Education nationale et ailleurs : préparons nous à la bagarre, et à vaincre !

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Ne laissons pas 5 ans à Sarkozy et son gouvernement pour nuire. Les renverser serait irréaliste ? Personne n’aurait pu prévoir, dans la France ennuyée et enneigée de janvier 1968, qu’une fois les beaux jours revenus De Gaulle se réfugierait derrière les frontières et bien loin de l’Elysée, à Baden Baden, pour solliciter l’aide des ultras de l’armée face à une crise pré-révolutionnaire.

Et hop : 17000 postes en moins, un budget pourri et une carte scolaire « assouplie » !

Sarkozy l’avait annoncé, son gouvernement veut le réaliser : il faut « dégraisser le mammouth » ... mais cette fois les plus gros morceaux. Pour financer ses dettes et ses cadeaux fiscaux aux millionnaires, l’Etat français se prépare à supprimer un fonctionnaire sur deux.

Dans l’éducation nationale, c’est pour l’année prochaine d’ores et déjà 17000 suppressions de poste. Pour que les personnels qui resteront fassent mine d’assurer « la continuité du service public », on n’hésite pas à déjà menacer leur droit de grève, et assurément on recourra toujours plus à l’emploi précaire et vacataire ; ainsi qu’à la « polyvalence » qui a l’avantage de faire économiser aussi pour la formation.

Pour les lycées et les collèges, et dès la rentrée, on va commencer par détruire la carte scolaire. Personne n’osera dire que l’actuel système éducatif est vraiment égalitaire, contrairement à ce que prétendent les « liberté, égalité, fraternité » sur le fronton des écoles, mais avec la suppression de la carte scolaire, ce sera encore pire.

Les lycées les plus côtés crouleront sous les demandes : et, nécessairement, on instaurera la sélection à l’entrée ; et les chefs d’établissement se transformeront en petits patrons de leur entreprise éducative, choisissant les bons clients et les bons prestataires de services pédagogiques .. les bons profs quoi.

Puis, les lycées ghettos seront désertés par leurs meilleurs élèves, et on en profitera pour les pointer du doigt (inefficaces, coûteux !) : l’excuse idéale pour y supprimer massivement, encore, des postes.

La suppression du décret Robien sur les statuts des personnels n’aura été qu’un effet d’affichage, pour cacher la réalité : les statuts seront attaqués encore plus fort, le temps de travail des personnels augmenté encore plus. On parle de « sortir de l’idéologie du recrutement », c’est à dire de faire travailler plus, et donc moins bien, les personnels.

A terme, c’est le droit à accéder à une instruction élémentaire lui-même qui est menacé.

Et à l’université ?

La loi Pécresse - Sarkozy sur l’ « autonomie des universités », qui va être votée le 1er aout pendant que les étudiants sont à la plage - ou à la chaine, c’est selon - , va démembrer l’enseignement supérieur public.

Les conseils d’administration restreints ouvriront toujours plus les facs aux financements privés, et les actionnaires de l’université exigeront un retour sur investissement : de la main d’oeuvre trés spécialisée, pour leurs entreprises.

Et tant pis si ces diplômes « professionalisants » n’auront aucune valeur ailleurs, à l’image de la licence Michelin à Clermont-Ferrand - dont les détenteurs se sont retrouvés bien bêtes, quand Michelin a délocalisé.

Les personnels ouvriers comme enseignants de l’Université seront embauchés en contrats précaires, et des primes à la discrétion des C.A. pourront leur être reversés : histoire de bien attiser la concurrence entre salariés. Fini les statuts de la fonction publique, qui laissaient espérer la stabilité de l’emploi ... et finie la liberté pédagogique, à terme.

La France est le pays de l’Europe occidentale qui donne le moins d’argent par étudiant dans le budget de l’enseignement supérieur : il faudrait doubler les fonds, pour atteindre le pays juste au-dessus. Pourtant, l’état de l’enseignement supérieur en France - qu’on accuse de tous les maux, y compris d’être responsable du chômage ! - n’est pas aussi cataclysmique que cela, si on en juge au nombre d’étudiants de l’étranger qu’il attire, et à sa réputation.

Ce qui est en cause, c’est ce désengagement financer de l’état, qui sera pallié, outre le financement privé, par des frais d’inscription dont il y a fort à parier qu’ils vont augmenter de façon substantielle - à la faveur de l’autonomie budgétaire totale accordée aux universités.

Et pour financer les « besoins », la Conférence des Présidents d’Université a déclaré récemment qu’il faudrait quadrupler les frais d’inscription. Et tant pis si ça devient inaccessible, de toute façon, il y a trop d’étudiants !

Et si, par chance, les enfants des classes populaires réussissent à franchir les collèges et les lycées « dégraissés », et à payer les frais d’inscription, le gouvernement n’oublie pas d’instaurer des barrières sélectives, tout au long du parcours.

