Grâce à Fadéla Amara et son plan espoir banlieue, arrive d’Australie la boîte privée INGEUS. Elle débarque dans les quartiers populaires français y compris Lyon et de son agglomération. Spécialisée dans l’accompagnement personnalisé des demandeurs d’emploi, INGEUS a pour objectif de remettre au boulot des jeunes glandeurs. La prestation est payée 9000 € par jeune, soit la modique somme de 27 millions d’euros pour 3000 jeunes financée par…L’UNEDIC. Donc, c’est nous qui payons le bénéf’ que la boîte va se faire sur ses « prestations emplois… »
Le contrat moral qu’ils proposent aux jeunes est le suivant « On te donne 300 euros et tu acceptes qu’on te coache dans ta recherche d’emploi. Tu dois trouver un job en six mois. »
Les coachs (conseillers « emploi ») accueillent les jeunes dans un hôtel le temps de trouver mieux, l’expérience doit durée 3 ans. Et puisque les super conseillers débarquent de nulle part, ils ont besoins d’entremetteurs, ils comptent donc sur le service public (ANPE et Mission Locale) pour leur filer des listes. Les acteurs sociaux de terrain (éducateurs, animateurs assistants sociaux…) sont également sollicités.
Sur le département du Rhône, 5 territoires ont été choisis par le préfet : Villeurbanne, Rilleux, Villefranche, Vaulx en Velin et Vénissieux. Des équipes de 3 à 4 personnes par secteur pour traquer les jeunes.
En fait INGEUS n’en est pas à sa première mission. INGEUS s’installe à Lille et Rouen en 2005 après avoir été choisie par l’UNEDIC pour suivre 6000 chômeurs. La filiale « INGEUS France » se crée donc au moment de la signature du contrat. La société doit avoir quelques connaissances à l’UNEDIC puisque aucun appel d’offre n’a eu lieu. Même la cour des comptes le dit : « Elle (l’UNEDIC) n’a procédé à aucune forme de publicité, même restreinte, et elle n’a pas engagé une étude des offres disponibles ». Mais tout s’explique : le tout nouveau directeur d’INGEUS France n’est autre que l’ex-directeur de l’ASSEDIC de Haute-Normandie : Jean-Louis Tauzin. Celui-ci a un parcours très social : Grande distribution (Auchan), direction du marketing au Crédit agricole, direction commerciale d’une société marketing, consultant en management, etc. Le groupe a aussi ses entrées chez les sarkozistes : le conseil général des Hauts-de-Seine lui a « confié » 14 000 Rmistes en 2006...
Tout en jouant au copain-copain, le coach doit y aller franco. Reconversion à la va-vite, CDD et intérim à gogo, pression en cas de refus, etc. Le ton est donné par la directrice d’INGEUS Lille, Annick Chautard, qui souligne « le manque de motivation » des chômeurs : « ils ne sont pas du tout flexibles, ils refusent des salaires moindres ou de faire moins d’heures. Pourtant, avec un temps partiel de 10-15 heures dans le nettoyage, nous savons que le nombre d’heures augmente vite ». Tout est dit.
Et comme les chômeurs sont réfractaires par nature, comme les contrats de 10-15 heures ne sont pas encore assez répandus, INGEUS se voit contraint de trafiquer ses résultats. Ou plutôt de modifier la méthode de calcul. Ainsi, trouver une mission intérim d’un ou dix jours équivaut à un chômeur « reclassé » selon le cabinet. Ce qui lui permet d’afficher un taux de retour à l’emploi de 70 %. Avec ça, les chiffres du chômage vont faire tilt !
Le seul côté positif, il faut bien dire, pour notre bonne vieille économie, c’est que les chômeurs, au moins, contribuent à créer de la richesse…enfin celle d’INGEUS.
CONTACTS DU SYNDICAT
Permanences tous les 3es mardis de chaque mois ( 16 décembre, 20 janvier) au 44 rue Burdeau ds le 1er arrondissement.
mail : cnt.sanso69[at]free.fr
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