La cause est entendue : le jeune made in 2012 est paresseux et écervelé, incapable d’esprit critique, voire abyssalement stupide. Pire, il est souvent dangereux, pour les autres et pour lui-même, si bien qu’il faut multiplier les barrières – pour le protéger, bien sûr. Oui, le « péril jeune » est omniprésent, agité à chaque coin de discours. Retour sur une ritournelle bien rodée.
Pour le système, être jeune ce n’est pas seulement appartenir à une simple catégorie démographique, c’est d’abord faire preuve d’un certain état d’esprit. Ici, l’Ordre ne se contente pas d’une schématisation basique mais s’essaye à faire preuve de psychologie pour mettre à jour ce grand secret : qu’est-ce qui fait qu’un jeune agit d’une manière aussi jeune (au sens qu’il nous emmerde avec ses comportements anti-sociaux) ?
La concision qui caractérise l’expert en jeune permet à celui-ci d’apporter cette réponse implacable : le jeune se caractérise par son irresponsabilité. Cependant, l’érudit, qui se targue aussi de faire preuve de nuance, s’empresse d’ajouter qu’il existe deux types d’irresponsables, le bon et le mauvais.
Le bon jeune pose peu de problèmes, il faut l’accepter tel quel, puisqu’il est à l’image de la formule publicitaire de l’irresponsabilité cool : futilité et vanité, le tout saupoudré d’une imbécile fraîcheur. Souris, danse et consomme, et surtout ne réfléchis pas. Il faut nécessairement avoir un boulot, un diplôme à la rigueur, mais ne surtout pas remettre en cause les structures sociales qui, tu le comprendras quand tu seras grand, fonctionnent parfaitement. Ainsi tu pourras rester jeune, c’est-à-dire être parfaitement irresponsable, et être appréciable à l’aune des standards de la société marchande.
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