Le Projet Crous 2020 : on privatise, on précarise, on sélectionne…

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Ce projet CROUS 2020, adopté au CNOUS en janvier 2012, est un texte qui vise à définir la politique et la gestion des CROUS pour la prochaine décennie ; il a pour objectif d’accentuer la “décentralisation”, c’est-à-dire renforcer leur mise en compétition, passant par une ” autonomie renforcée ” des CROUS, dans le même esprit que la loi LRU.

Une fois de plus, le gouvernement s’attaque au service public en lui imposant les normes managériales propres au secteur privé et capitalistes : recherche accrue de rentabilité au dépend des étudiant-e-s et des personnels, mise en concurrence, logique de « marketing », caporalisation des rapports hiérarchiques, plus de poly-compétences pour les personnels…

Dans cette nouvelle configuration, nous nous attendons à une fatale augmentation des prix, une dégradation des conditions de travail, une privatisation du logement, une externalisation des postes et la poursuite des coupes budgétaires. Finalement, toutes les étapes nécessaires à une privatisation partielle ou totale des Crous dans les années à venir !!

Ce projet CROUS 2020 intervient dans un contexte de misère et de surveillance généralisée. En effet, le CROUS actuel n’est déjà pas en mesure de remplir ses missions, que ce soient en termes de logement, de restauration et de bourses, mais réussi étrangement à mettre en place un système de contrôle des employé-e-s et des étudiant-e-s.

Outre la qualité, c’est aussi la quantité insuffisante de logements disponibles ainsi que les critères profondément discriminants (quotas, préférence nationale, résultats scolaires…) que nous déplorons. La multiplication des partenariats avec les « bailleurs sociaux » est inquiétante, livrant ainsi des logements dits sociaux aux spéculateurs. Une très grande majorité d’étudiant-e-s n’ont que le choix de rester chez leurs parents ou de payer le prix fort du loyer dans le logement privé que le gouvernement privilégie manifestement (fond de paiement des cautions).

Les restos-U non seulement ne sont pas épargnés par la hausse des prix mais se trouvent directement vampirisés par les banques (Crédit Agricole, CIC…) qui imposent peu à peu l’usage de la carte monéo qui avait pourtant connu un véritable flop ! En plus d’offrir une commission aux banquiers sur chaque transaction, cette carte monéo transforme le CROUS et l’université en appareils de contrôle (suivi permanent des opérations, flicage des personnels et de leur productivité, « carte d’identité étudiante » donnant accès aux emprunts de livres, photocopies, médecine universitaire, vote aux élections étudiantes, infos personnelles…).

Moins d’un-e étudiant-e sur quatre bénéficie des aides financières (500 000 sur 2,3 millions), les étudiant-e-s étranger-ères y ont difficilement accès (notamment pour ceux hors-UE) et, dans le contexte de crise sociale actuelle, ce système est largement insuffisant, injuste, et se dégrade. En effet, les critères d’attribution n’ont pas finis de se durcir allant jusqu’à indexer les bourses sur la « réussite » scolaire et l’assiduité conformément à l’esprit de compétition et de sélection sociale qui s’impose à l’université. On remarque que le système est tout simplement défaillant : les retards (parfois sur plusieurs mois !) dans le versement des bourses est dangereusement devenu habituel. On remarque l’explosion spectaculaire (+20%) des demandes au FNAU (Fond National d’Aide d’Urgence) en 2011 alors que le budget de ce fond n’a lui pas été augmenté d’un pouce jusqu’à aujourd’hui et que le 10e mois de bourse négocié par l’UNEF est encore compromis.

La précarité s’aggrave dans des proportions inédites mais le gouvernement préfère soumettre les CROUS à la loi du profit au lieu d’améliorer les conditions et les moyens des travailleurs du CROUS. Celui-ci n’est alors pas en mesure de remplir les missions de service public nécessaires pour garantir l’égalité d’accès aux études supérieures. En effet, un-e étudiant-e sur 2 est officiellement salarié-e, mais en comptant le travail au noir et le salariat saisonnier, on passe à 75% minimum d’étudiant-e-s salarié-e-s. Un-e étudiant-e qui doit continuellement jongler avec cours, travail et révisions n’en est plus un-e et le taux d’échec parmi les étudiant-e-s salarié-e-s est deux fois plus élevés que chez les non salarié-e-s (source : OVE). Ces faits démontrent incontestablement l’exacerbation de la précarité et de la sélection sociale que nous dénonçons.

C’est dans nos luttes qu’il faudra porter notre volonté d’une autre répartition des richesses, plus juste et égalitaire !!

Les fédérations syndicales de la CGT CROUS, de la FSE et de SUD étudiant revendiquent de concert :

- Réengagement réel de l’Etat dans l’Enseignement Supérieur, la Recherche et les CROUS.

- Renforcement du service public des CROUS avec l’ajout de nouvelles compétences dévolues aujourd’hui aux universités : culture, sports…

- Gestion démocratique des CROUS : un CA avec uniquement des personnels et des étudiant-e-s.

- L’assurance d’un 10e mois de bourses et l’arrêt des coupes budgétaires pour les aides sociales.

- Augmentation en nombre et en montant des bourses sur critères sociaux, versées de manière régulière, sur 12 mois, avant d’instaurer un salaire socialisé ou une garantie sociale étudiante pour les étudiants se déclarant fiscalement indépendant de leurs parents, financée par les cotisations sociales.

- La suppression des critères discriminatoires socialement.

- La construction massive de logements publics de qualité (espace, normes environnementales…).

- La rénovation et des résidences universitaires sans hausse des loyers

- La réquisition des logements vides

- La gestion des résidences “sous contrat” directement par le CROUS

- La rupture de tous les partenariats public-privé du CROUS

- La baisse significative des loyers

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