Rencontre/ débat autour de Parias. Hanah Arendt et la Tribu en France (1939-1941) (L’Échappée, 2024) avec l’autrice Marina Touilliez mercredi 12 février à 19h.
« L’observation de l’évolution de la criminalité fait apparaître, depuis un certain temps déjà, la participation sans cesse croissante d’éléments étrangers séjournant régulièrement ou irrégulièrement sur notre territoire, aux actes de terrorisme, aux assassinats, aux meurtres, aux agressions à main armée, aux vols qualifiés, aux viols et aux escroqueries de diverses natures, etc., tentés ou consommés en France. » Retailleau, Darmanin en 2025 ? Non Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur de la fRance en mai 1938 !
Voilà le contexte dans lequel évolue alors un groupe de juifs allemands, ayant fui l’Allemagne nazie dès 1933 pour se réfugier à Paris. Marina Touilliez raconte dans Parias une partie de la vie de ce groupe à travers le cas des amis et relations de Hannah Arrendt qui constitue alors une « tribu » vite confrontée au piège administratif et social d’une condition d’indésirable. Cette expérience (de 1933 à 1941) lui permettra d’élaborer les catégories de « parias » et de « parvenus » qui pour elle distingue en Europe les citoyens juifs « qui ont sacrifié leur identité à l’assimilation et à leurs ambitions sociales de ceux qui ont pris conscience de leur marginalité irréductible et qui se l’approprient. »
Comme l’a écrit Brecht cité par Hanna Harendt en 1959 « L’histoire connait maintes époques où le domaine public s’obscurcit, où le monde devient si incertain que les gens cessent de demander autre chose à la politique que de les décharger du soin de leurs intérêts vitaux et de leur liberté privée » (H. Arendt, Vies Politiques, Gallimard, « Tel », 2021, p. 20), malgré les « sombres temps » décrits par Marina Touilliez dans ce livre très documenté, ce qui caractérise cette tribu de parias c’est surtout l’engagement antifasciste, l’amitié et la solidarité.
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