Nouvelle manifestation samedi 21 février 2009 à 14h00 place Bellecour
La CNT s’interroge très fortement sur l’attitude actuelle des huit centrales ou unions syndicales qui viennent par un communiqué du 9 février d’annoncer une prochaine mobilisation nationale pour le… 19 mars. Pourtant la Guadeloupe a plus que montré l’exemple après trois semaines d’une grève générale, qui s’étend maintenant à la Martinique et est annoncée pour le 5 mars à La Réunion. Pendant que les Antilles montrent la voie, la mobilisation dans les universités porte la promesse d’une lutte sociale d’ampleur pouvant s’implanter en métropole.
Le monde est en crise ? Eh bien, à situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle ! Pour cela c’est toute la population qui doit s’y mettre pour réinventer un monde où l’humain aurait sa place, où la richesse produite par une majorité ne profiterait pas à une minorité. 14 milliards d’euros de profit pour Total, 4,3 milliards pour EDF, 2 milliards pour LVMH...et la liste est longue de ces fortunes que nous produisons et dont nous ne voyons pas la couleur. Jusqu’à quand ?
Et pendant ce temps les grands de ce monde nous parlent de gel des salaires, de chômage partiel, de se retrousser les manches... mais on n’a plus de chemise ! Le gouvernement continue à faire des cadeaux au patronat et on sait très bien que les patrons s’assoiront sur les contreparties (pas de licenciements, pas de délocalisations...), d’ailleurs PSA annonce 10 à 12.000 suppressions d’emplois en 2009 !
Les Antilles montrent l’exemple et curieusement les grandes centrales syndicales sont associées à cette grève générale illimitée. Pourquoi ce qui est possible là-bas ne le serait pas ici ? Ce type de grève (générale et illimitée) est si rare et si porteur d’espoir qu’il mérite toute notre attention et tout notre soutien. Et quel meilleur soutien que d’entrer dans cette lutte aux côtés de nos frères ou sœurs des Antilles ? Le 29 janvier, Sarko a fait mine de ne rien voir et si les Antillais restent seuls dans la lutte ils risquent de s’épuiser voire de se faire réprimer mortellement comme cela s’est déjà produit dans leur histoire récente... Allez, on s’y met ?
Grève générale illimitée pour une juste répartition des richesses !
Rassemblement jeudi 19 février à 18h devant l’Opéra
(Hôtel de Ville)
Une caisse de soutien sera créée pour que les luttes aux Antilles ne finissent pas par s’asphyxier.
Marcel réside à la Martinique et est sympathisant de la CNT. Il
revient
sur le mouvement actuel aux Antilles et sur les raisons de la
colère des
populations de la Martinique et de la Guadeloupe.Quelle est la situation sociale dans les Antilles « françaises » ?
Le taux de chômage officiel est de 22% en Martinique. C’est 8% de la
population qui est au RMI. Le secteur industriel est très limité dans les
Antilles à cause des habitudes venues de la politique coloniale. Il
s’est agi – et il s’agit encore – d’acheter tous les produits « finis »
à la métropole et de ne produire sur place que des matières
premières,
en l’occurrence la canne à sucre et quelques cultures fruitières.Le seul secteur industriel accepté est la fabrication du rhum. Après
avoir été longtemps propriétaires terriens, et véritables
propriétaires
des Antilles, les békés – descendants des planteurs français blancs
arrivés au XVIIe et XVIIIe siècle - se sont aujourd’hui reconvertis
essentiellement dans la grande distribution (supermarchés et ventes
d’automobiles) Une remarque cependant : le travail industriel et son
organisation, néanmoins, sont nés aux Antilles avant de voir le
jour en
Grande-Bretagne. En effet, le sucre, dont le royaume de France se
trouvait le premier producteur du monde au XVIIIe siècle, avait
entraîné
des investissements considérables pour l’époque aux Antilles mêmes.
Lesquels ? Les meules et rouages, la mécanique la plus moderne de
l’époque étaient ainsi exportés, avec du personnel qualifié venant d«
abord d »Europe – jamais suffisant en nombre : il fallut faire former
des esclaves en métropole.L’organisation du travail était basée sur une division qui
rappelle le
travail en atelier du XIXe et du XXe siècle en Europe. Mais, comme
d’ailleurs en Angleterre, il n’était pas facile de recruter le
personnel
nombreux nécessaire, la solution la plus efficace et la plus cynique
revenait donc à aller capturer des esclaves et à les transporter
jusque
dans les Caraïbes. Dans l’exploitation, le sang et l’horreur, s’est
formé là un creuset, un carrefour entre l’Europe, l’Afrique et
l’Amérique.Qu’est ce qui a mis le feu aux poudres ?
