Dans ta face

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Le samedi 7 Mars, nous étions un groupe d’une trentaine de meufs, trans, gouines, pédés, tousTES féministes. Nous avons interrompus un concert en montant sur scène pour collectivement lire un texte. Pour passer un message féministe et pour faire un coup de pression en étant nombreuses, fortes et déterminéEs.

Ce texte parle de sexisme dans ce qu’on peut appeler le milieu politisé et militant, ainsi que dans les squats. Il a été écrit collectivement suite à un ras-le-bol face aux oppressions et violences sexistes quotidiennes. Cette action a été préparée par plusieurs discussions, elle a suscité questionnements et réflexions.

En tout cas, nous voulions intervenir dans le cadre d’un concert où la virilité est omniprésente tant sur scène que dans le public. C’était saisir une occasion pour s’exprimer devant un grand nombres de personnes. Quelques mecs ont tenté de perturber notre intervention par des « oï-oï », des « morues », des « féministes fascistes », des « suce ma bite », des « on a besoin d’une mère », et autres affirmations de leur virilité et de leur égo bien encré !

Elle nous tenait à coeur cette action, entre autre parce qu’il y avait beaucoup d’enjeux et aussi de l’appréhension. Nous savions que nous ne serions pas accueilliEs à bras ouverts, que porter le féminisme c’est un effort au quotidien et que dans un espace public c’est un sport de combat ! Et puis ça fait jamais plaisir d’entendre critiquer son propre milieu... Pourtant le texte a été entendu, les personnes du public ont été plutôt attentives et nous étions contentEs d’avoir occuper cet espace le temps d’une demi-heure.

Voici le texte qui a été lu pour saisir l’ampleur politique féministe de notre action. Il a été écrit collectivement, il est construit de multiples voix. C’est avant tout un message politique qui n’est pas à confondre avec des embrouilles du milieu, ni avec des rumeurs. Bonnes réflexions...

C’est une question de genres, de rôles et de vie collective. Ce texte se base sur des expériences de vie en squat sachant que
certaines situations se retrouvent dans toute forme de vie collective, de milieux militants ou pas, et dans notre société. Et pour les
sensibles, les propos du texte sont bien moins violents que ce qu’on peut vivre dans notre quotidien !

C’est une question délicate... parce que vivre en squat, c’est pas un choix pour tout le monde. D’une part. Mais qu’alors ceux et
celles qui le choisissent, en principe, ont choisi le squat comme espace de déconstruction. D’accord. Mais alors comment ça s’fait qu’en
dedans comme dehors, on r’trouve les mêmes problèmes sexistes.Dans « l’milieu », c’est juste plus subtile, plus vicieux.

« Moi j’suis un mec qui déconstruit »

OK. Alors comment s’fait-il que, quotidiennement, ma colère monte ? T’sais, ma colère monte quand t’es pire que
l’bourrin du bar du coin, pire que le bourge qui me prend en stop et me fout une main sur la cuisse, pire que l’mec d’la CGT
lubrique qui vient m’emmerder pendant une manif, pire que l’macho pur et dur, cash, qui prend pas d’détour pour affirmer que, pour
lui, les femmes, c’est d’la viande à bourrer.

Comment s’fait-il que ta violence mal placée soit invisible au sein du collectif et m’donne envie, quotidiennement,
d’envoyer chier tous les mecs, de « l’instruit-déconstruit » au « pleurnichard-victime-de-lui-même-victime-de-son-éducation-mâle »,
du « pédé phallocrate » qui se planque derrière ses oppressions pour pas remettre en cause celles qu’il fait subir, au « charmant
proféministe » "tant qu’il la foutra" et tant qu’il trouvera des intérêts individuels (valorisation sociale, intérêts affectifs et sexuels) à
soutenir les féministes. A quand l’organisation collective entre mecs pour se déconstruire ?

T’as eu un geste mal placé. Quand j’t’en reparle après, tu m’dis que tu t’en souviens pas, même si t’es d’accord que ce que t’as fait
est dégueulasse... mais tu t’en souviens pas... mais tu trouves que c’est dégueulasse...mais tu t’en souviens pas. Et moi, j’passe
l’éponge, parce que je t’aime... et ça m’fait chier parce qu’une confiance a réellement été cassée, alors comment ça se reconstruit,
si ça se reconstruit ? Et d’ou ça vient, que j’te pardonne, aussi facilement ?

