C’est un fait rare (peut-être même unique) dans l’histoire de l’ENS de Lyon : lundi 13 novembre vers 10 h 30, une cinquantaine d’étudiants et personnels de l’école ont interrompu la séance du conseil d’administration (CA), entrant en chantant dans la salle des conseils. Le CA venait de se prononcer en faveur d’une mesure qui soulevait depuis plusieurs semaine la colère d’une partie croissante de l’école : la suppression d’un siège d’élu dans ce même CA, composé à majorité de membres nommés — parmi lesquels des représentants de Sanofi et Lafarge. Par cette suppression, basée sur des arguments juridiques douteux, le président de l’école comptait conserver sa majorité absolue sur ce CA.
Une présidence autoritaire de plus en plus rejetée
Cet épisode fait culminer le mécontentement face aux méthodes du président Jean-François Pinton : informations communiquées au dernier moment, refus de tout dialogue, paternalisme, etc. « Je ne suis pas connu pour être un dictateur », se défend-il maladroitement dans Le Progrès.
Pourtant, plus de 500 personnes ont signé une pétition demandant plus de démocratie à l’ENS :
Le manque de dialogue avec les représentants élus est un réel problème. À titre d’exemple, les élus étudiants, concernés directement par ce projet de suppression de siège, n’ont pas été mis au courant de celui-ci. (...)
Dans nombre d’autres dossiers, les représentants des personnels et des étudiants ont régulièrement alerté la Présidence sur le manque de concertation et la paralysie du dialogue social au sein de l’École, sans que la situation ne se soit améliorée. (...)
C’est pourquoi nous, soussignés, demandons à ce que des efforts importants et durables soient faits en vue d’une plus grande concertation, et d’un fonctionnement plus démocratique des instances.
Le président, de son côté, estime que plus de représentants élus favoriseraient des situations de « blocage » et de « clientélisme ». C’est ainsi que sa mesure est passée en force, à 13 voix (les nommés) contre 12 (les élus).
Une mobilisation très forte pour cette école tranquille
Les étudiants et personnels mobilisés, après avoir remis la pétition au président en ouverture de séance, ont donc décidé d’interrompre celle-ci pour protester contre ce déni de démocratie. Au rythme de chants improvisés (pour demander plus de démocratie, mais aussi railler Sanofi ou le président Pinton), ils ont occupé la salle avec le soutien d’une partie des élus qui siégeaient, et se sont joints à eux.
Cette mobilisation est un fait rare : l’ENS, pourtant dédiée à « la vie des idées », est enfermée dans un silence politique presque total. Cet événement donne donc de l’espoir quant à des mobilisations futures : rappelons que Jean-François Pinton est aussi le porteur du projet Idex, qui prévoit une restructuration catastrophique de l’enseignement supérieur lyonnais. Dans un communiqué, des représentants étudiants et syndicaux se félicitent donc de la dynamique créée ce lundi.
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