La forteresse M$ prise d’assaut par les logiciels libres

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Commencée il y a une quinzaine d’années, alors guérilla ultra-minoritaire cantonnée aux cercles fermés des informaticiens, la grande guerre de l’informatique embrase désormais aussi le monde de l’éducation. Elle voit s’affronter les Logiciels Libres, dont la devise est « libérer les utilisateurs de l’informatique » avec les Logiciels Propriétaires , gangrenés par le commerce, au premier rang desquels l’empire M$. Une bataille parmi des millions d’autres se joue en ce moment au lycée Doisneau, à Vaulx-en-velin.

Jusque-là, docile fief de M$, la stabilité informatique était bon an mal an maintenue grâce aux aides précaires de la Région et/ou au bénévolat de certains. Depuis la rentrée, la rébellion s’organise, impulsée par des adeptes des logiciels libres, quelques utopiques radicaux qui pensent que le moment est venu de passer à l’action. Ce genre d’événements se multiplie ces dernières années dans plusieurs établissements mais sans réelle coordination.

Fer de lance de l’offensive, le lancement d’un site internet sous SPIP [1] qui intéresse de nombreux collègues et la généralisation d’Open office comme suite bureautique de référence au lycée (arrêt du paiement des licences M$). La deuxième vague a également commencé ses opérations : des unités d’assaut Linux Ubuntu déployé par OSCAR ont déjà pris position de la salle EXAO de Physique, en attendant que des unités Xubuntu plus légères, redonnent vie à la plus ancienne salle informatique du lycée, prise sans résistance. La troisième vague pourra créer quelques maquis de postes en accès libre aux élèves éparpillés dans le lycée. Tout cela se fait grâce à la complicité active de militants très impliqués et sans achat de matériel puisqu’on ressort les vieux postes des placards !

L’objectif stratégique est une révolution générale avec la prise pacifique du réseau pédagogique de l’établissement. Tous les utilisateurs seront gagnants en s’émancipant de leur aliénation informatique. Des plans à moyens terme sont en cours d’élaboration, avec des soutiens officiels de l’éducation nationale – jusqu’ici assez timide – ainsi que l’aide d’autres associations de révoltés, notamment les brigades de l’ALDIL [2] qui sont venues plusieurs fois prêter main-forte.

Si les profs activistes et leurs utopies jouissent d’une certaine sympathie parmi la population de la salle des profs et des bureaux, la majorité est soit trop accaparée par son travail quotidien pour se soucier de ces événements, soit inquiète face à un avenir incertain qui viendrait lui compliquer la vie, mais plus souvent qu’on ne le croit intéressée et curieuse.

Il reste le problème majeur des logiciels éducatifs qui ne fonctionnent pas (encore ?) sous linux. Plusieurs solutions :
- à court terme, des postes informatiques double-face (M$ et Linux) permettent d’utiliser ces logiciels,
- à moyen terme, des étudiants en informatique pourraient développer ces logiciels sous linux au cours de leurs stages,
- à long terme, nous devons inciter les fabricants de logiciel à développer leurs produits également sous Linux.

Changer des années d’habitude n’est jamais chose aisée, c’est pour cela que les révolutions sont toujours difficiles et que nous devons être prudents et attentifs aux réticences des utilisateurs, même si nous sommes convaincus de la justesse de notre combat. Cet affrontement entre deux systèmes informatiques ne doit pas conduire à un affrontement entre utilisateurs, tout le monde peut sortir gagnant.

Pour autant cette bataille n’est pas facile. Elle se gagnera non seulement au niveau de la conviction, pour donner l’envie de changer mais aussi sur l’amélioration du quotidien de l’utilisateur de l’informatique, et surtout sur une reconnaissance de la maintenance informatique indispensable à la vie d’un lycée, qui nécessite des moyens financiers et humains.

Les semaines à venir seront décisives pour mieux apprécier les chances de réussite de cette opération qui vient d’enflammer le lycée.

JP, prof apprenti-linuxien

Notes

[1SPIP : système de publication pour l’Internet qui s’attache particulièrement au fonctionnement collectif, au multilinguisme et à la facilité d’emploi. Voir le site.

[2ALDIL : Association Lyonnaise pour le Développement de l’Informatique Libre ; voir son site.

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