« Professionnels de la volaille : la semaine de tous les dangers » titrait le progrès du 20 février. Malheureusement ce n’était pas de mobilisations contre la venue à Lyon du premier éleveur de poulets de France qu’il était question [1], mais bien du cours du prix de la barbaque de basse-cour.
Non, c’était même plutôt une bonne semaine pour la flicaille, qui a vu « sa dignité rétablie », selon Thierry Pastor, responsable de la BAC lyonnaise, lors du verdict de la manifestivante Virginie ; « et sa bourse remplie », serait-on tenté d’ajouté, puisque c’est pas moins de 3100 € que la jeune fille devra verser à ses agresseurs. L’énormité de la somme (2000 € le doigt cassé) est bien la seule surprise de ce verdict, puisqu’il était évident que Fini-de-rire ne ferait pas mentir sa réputation et condamnerait au moins à du sursis (ce sera 3 mois) et aux inévitables 5 ans de privation de droit civiques, petite touche finidorienne qui assure l’inscription au casier judiciaire. Le progrès note que suite au verdict « aucun incident n’a eu lieu dans l’enceinte du palais des 24 colonnes ni à l’extérieur », avis aux bonnes volontés [2]
De toute façon, même si Finidori périssait malencontreusement dans un accident de circulation dû à une défaillance du système de freinage de sa voiture, ou en tentant un bain de pied au ciment dans le Rhône, ça ne réglerait pas le problème : en effet, la justice lyonnaise se passe fort bien de la cour d’appel, en l’absence de vidéos innocentant les victimes de violences policières. Par exemple Samir (cf. le popouri d’octobre), tabassé, insulté (« sale arabe, sale pédé »), humilié et piétiné à coups de rangers par l’infâme BAC du premier arrondissement, n’a pas eu la « chance » de l’avoir été devant une caméra [3] ou d’honnêtes citoyens prêts à témoigner en sa faveur, choqués qu’ils sont par la découverte que des personnes ayant la charge de défendre par la force un ordre inégalitaire et oppressif abusent du pouvoir qui leur est donné, et violentent même des « innocentEs ». Bien évidemment Samir a été poursuivi pour outrage et rebellion, et pour faire bonne mesure pour possession d’héroïne, les flics n’hésitant pas à taper dans leur stock (reste à savoir si c’est dans les saisies, dans un stock perso ou dans celui des récompenses pour les balances) pour monter une accusation de toute pièce.
Même avec l’habitude de ce genre de pratiques policières, dont il a déjà fait les frais, Samir a trouvé que là c’était trop, et a décidé de se battre, avec l’aide de l’association témoins et de son avocat (Me Debray). Celui-ci a soulevé au procès toutes les incohérences des versions policières (Samir se serait blessé en tentant de s’enfuir du commissariat, après avoir donné des coups aux policiers, alors qu’il avait les pieds et les mains menottés), ce qui n’a pas empêché le proc’ de requérir 8 mois d’emprisonnement, et le juge d’en infliger six avec sursis, ainsi que 400 € de dommages et intérêts et autant de frais de justice. Notons toutefois qu’un tel verdict, malgré ce qu’on pourrait penser, est la reconnaissance implicite que le comportement policier n’a pas été tout à fait exemplaire, puisque ce genre d’accusation se solde habituellement par de la prison ferme, surtout que Samir est en état de récidive.
Il faut vraiment être le dernier des citoyennistes pour penser que la justice peut être un rempart efficace contre les violences policières, puisque comme l’avoue parfois naïvement certains juges, il n’est pas possible de juger tout en mettant en doute les versions policières. Cela n’empêche pas de se battre pour obtenir la relaxe de telLE ou telLE accuséE, ou la démission de telLe ou telLE juge particulièrement répressif (suivez mon regard), ces victoires partielles s’inscrivant dans la lutte plus large contre le contrôle juridico-policier de nos vies.
Police partout, justice partout !
1) Ordre républicain bien sûr, l’ordre fasciste c’est quand les flics se débrouillent tout seul.
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