Ça s’passe pendant un évènement, y’a pas de sleeping non-mixte. T’es tout gentil, t’es tout mignon, t’es bien vu, tout le monde
t’aime bien. À la fin du concert, tu te glisses dans mon sac de couchage. Tu m’pelottes, tu me squattes... j’suis la quinzième à qui
tu fais l’coup. Personne te le reprochera, comme d’habitude, ça passera à la trappe. Le jour où ça parlera, le jour où mes potes
voudront te péter la gueule à cause de ça, peut-être que tu te calmeras. Mes potes voudront te péter la gueule... vive les supers-
héros ! On m’baillonera à nouveau, on m’effacera, on m’prendra ma place, on m’ruinera mon pouvoir de régler la question, on
voudra m’défendre, avec condescendance... on m’infantilisera.

Pourquoi quand il faut causer, c’est à la nana d’embrayer le sujet, de prendre sur elle pour que ça se passe bien, de choisir les bons mots...
On lui reprochera peut-être de ne pas avoir dit les choses au bon moment, de pas avoir assuré : « t’es pas la féministe que je pensais, tu m’as
laissé faire, t’as rien dit ». C’est trop facile d’attendre un "non" verbal, alors qu’il y a tellement de manières différentes d’exprimer un "non",
mais en tant que déconstruit, tu devrais être assez fin pour capter ça, non ?

Pourquoi quand je rentre dans une pièce où y’a déjà des nanas, tu termines pas ta blague sexiste... parce que dans ta tête tu m’as collé
à moi l’étiquette féministe et pas aux autres ... Tu t’surveilles en ma présence, en fonction de qui tu sais que tu vas choquer...Mais à
ce moment-là tu méprises touTEs les dominéEs. Et c’est ça qui devrait touTEs nous faire réagir.

Tu comprends, mon copain macho, c’qui nous a donné envie de mettre un coup de pression ?

Parce que tu es en train de reproduire des schémas, des codes... tu veux m’apporter ton soutien pour un truc majeur à tes yeux,
tu veux t’filer bonne conscience en prenant ma partie, mais alors tu oublies tes violences quotidiennes à mon égard. Tu oublies que je passe
derrière toi et quand j’en ai marre de ramasser ta merde, j’te le signifie, et alors tu fais « Oh pardon, j’suis désolé, j’suis trop laï-laï... ». Et alors
j’te pardonne et je devrais me bagarrer avec moi-même contre le fait que je me sens comme une oppresseuse. Tu oublies que j’te réconforte
comme une mère, que tu soulignes tes efforts particuliers et que tout le monde les acclame, que j’te fais TA bouffe TON ménage dans la
maison (que nous partageons ?) où tu squattes. Tu m’dis que t’es pas comme ça. Désolée. C’est à toi que je pense.

Parce que je n’ai pas de chromosome qui me prédispose à faire la récup’ et la vaisselle , quand toi, tu préserves ton petit
territoire de savoir-faire : électricité-bricolage-machin = chasse gardée, territoire conquis. Visibilité du bricoleur, ta fierté gonfle, tu t’sens
un homme avec ta p’tite vis dans la main ! Ton marteau en gode, ça t’ouvrirait l’esprit... penses-y.

Le travail invisible, tu connais ? Les petites mains magiques... t’as l’impression de faire plein de trucs, t’as l’impression d’en faire
beaucoup. Mon impression, c’est pas la même. Moi, mes critères de l’effort au quotidien, réalises-tu qu’ils sont différents ? On part
pas du même point, réalises-tu ? Les efforts que tu tentes de fournir à travers ta déconstruction, j’les fournis quotidiennement et en
triple depuis mes sept ans. Les chiottes, ça te dit de penser à les récurer ? Et ferme la porte quand tu pisses... Et encore, on te
demande même pas de t’asseoir...