En l’état, le projet de loi n’est pas très expansif là-dessus, sinon qu’un article particulièrement ambigü ouvre la voie à la sélection à l’entrée en parlant de constituer un dossier d’inscription ... dès la classe de seconde !

Ce qui est sûr c’est que, rapidement, l’objectif du gouvernement sera la sélection à tous les étages. Malins, ils savent qu’en instaurant la sélection ouverte à l’entrée, c’est la grève immédiatement qui les attend.

Alors, sur la base du rapport Hetzel, ils proposent l’ « orientation guidée », c’est à dire que tous les semestres, un entretien d’évaluation - réorientation aurait lieu. Et, dès le lycée, il faudrait constituer un dossier d’accès à l’enseignement supérieur.

Quelle bande de clowns ! Les mêmes qui ont supprimé massivement les postes de conseillers d’orientation - psychologues, veulent introduire une prétendue « orientation guidée ». Guidée par les intérêts du patronat, en vérité ! D’ailleurs, ces projets mettent en avant l’idée de la collaboration avec les entreprises dans le suivi des dossiers.

Mettre en échec ces projets ? Ensemble, tout devient possible !

Globalement, les directions syndicales ne semblent pas vraiment motivées pour engager un rapport de force conséquent face à l’ensemble de ces projets ; lorsqu’elles ne collaborent pas directement avec le gouvernement, en lui donnant des bonnes astuces pour que ça passe mieux. Même si la colère est grande, énorme, à la base. Et, vu les attaques contre les personnels dans le supérieur, le SNESUP et le SNASUB sont bien remontés.

Il faut se rappeler de 1986 : le mouvement étudiant contre la loi Devaquet, similaire à la loi Pécresse, avait entrainé les lycéens dans la lutte, et, menacé de chuter suite à des manifestations centrales à Paris puissantes et à la mort de Malik Oussekine qui allait provoquer l’explosion gréviste, le gouvernement avait reculé précipitamment.

Ensuite, c’était les cheminots et les infirmières qui avaient, en organisant leur mouvement démocratiquement, rejoint la lutte contre une droite qui se voulait dure, et qui venait de revenir aux affaires.

Aujourd’hui, Sarko et ses semblables veulent prendre leur revanche sur les étudiants et les lycéens, qui sortent trop dans la rue à leur goût, comme en 2006 ; ils veulent aussi tacler les cheminots, trop à l’avant-garde lorsqu’il s’agit de défendre les acquis ouvriers et populaires, comme en 1995. S’en prendre d’abord au droit de grève, pour ensuite mieux « restructurer » et attaquer les retraites : c’est du Thatcher !

Ces attaques sont le prélude à d’autres, de plus grande ampleur : il faut mater les résistances ouvrières et populaires, pour ensuite imposer la destruction pure et simple du contrat à durée indéterminée, pour généraliser la précarité ; liquider retraites et sécurité sociale ; en finir avec la santé publique ... et on en passe et des meilleures.

Et c’est sans parler de la destruction des droits et libertés qui pouvaient encore faire illusion et différencier la France d’un régime autoritaire musclé, garant d’une « identité nationale » qui consiste à traquer les étrangers jusque dans les écoles. Il restera la liberté de travailler plus...

Alors, gagnons les premières épreuves de force !

Grosso modo, la droite met toujours sur la table les mêmes projets depuis des décennies ; et chaque fois, sur le droit de grève ou sur l’autonomie des facs, elle a flippé, et reculé. Gagner les premières batailles est donc important en soi, sur le terrain revendicatif. Mais c’est important aussi politiquement, pour bien faire comprendre que c’est uniquement dans leurs rêves que ces projets deviennent possibles. Certes, les lois seront votées ... mais les maintenir en place face à une contestation grandissante sera une autre paire de manche.

Et si nous nous mettons en grève à l’Université, adressons nous aux lycéens et aux enseignants du secondaire - sans oublier les apprentis, soumis à une exploitation éhontée - ; et inversement. Car, au niveau de l’éducation, il faut faire capituler le gouvernement aussi bien sur la loi Pécresse que sur les suppressions de poste et la carte scolaire ; et puis nous sommes plus forts, tous ensemble dans la rue, en même temps, plutôt que séparément !

Mais, aussi, rappelons nous que les mouvements de la jeunesse sont un encouragement pour les salariés à entrer encore plus massivement dans la bagarre. Dès cet été, les cheminots réagissent contre la remise en cause du droit de grève. Et, dans les usines et les entreprises, ça râle contre les cadences infernales qui vont être aggravées par les projets Sarkozy, et contre les licenciements, comme à EADS. Les ingrédients sont réunis pour une vague de grèves ouvrières ... sauf peut-être des fédérations syndicales fortes, décidées à une baston d’ensemble.