Il y a naturellement une accumulation de ressentiment contre les
Blancs, même si on sait faire la part des choses. Le racisme anti-
blanc
est peu de chose à côté de ce que doivent supporter les noirs en
métropole.Ce qui est vrai, par exemple, c’est qu’une entreprise, à
qualification
égale, entre un noir et un blanc – souvent même si le blanc a
moins de
qualifications – choisit généralement le Blanc. Même chose pour
l’avancement de carrière ; comme par hasard le Blanc grimpera plus
vite
les échelons que son collègue noir.Mais actuellement ce qui a mis le feu aux poudres c’est simplement le
coût de la vie dans un pays où la moyenne des salaires est bien
inférieure à ce qu’elle est en France et où les prix des denrées
essentielles sont souvent trois fois plus chers qu’en métropole.Quels sont les précédents en termes de luttes aux Antilles ?
Avant guerre le grand évènement social survient avec l’assassinat
d’André Aliker, le rédacteur du journal communiste « Justice » qui
dénonçait la corruption et les exactions des békés. Ses
funérailles, en
1935, amèneront une foule immense tout le long du cortège.
Quelques mois
plus tard, à la faveur du Front Populaire, le premier syndicat est
créé,
la CGTM.C’est de cette époque là que date les premières lois du Travail en
Martinique, pas souvent appliquées.On se bornera ici – la liste serait longue ! -, évoquant les
cinquante
dernières années en Martinique, à rappeler, les grèves et les
émeutes de
1959, où les forces de l’ordre feront acte d’une violence inouïe
ouvrant
le feu sur les manifestants. Ce qui amènera le conseil municipal de
Fort-de-France – dont le maire était Aimé Césaire depuis 1945 – à
évoquer la sécession d’avec la métropole. Enfin on évoquera ici la
répression de la grève des ouvriers de la bananes de février 1974,
où,
d’hélicoptères,les CRS tirèrent sans sommation à la mitrailleuse
sur les
manifestants. Il y eut plusieurs morts et blessés. Le chanteur
Kolo Bart
évoque aujourd’hui avec talent ce dramatique évènement dont on
vient de
commémorer les 25 ans.Quel est le panorama syndical à la Martinique ?
Il y a, comme en métropole, une multitude de confédérations. Mais
elles sont en général spécifiques à la Martinique. En Guadeloupe
c’est
un peu différent.CGTM : Confédération Générale du Travail Martiniquaise, influencé au
départ par les communistes.CSTM : Confédération Syndical des Travailleurs Martiniquais.
Pulvar en
était un militant très actif.CDMT : Confédération Démocratique Martiniquaise du Travail.
Scission de
la CFDT Son leader est à la IVe Internationale (trotskyste – LCR).
Met
en avant la gestion directe par les travailleurs eux-mêmes. Veut
organiser un congrès des travailleurs pour proposer un autre type de
société.UGTM : Union Générale des Travailleurs de Martinique.
Indépendantiste,
anti-colonialiste. En essor, même s’il n’est pas au même niveau que
l’UGTG de Guadeloupe qui est devenu là-bas, semble t-il, la première
force syndicale.FO : même syndicat, rattaché à la métropole.
FEN-UNSA : le plus gros syndicat de l’enseignement (sauf dans le
secondaire). Très cogestionnaire.FSU : minoritaire, sauf dans le secondaire avec le SNES.
CFDT : très minoritaire
SUD-PTT : très minoritaire
Comment s’organise le mouvement populaire en Martinique ?
Il y a les CNCP, comités de base de quartier, nationalistes et
anti-colonialistes très proche du MIM dont le leader, Alfred
MARIE-JEANNE est président du Conseil Régional.Les syndicats quelque soit leur étiquette apparaissent
relativement plus
puissants qu’en métropole. Et leur unité, dans l’action, se fait
spontanément. Ce qui amène vite une action de masse et une cohésion.Quel est en particulier le poids du syndicalisme
indépendantiste ? La
spécificité de ses revendications ?Il a tendance à s’affirmer de plus en plus. Surtout à la
Guadeloupe où
l’UGTG a recueilli 51% des suffrages aux élections prudhommales. Ses
méthodes sont radicales, rappelant celles du syndicalisme
nord-américain. Il ne fait pas bon s’opposer à la grève quand ils
l’ont
déclenché. Les commerçants et les patrons qui n’obéissent pas à ses
consignes le paient cher. Et en général on obtempère toujours aux
consignes de l’UGTG. A chaque grève ils incitent fermement les
salariés
qui ne sont pas encore affiliés à prendre la carte.L’UGTG, comme l’UGTM, mettent la culture et l’identité créole en
avant,
la lutte contre le colonialisme et les békés. Ils veulent
développer une
polyculture permettant d’atteindre l’auto-suffisance. Même chose pour
l’industrie : créer sur place ce qu’il nous manque.
Communiqué de presse CNT du 12 février 2009
Communiqué de presse CNT du 18 février 2009
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