Tu prépares la révolution, tu vas au front, tu t’appropries le totoïsme, tu veux niquer l’fachisme étatique, mettre à terre ce bon vieux système
d’oppressions... Et autour d’un verre de vin, te v’là grande gueule, besoin d’valorisation dans « l’milieu » et, désinhibé, tes gardes-fous
éclatent, tu r’dégringoles, tu fais une blague sexiste, mais c’est pas grave, « c’est du second degré », et puis d’toute façon, y’a plus important,
y’a plus sérieux, « putain les flics on les a bien enculés ! ». Et puis tant qu’on y est, pour ceux qui se permettent de se proclamer anti-
féministes dans le milieu, tu ferais mieux de t’afficher aussi homophobe et transphobe, au lieu de lancer des vieilles blagues et de t’étouffer
comme un imbécile.

C’est vrai que depuis ta position de privilégié-dominant, tu peux t’permettre de déconner sur
des trucs qui te semblent moins politiques, des trucs qui te touchent pas, des trucs dont t’es
à l’abri de part ta classe sociale.

Le racisme comme le sexisme et le spécisme font partie de mécanismes d’oppression intégrés par nous touTEs,
et ça nous fout la beuge ! Quand une nana arabe et d’origine prol est agressée à une soirée, nous n’arrivons pas facilement à
admettre qu’il s’agit d’un comportement raciste au sein de notre milieu et développons immédiatement des solidarités blanches. Ça
montre bien qu’il existe des inégalités sociales dans le milieu dont le racisme intégré et que nous avons vachement de travail pour le
reconnaître et en tirer des conséquences.

Parlant de mécanismes intégrés, on n’est pas assez connes pour pas voir l’homophobie intériorisée et aussi que y’a une différence
entre la pédéphobie et la lesbophobie (dans l’imaginaire masculin, les nanas qui s’embrassent pour exciter les mecs, le culte de la
fausse lesbienne). Parce qu’on sait très bien que deux pédés qui s’embrassent, ça rentre pas dans l’imaginaire des fantasmes des
mecs hétéros... quand est-ce que tu te rendras compte que ton imaginaire a AUSSI été colonisé, crétin ?

Le meuble agréable à l’oeil, la plante verte sensible, pratique, polie et peu encombrante...

« Et puis d’abord, qu’est-ce qu’ils t’ont fait les hommes ? »

C’est une question de s’faire avoir et d’le réaliser après coup. C’est la différence entre un relou de base et un mec qui s’dit en
processus de déconstruction. Quand le mec fait un coup bas, par en dessous, sans réaliser que... C’est avoir l’impression de faire des
concessions sur ces violences sexistes, d’en arriver à s’exclure, à s’foutre les boules sous silence, une violence qui n’est pas évacuée au
bon moment, mal gérée, qui éclate là où ça faut pas. C’est l’impossibilité d’exprimer sa colère au bon moment, ou bien la réaction du mec
qui va pas prendre la colère comme une critique, comme une remise en question de sa connerie, et finir par se retrouver dans la position
de la relou d’service. C’est la solitude en embrouilles, la non-reconnaissance de la justesse de sa colère et de son ressenti, jusqu’à ce qu’on
nous traite de misandres ou d’hystériques.

C’est la question d’une violence quotidienne qui me renferme, me bouffe, me mène à perdre confiance en moi, dans
le collectif et le comportement de certaines personnes.

J’en ai pas contre toi, c’est ton comportement qui m’fait gerber.
J’ai pas envie d’taire ma colère. Plus envie d’faire des concessions.

Tu t’plains de ta déconstruction, tu dis que c’est dur, vu que tu dois abandonner tes privilèges... C’est dur, mon cul ! Ta gueule et continue. Et
si jamais j’te reprends à vouloir me mettre dans le rôle de l’oppresseuse, permets-moi de douter de la sincérité de ton désir de t’déconstruire.
Quand tu m’fais me sentir mal de t’avoir engueulé pour un comportement mal placé de ta part, ça m’fait douter que t’aies envie réellement
d’larguer l’Homme en toi.

Nous sommes nombreuses à ressentir cette colère. Nous ne sommes pas beaucoup à l’extérioriser
ouvertement, en dehors de la non-mixité. Combien d’nanas qui tempèrent, écrasent, ou s’mettent tout
simplement du côté des mecs. On parle de comportements... faut te foutre ça dans la tête.

