans les pentes de la Croix-Rousse, on se se sent relativement à l’aise du fait de la petitesse des rues et des traboules, c’est plus le cas dès qu’on arrive en bas. Trop rapidement, on quitte notre zone de confort et on se retrouve bientôt face à une voiture de la BAC. L’ambiance se tend. Première altercation. Les flics font les chauds. Des pétards sont jetés sur leur caisse. Là, on réalise un peu tard qu’il y a au moins six bagnoles de flics en civil tout autour de nous. Et qu’on est loin d’être en capacité de les affronter. Les bacqueux canardent le cortège à coups de lacrymogène et de grenades de désencerclement (jetés depuis la fenêtre d’un de leur véhicule) au milieu des manifestants. Déjà des gens retaillent. Au moins cinq personnes sont blessés sur le moment par des éclats (un restaurant kébab a ouvert ses portes pour un des blessés). Ce qui reste de la manif repart dans les pentes, suivi par des gendarmes mobiles, avant de se disperser un peu plus loin.
Apparamment, un type s’est fait interpeller pour des graffs en queue de cortège.
Plus tard dans la soirée, les flics se chauffent. Croyant que la manif allait se reformer au sein de Nuit Debout à Guichard, plusieurs fourgeons de flics débarquent sur place et saturent la zone. Tout ça pour une place globalement assez déserte.
Encore plus tard dans la soirée, des gens qui buvaient des coups place Mazagran se sont bastonnés avec une équipe de fafs matossés qui trainaient à la Guill’.
C’est loin d’être une victoire mais on ne regrette pas de l’avoir fait. C’est bien la moindre des choses de prendre la rue dans ce genre de circonstances.
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