Et en effet, toutes ces batailles qui s’annoncent posent la question de construire des vraies organisations de masse, aussi fidèles aux intérêts des opprimés que le gouvernement l’est à ceux des financiers et des parasites. Et si on s’organisait en comités d’action durables, et si on renforçait et reprenait en main les sections syndicales de classe ?

La révolution ? Tu déconnes...

En tout cas, ne laissons pas 5 ans à Sarkozy et son gouvernement pour nuire. Les renverser serait irréaliste ? Personne n’aurait pu prévoir, dans la France ennuyée et enneigée de janvier 1968, qu’une fois les beaux jours revenus De Gaulle se réfugierait derrière les frontières et bien loin de l’Elysée, à Baden Baden, pour solliciter l’aide des ultras de l’armée face à une crise pré-révolutionnaire. Crise endiguée finalement sans leur contribution, mais entre autres par les foules moutonnières des petits bourgeois effrayés.

C’est vrai qu’on peut considérer que Sarkozy a quand même des marges de manœuvres importantes, suite à son élection triomphale. Marges de manœuvres renforcées par la politique de la gauche officielle et d’une grande part des directions syndicales qui ne tarissent pas d’éloges devant les institutions « démocratiques et républicaines » ; et ne proposent le plus souvent que d’amender les réformes.

Mais il faut voir aussi que l’électorat populaire de Sarkozy a mystérieusement disparu entre les deux tours des législatives : la TVA sociale et les franchises médicales, qui sont de sacrées saloperies mais parmi d’autres, en auront eu raison en même pas deux mois. Et ce n’est pas son « ouverture » aux carriéristes Besson, Lang, Stauss-Khan et autres - qui sont autant « de gauche » que Tatcher était humaniste - qui fera illusion face à une opinion plus volatile que jamais. Ils ne seront donc pas forcément bien nombreux, ou du moins bien menaçants, les idiots prêts à descendre dans la rue pour défendre, comme en 68, « la République en danger » face aux agitations des pauvres. Et si les prouesses diplomatiques apparemment nucléarisées de Sarkozy et Cecilia en Libye peuvent plaire aux couches retardataires de la population ; elles ne remplacent pas la sauce dans les pâtes à la fin du mois.

Et il faut se souvenir aussi que Sarkozy a déjà réalisé l’exploit d’être le premier président dont une partie de la population exige le départ ... avant même qu’il ne soit investi. C’est que ses prestations au ministère de l’intérieur et comme candidat à la présidence n’ont pas été du gout de l’opinion progressiste et populaire. Ce serait d’ailleurs le minimum syndical que les prochaines luttes imposent la libération des camarades arrêtés à l’occasion des manifestations post-6 mai.

Il faudra pour mettre un vrai coup de pied dans la fourmilière, s’appuyer sur les acquis des mouvements de masse précédents ; et notamment l’organisation en coordination nationale représentative, esquissée difficilement lors du mouvement CPE. Contrôler à la base des délégués mandatés pour être réactifs et se faire les porte-voix organisés des aspirations radicales, c’est nécessaire pour ne pas se faire balader.

Il ne faut pas non plus laisser les directions syndicales libres de faire n’importe quoi : les profs en savent quelque chose, qui ont été trahis en 2003 par des instances syndicales qui refusaient l’affrontement avec le gouvernement Chirac, pour lequel elles avaient appelé à voter ; toujours la même ritournelle sur la « légitimité » du pouvoir. Du coup, la réforme des retraites est passée.

Avec la dégradation générale des conditions de vie, n’importe quelle petite grève ou faux pas du pouvoir pourra faire tâche d’huile : il faudra alors tous converger, jeunes et salariés, sans attendre 2012, contre le pouvoir anti-social UMP, pour le vaincre et le chasser !

Pour mettre quoi à la place ? demanderont les hésitants... Hé bien, comme à Oaxaca au Mexique, répondons leur : tout le pouvoir au peuple opprimé ! Qui d’autre mieux que nous-mêmes peut répondre à nos problèmes, réaliser nos aspirations, transformer le système éducatif, la production, en fonction des besoins sociaux ?

Alex

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  • Le 25 août 2007 à 22:19, par fiammarossa

    Sans compter le prix de l’eau, du gaz...

  • Le 27 juillet 2007 à 15:44

    oui, j’y ai pensé aprés

  • Le 27 juillet 2007 à 08:20, par Colette Balandin

    Petite erreur d’appréciation : il ne s’agira plus, dans les mois à venir, d’avoir de la difficulté à « mettre de la sauce sur les pâtes à la fin du mois », mais d’acheter des pâtes ( et toute denrée à base de blé ) en raison de l’augmentation en cours du prix du blé. Ceci en raison de la baisse mondiale de la production. A quoi va s’ajouter l’augmentation du prix du beurre puisque les stocks européens sont terminés.

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