Et quand j’m’énerve et que tu m’dis de m’calmer , quand j’tape dans l’matériel urbain et que tu m’lances : « faut pas
s’énerver comme ça ! »... ne m’dis pas de m’calmer, ne me dis surtout pas d’me calmer... dis-moi que ça te choque, que ça te
dérange, que ça te peine ou que ça te brusque. « Ouais, la meuf qui défonce le matos, elle est vénère, là, j’sais pas
pourquoi... » Tu sais pas pourquoi et d’ailleurs, tu t’en fous, alors ne m’dis pas, en plus, de m’calmer, parce que j’vais avoir
envie de t’éclater.

Et ce qui m’énerve encore plus c’est tes solidarités systématiques et mal placées avec d’autres mecs : celles où tu prends
la défense d’un pote pendant une embrouille causée par une agression, celles où tu es au courant d’une agression (et un des seuls à l’être) et
où tu fermes les yeux, celles où tu mets en place une solidarité avec un violeur ou un oppresseur en disant que c’est pas cool de l’exclure,
celles où tu fais semblant de pas voir une personne pendant une discussion, en lui coupant la parole ponctuellement, ou en lui demandant
jamais son avis si cette personne ne dit rien ; et si elle ose, si elle casse l’ambiance, « tiens v’là la fouteuse de merde »..., celles où tu ne veux
pas entendre les ressentis de ta pote parce que ça va à l’encontre de tes propres intérêts,... et on ne parle pas de toutes les micro-solidarités
au quotidien, la liste est trop longue et t’es forcément concerné !

Et quand tu t’retrouves désarmé face à ma colère, t’essaies de retomber sur tes pattes, tu t’justifies, tu te mets à pleurer, tu
manipules mots, théorie et réalité, tu t’énerves, tu te sens obligé de t’excuser : " je suis désolé MAIS (tu essaieras toutes les
tactiques de MAIS, jusqu’à ce que je m’épuise...) ...". PRENDS SUR TOI, BOUFFON, arrête de dire qu’il y a pire que toi !

Tes batailles de coq, y’en a marre !
Ta grande gueule de bourrin bourré, y’en a marre ! ferme-la, assieds-toi et écoute les autres.

Être tout le temps disponible pour écouter ou baiser,
attendre que t’aies compris ou recadrer, y’en a marre !
Grève de la disponibilité ! On débraye !
Nous avons mieux à faire !
Cette action est un appel à la solidarité
entre femmes, gouines, trans, pédés féministes,
pour que plus rien ne passe !

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  • Le 10 novembre 2009 à 20:55, par antheaz

    Débat grandement intéressant.

    Je voudrais ajouter à tout ce qui est énoncé aussi le fait que souvent dans le milieu militant je me suis retrouvée face à des hommes qui en plus de me mettre à un autre niveau parce que femme, me mettait face aussi à l’argument de l’age. En plus d’etre femme j’ai le malheur d’etre moins agée qu’on puisse le supposer au départ. Et face à ca l’expérience que je peux avoir n’a souvent plus aucun poids.

    De ma vie de militante et de squatteuse, de public aussi de concerts divers et variés.. j’ai été en proie bien souvent à ce genre de comportements. Je peux parler d’expérience personnelle aussi parce que pendant sept ans j’ai fermé les yeux sur ce comportement qu’adoptait souvent mon petit ami de l’époque.

    Je trouve que d’une manière générale on ne revient pas assez sur nos défauts, trop souvent parce que nous sommes militant-e-s, nous considérons que nous faisons déjà beaucoup d’efforts et ne sommes pas capables de balayer devant notre propre porte. Trop souvent nous nous taisons et mlheureusement oui nous sommes beaucoup de personnes à ne pas oser prendre la parole face à ca, parce que l’effet de masse qui s’oppose à nous , nous force à nous taire.

    Je dirais enfin que pour moi il n’y a rien d’inné dans tout ca, d’instinctif, d’animal. Nous sommes capables de changer, de nous controler, de travailler sur nous memes. encore faut il en avoir la volonté. J’ai vu des gens adopter des comportements complètement différents de ce qu’ils etaient avant parce qu’ils croyaient en leurs idées et faisaient tout pour vivre selon celles ci.

    Je ne suis pas parfaite loin de là, pour moi toutes les discriminations quelles qu’elles soient doivent etre au meilleur du possible déconstruites. Moi aussi je rend parfois victime certaines personnes de discriminations. Parce que nous avons tous-ttes tendance à nous regrouper avec des gens qui nous ressemblent d’une manière ou d’une autre. Parce que nous avons tous-ttes tendance a vouloir etre parfois trop parfaits dans notre militance que nous en arrivons parfois a ne plus accepter les gens dans notre entourage qui ne font pas autant d’efforts a nos yeux que nous pour changer.

