Monsieur Sévenier,
Je viens de lire mon interview dans le Lyon Mag de septembre, et j’avoue être assez surpris.
J’y apprends beaucoup de choses, mais sans me souvenir les avoir évoquées lors de notre entretien.
Je me rappelle que vous m’aviez dit gentiment : « vous êtes un jeune artiste, je suivrai votre carrière ».
Commencez donc par faire l’effort d’écouter ce que je dis lorsque je réponds à vos questions et de retranscrire justement mes propos, au lieu de m’attribuer des paroles que je n’ai jamais prononcé.
Vous me pardonnerez j’espère ce ton légèrement révolté que je m’autorise après que toute l’estime que je porte au métier de journaliste ai pris une claque cinglante à la lecture de votre article.
Venons-en au faits :
J’ai répondu à votre interview en expliquant le concept de « licence libre ». La licence libre est une extension au droit d’auteur qui permet par exemple à un artiste de distribuer sa création sur tout support en autorisant la copie, la redistribution et dans certains cas la modification de l’oeuvre. Tout ceci s’inscrit dans une certaine perception de la culture qui abolit notamment certains remparts absurdes entre l’artiste et son public, ou encore peut permettre des travaux collaboratifs sur une oeuvre. Ce modèle est inspiré des logiciels libres (dits : « Open-Source », ex : Linux, Firefox, etc...). J’ai utilisé ce modèle
là pour mon film : « Le Bal des Innocents ». Vous comprendrez qu’abattre cette philosophie à la question du « gratuit » au même titre que les journaux 20min et compagnie est un peu réducteur...
D’ailleurs, je ne vois dans votre article aucune allusion, si minime soit-elle à la dite « Licence Libre ».
A propos, pouvez me rappeler à quel moment j’ai parlé de gratuité du billet ? A quel moment ai-je osé dire que ce n’est pas avec le billet d’entrée qu’on paie les artistes ? A quel moment ai-je bien pu dire « quand les patrons d’institutions ou les producteurs défendent le prix du billet, c’est leurs propres intérêts qu’ils défendent » ? On nage en pleine ré-écriture de mes propos !
Peut-être cela servait-il à me mettre en parfaite opposition avec Philippe Faure ou Jean-Paul Bouvet cités dans la page à coté.
Mais je ne suis pas l’homme de l’opposition Monsieur Sévenier, je suis précisément l’homme du compromis.
Comment aurai-je pu dire que ce n’est pas avec le billet d’entrée qu’on paie les artistes alors même que l’entrée pour l’avant première de mon film était fixée à 5 euros ? Comment pourrais-je dire cela alors ce que je vous expliquais justement lors de cet interview que tout le défi d’un groupe de musique ayant fait le choix de la licence libre est précisément de vivre de ses concerts plutôt que de la vente de ses disques ? Il ne faut pas se leurrer, aujourd’hui plus de 90% des musiciens vivent de leurs concerts, pas de la vente des disques, il n’y a que Bénabar et la Star Ac qui ont un impact médiatique suffisamment important pour amasser tranquillement de l’argent sur la vente des disques alors les patrons d’industries (et non pas les patrons d’institutions, ne pas confondre) font la chasse au téléchargement illégal et dictent la loi DADVSI dans l’oreille de nos élus. Alors oui, j’ai très certainement dit : « quand les Majors du disque et du cinéma défendent un prix du CD/DVD exorbitant, c’est leurs propres intérêts qu’ils défendent », mais le sens de cette phrase est quand même bien différents des propos que vous m’attribuez.
Pour finir, le contenu de mon film, son style, et le choix de la licence libre comme contrat de distribution révèle une position assez clairement libertaire, alors vous pensez bien que je me serais bien gardé de choisir
la triste multinationale Mac Donald comme exemple dans n’importe lequel de mes arguments.
En lisant cet interview, je ne me reconnaissais pas, mais alors pas du tout. La moindre des choses maintenant est peut-être de publier la vraie version des choses, vous ne pensez pas ?
Bien Cordialement.

Joseph Paris
http://www.josephparis.c.la/