M. Benarbia a d’abord rappelé que cette mesure avait été décidée en 2001, mais n’avait pas alors soulevé de réprobation particulière (!). Pour peu, il en oubliait qu’aucune concertation n’avait été alors conduite avec les associations d’usagers, pas plus qu’avec les modestes contribuables qui financent en partie le réseau de transport.
Ensuite de quoi les poncifs ont été servis, expliquant que « l’amélioration de la sécurité sur le réseau » était en jeu, mais également « la lutte contre la fraude » qui représente un manque à gagner financier important mais aussi « une rupture d’égalité » entre usagers (comprendre : cell’eux qui payent et les autres qui n’adoptent pas « un comportement civil »). Légèrement insistant, il évoque en écho la mise sous contrôle d’accès aux stations de métro.
Il a eu beau concéder qu’il s’agit d’un « retour en arrîère pour le réseau lyonnais qui était très ouvert depuis 1978 » (date avant laquelle la montée dans les autobus s’effectuait effectivement par l’arrière en présence d’un receveur), la réaction du public a été sans appel. Le représentant du Sytral a dû alors se trouver fort mal avisé de s’exposer aussi inconsidérément (seul contre tous, quand même...) devant autant de représentants d’usager’es [1]. D’autant que tout un gratin d’élus présents dans l’assistance ne moufte pas ...!
Le président du FERSER a ensuite emporté une large adhésion de l’auditoire en cognant assez fort, qualifiant la décision du Sytral de « stupidité sans nom » ou encore de « bêtise monstrueuse ». Il a notamment démontré combien les bénéfices micro-territoriaux, à l’entrée des autobus et seulement pour les conducteurs, sont sans commune mesure avec le stress causé. Du côte des passagers, c’est l’angoisse d’être mis en retard par ce temps perdu à l’embarquement (3 à 6 minutes supplémentaires par trajet précise M. Benarbia). Quant aux automobilistes, ils ne manqueront pas de s’excéder (bloqués derrière le bus qu’il leur est depuis peu interdit de doubler à l’arrêt) avant de commettre les comportements dangereux qu’on leur connaît pour se dégager. En conclusion, il juge que « le point de vue (du Sytral) est réducteur et rend compte d’une analyse très sommaire ».
Un représentant de la Fnaut en a remis une couche en dénonçant la pression qui va s’abattre sur les personnes les plus vulnérables, à mobilité réduite notamment, qui vont se retrouver concassées dans l’entrée unique. « Des dérogations existeront » affirme alors M. Benarbia (on se demande bien comment il imagine possible de ne faire entrer qu’une personne par le milieu... en comptant sur la vigilance « citoyenne » des autres passager’es peut-être ?).
Finalement, personne n’enfoncera définitivement le clou en mettant par exemple en balance les 10 millions d’euros de perte imputés à la fraude avec les 45 millions d’euros investis pour la carte Técély, pour le renouvellement du parc de composteurs et de distributeurs de ticket, les 45 millions d’euros dépensés pour la « mise sous contrôle d’accès » du métro, les 4,5 millions d’euros annuels de salaire des contrôleurs, le coût de gestion administrative et de frais de justice, etc. soit pas loin de 100 millions d’euros dépensés pour le contrôle des usagers [2]. Sans compter les menues modifications que devront subir les véhicules pour la nouvelle formule de « montée à l’avant »...
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