    La première des choses est de se rendre compte de nos contradictions, et celles ci n’ont rien de primaires, l’humain dans la majorité des sociétés actuelle est malheureusement devenu à mon sens un etre fabriqué, par les aspects culturels de nos sociétés. D’ou cette volonté de déconstruction.

  • Le 28 mars 2009 à 20:48

    Le problème est le manque de sources fiables : y a t ’il une preuve avérée de l’existence d’enfants sauvages qui auraient grandi ensemble, et dont le comportement aurait été réellement étudié par un anthropologue par exemple ?? Notre conversation m’a donnée envie d’en savoir plus sur ces cas mais manifestement mes premières recherches semblent indiquer que les cas sont rares, non avérés ou relevant en partie de la légende urbaine, et en tout cas je n’ai pas pu trouver de cas d’enfants sauvages ayant grandit en groupe (ce qui est nécessaire pour savoir si l’auto organisation aboutira à un rapport de force).
    Ce que je veux dire c’est qu’un enfant sauvage élevé seul, est selon moi incomplet dans la mesure où nous serions un animal social et donc « faits » pour communiquer avec d’autres humains. Il n’y a qu’à voir l’importance relative de la zone du cortex visuel dédiée à la reconnaissance des visages (je précise que c’est une caractéristique innée) (cf lien).

    Ce qui me donne l’intuition que le rapport de force existe à l’état naturel c’est l’observation des jeunes enfants entre eux (ils ne sont pas encore complètement conditionnés culturellement). Le mimétisme dont tu parles est pour moi une caractéristique qui justement se retrouve dans les comportements sociaux habituels, chaque personne étant finalement une alchimie entre différentes imitations de son environnement.
    Si par transformation tu impliques qu’il faille comprendre cette ’alchimie’ afin de nous autoreformuler, cette fois ci librement, alors je trouve en tout cas le principe très intéressant.

    Au fond, je me dis même que le système actuel est déjà le résultat d’une autorganisation complexe a partir d’un état naturel initial...

  • Le 27 mars 2009 à 23:52

    Notre divergence est donc bien épistémologique.
    Tu penses qu’il existe un humain instinctif que nous pouvons dépoussiérer, ce à quoi je te répondrais que chez les enfants sauvages (élevés par des loups comme en Inde par exemple) on ne vois que du mimétisme et donc une abscence de cet enfant sauvage.
    De mon côté, je pense que nous ne sommes que culture. En revanche, je comprend tes a priori à propos des instincts. Que ce soit l’idéologie humaniste héritée des rationalistes et des lumières, ou encore la psychanalyse, notre culture baigne dans cet a priori. Encore une fois, je conseille la lecture des différents ouvrages de Foucault, mais aussi des féministes radicales américaines (dont je ne me souvient plus le nom... désolé).

    Enfin, en ce qui concerne la dé-construction. Il est évident que cela ne concerne que ce qui constitue des facteurs de dominations.
    Comme disait un vieux slogan de 68 : au fond ce qu’on veut, c’est la destruction de ce qu’on déteste.

  • Le 27 mars 2009 à 19:52

    En fait je ne voulais pas attaquer ce que tu disais. Je ne voyais pas de fascisme dans le mot « transformer ». Tu dis qu’il n’y a rien de naturel dans nos comportements.

    J’ai pourtant l’impression que des humains lâchés au milieu de la nature, sans savoir ou éducation préalable, interagiraient.
    De quelle manière ? Je ne le sais pas, mais probablement qu’ils s’auto-organiseraient. Pour ma part, bien que je ne puisse pas le démontrer, je pense que ces humains se comporteraient de manière instinctive similairement aux grands mammifères, avec probablement quelques différences, et ce justement parce que je ne conçois pas l’humanité avec un grand H mais que je la vois comme étant partie intégrante du monde animal.

    La réaction instinctive lors de l’échange mâle femelle, dans la nature, me paraît impliquer non pas l’établissement d’un genre, en effet, mais parfois un affrontement conduisant de fait à un rapport de force, lorsque les envies sont divergentes. En gros, je postule que c’est bien l’homme qui produit la femme dans nos sociétés, mais que cette production n’est qu’une transformation, exagération ou atténuation (selon l’idée qu’on se fait de la société) d’une relation préexistant à l’état naturel. En gros, un rapport de force brute se transforme en sexisme.

    Cependant, comme tu le soulignes, j’ai mal interprété le mot déconstruction qui me paraissait être dans le texte une étape précédant une reconstruction. Je crois maintenant comprendre que par transformation, tu voulais parler d’une simultanéité de la «  » et de la « re » construction.

    La légitimité, que tu évoques à raison, qu’à une personne d’attaquer une distinction de genre est donc à mon avis « naturelle ». Au fond, le problème, de mon point de vue, est de savoir si tout est à déconstruire... personnellement, si une distinction de genre ne lèse personne et si elle n’est pas institutionnalisée, je ne vois pas pourquoi on devrait la déconstruire ... (je pense en particulier à des valeurs comme le respect de l’autre qui sont construites elles aussi et qui n’ont pas que des conséquences négatives...)

  • Le 27 mars 2009 à 14:54

    Pour répondre aux deux dernier commentaires.

    Tout d’abord, il faut en finir avec ces arguments essentialistes sur l’existence d’un sexisme primitif, les mamifères, toussa : c’est d’un absurdité totale. Le sexisme, qui repose sur l’existence de genres (l’Homme et la Femme) est une construction culturelle. Qu’on en finisse avec l’Humain avec un grand H, il n’y a rien de naturel dans le nos comportements, TOUT est culturel. La nature n’existe pas.
    La construction des genres est une invention de l’homme qui finalement relève du même principe que le racisme. L’homme produit la femme (en ce sens que dans nos société, un homme c’est ce qui n’est pas femme, homosexuel, trans, etc.) avec ses particularités propres pour s’en différencier et pouvoir la dominer. On observe la même chose dans le phénomène raciste. L’homme blanc, par exemple, a produit le noir pour le dominer.

    A partir de là, effectivement on parle de déconstruction, mais pas pour dépoussiérer un être naturel, non pour construire autre chose, au final pour abolir les genres.
    Comme j’utilisais le terme « transformer », immédiatement tu penses fascisme. Je trouve l’attaque un peu facile. Quand on demande à quelqu’un de ne plus être raciste, je vois peu de gens pour traiter la démarche de fasciste, mais il s’agit bien de la même chose (comme plus ou moins expliquer plus haut).
    L’idée est bien pour les femmes d’imposer des choses aux hommes. Dire qu’on peut être féministe sans être offensive envers les distinctions de genre (et donc envers les hommes), c’est vraiment un argument d’Homme (sans attaque personnelle hein). Ce serait comme dire qu’on peut être anti-capitaliste sans s’en prendre à la domination de classe, anti-raciste sans s’en prendre au racisme, etc. Il s’agit bien d’un rapport de force et d’une lutte spécifique.

    Après au sujet de l’imaginaire sexiste (tu voulais peut être plutôt employer le terme de sexué, non ?), le terme de consentant ne peut s’appliquer sur si les protagonistes sont en effet dégagés d’une distinction de genres. Et celle-ci ne peut se faire qu’à travers une lutte.

  • Le 27 mars 2009 à 02:45

    Une remarque par rapport à ce que tu dis : je me demande si se transformer est vraiment la solution... au fond, on a tous un être fasciste en nous qui voudrait imposer aux autres nos idées, nos envies sexuelles, nos fantasmes... mais est-ce que le problème n’est pas simplement d’arriver à faire ce qu’un chien par exemple arrive à faire, se contrôler ???? Le texte décrit finalement des comportements d’individus qui ne trouvent pas la force de maîtriser leurs pulsions, puisqu’ils regrettent à posteriori leur geste. De mon point de vue, le problème n’est pas un problème de déconstruction, car le comportement décrit se retrouve à l’état naturel. On a tous un imaginaire sexiste et c’est plutôt bien si on arrive à le partager sans insister avec des gens consentants, non ????

  • Le 27 mars 2009 à 02:23

    Bonsoir,

    J’ai lu cet article avec intérêt. J’ai d’abord trouvé le ton un peu dur, mais après relecture, j’ai mieux compris le message. Une chose a quand même retenu mon attention : tu parles de déconstruction.... J’imagine qu’il faut comprendre : déconstruire ce que le système a construit de mal(mâle) en un individu ???

    Parce qu’il me semble qu’à la base le comportement que tu décris (solidarité entre mâle en cas de danger, appropriation de la femme etc..) est typique du monde des mammifères (ce que nous sommes à la base). Bref, j’ai l’impression que tu accuses le système de rendre les hommes sexistes (et j’ai conscience que c’est en partie vrai) alors que comme tu le dis toi même les gens qui sortent du système (se déconstruisent) sont encore pire dans les faits.

    Donc ce que je veux dire c’est qu’a mon avis la société actuelle déplace le rapport animal au sexe, violent que tu sembles décrire, vers un autre sexisme moins direct qu’on retrouve notamment dans la hiérarchie et le rapport dominant dominé dans les relations sociales.

    Ainsi, peut être que se déconstruire du système actuel, c’est revenir à ce rapport primitif au sexe ???

    Pour terminer je ne suis pas dans les squats donc pour moi c’est facile de parler mais franchement, je ne peux que plaindre toutes les femmes qui n’ont pas choisit et qui y sont parce que la vérité que tu décris fait vraiment flipper. Donc bon courage à toutes, et n’oubliez pas que l’union fait la force...

  • Le 26 mars 2009 à 15:28, par Roméal

    Salut,
    Tout d’abord le fait que des filles soit présente dans l’orga ne gêne en rien l’ambiance virile qu’il peut y avoir lors de concert (et puis ce texte ne parle pas de CE concert en particulier), les « suce ma bite » et autres « oï oï oï » en témoigne.
    Deuxièmement ce que t’appelle un très grand nombre de filles dans le publique reste quand même une minorité (voir les pogo) .
    Troisièmement si tu juge ne pas être responsable du faible nombre de filles qui joue dans des groupes, ont peut quand même se demander pourquoi et réfléchir aux causes de cette disparité.

    Pour ce qui concerne des boum je suis d’accord avec toi même si je trouve que tu exagère mais libre au gentEs d’organiser leurs fêtes a passer la musique qu’illes souaitent.

  • Le 26 mars 2009 à 15:05

    (je précise que je suis un garçon. ni une excuse, ni une justification, mais quand on parle « genres », le genre des protagonistes est toujours significatif)

    Très très bon texte, et surtout adressé au bon public.
    Et surtout cet appel à la constitution de groupes de réflexion, de discussion et d’espace de déconstruction pour hommes.
    En effet, je ne vois pas comment les mecs pourront décoloniser leur imaginaire sans en parler entre eux, sans découvrir ce qu’il y ont en commun.
    N’oublions pas, nous mecs, qu’il n’y a pas au fond de nous (ni chez les filles) un être vierge sur lequel a été bâti un être genré. Ainsi, une prise de conscience simple de notre condition de dominant ne suffit pas à défaire le sexisme. Nous n’avons pas à nous « libérer » d’hypothétiques entraves à un être originel et non sexiste. Il faut donc une réelle ascèse pour nous modifier, pour nous transformer.
    De même, le fait de prôner une « sexualité libre » ne veut rien dire. Le fait qu’un type accepte que dans son couple chacun baise à droite et à gauche ne signifie pas qu’il soit non-sexiste, puisqu’il ne s’agit en fait que d’élargir le champ de la sexualité jusque là limité à la cellule familiale. (A propos de l’invention de la sexualité : Michel Foucault, Histoire de la sexualité I la volonté de savoir).

  • Le 25 mars 2009 à 15:58

    la virilité ominipresente sur scene que dans le public...!!! euhhhhhhhhhhhh completement faux.........

    il ya avait des personnes actives filles dans l organisation de ce concert...dans les groupes et tres grand nombre dans ce que vous appelez public.

    bon faudrait pas tout melanger...et niée ceratines realités...

    sommes nous responsables si il y a encore tres peu de filles qui font des groupes de musiques ????

    sommes nous condamméEs à ecouter jusqu à la fin des temps et de nos vies de la merde commerciale en soirée boum squat qui vehiculent les pires clichés sexistes..et autres..starisation..competitivité. ;reussitte..jeunesse..normalité..sexisme...blondeur...hetoronormes...blancs..
    ah ah ha

    l

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