L’amphi Laprade de l’Université Lyon 2, sur les quais, est occupé depuis lundi 13 mars 20h.
Quelques 70 personnes sont passées pendant la soirée, pour participer à la vie de ce nouveau lieu, anciennement l’amphi le plus classe de Lyon !
Durant la nuit, la police a encerclé l’université jusqu’à l’arrivée du président Gilbert Puech, qui a brandi face aux grévistes, la menace d’une intervention policière.
Finalement, devant la détermination des occupant-e-s, prêt-e-s à conserver l’usage de ce lieu (si besoin avec des barrières de chantier), il a dû accepter l’occupation et renvoyer les keufs chez eux (ou ailleurs...)
Ce matin, les étudiants étaient accueillies par deux banderoles : « La fac, il faut que ça rock ! » et « Si tu veux un emploi stable, la police recrute ».
L’université reste occupée, un tract a été diffusé, une page d’accueil de Blog (cf ci-joint).
A huit heures, les étudiants en droit (et de droite : « La misère ça se vit tout seul. Moi j’ai d’la thune et j’vous emmerde ») avaient visiblement envie d’absorber les connaissances nocives distillées par leur fringant professeur cravaté.
Mais les grévistes tiennent.
Ils et elles ont envie d’y rester un bon moment, et n’attendent plus que d’être rejoints.
Fresque colorée. Musique à toute heure. Projection à 14h.
Le fameux amphi Laprade...
le tract :
« Dans une démocratie, d’abord on doit voter, on peut, le cas échéant, manifester dans le calme en passant des messages, mais se conduire en casseurs non ! »
Gilles de Robien, ministre de l’Education
Affrontements entre étudiants et CRS à Rennes.
A Toulouse. A Lille. A la Sorbonne.
Ce qui semble se jouer ici, c’est peut être plus que la simple protestation contre un texte de loi, plus qu’une bataille de chiffonniers autour de la gestion de l’exploitation, précaire ou sécurisée.
S’opposer aux flics, bloquer des gares, détruire la marchandise, c’est exprimer le refus du pouvoir, bloquer les rouages de la machine, faire exister une réalité autre et opposée à celle du monde du travail.
En face, on nous parle de débordements. Et c’est vrai qu’il y a là, de l’intensité, de la vie qui déborde.
Qui déborde jusqu’aux dispositifs qui entendent contenir la contestation dans des voies polies, policées, raisonnables.
Qui déborde ceux et celles qui tentent de nous maintenir dans l’impuissance.
En face, on nous refait le coup de la morale. De la division entre gentils collabos et « provocateurs », « casseurs », « trublions ».
Opération qui prend tout son sens dans la bouche d’un bureaucrate en pleurs : « une minorité d’extrême-gauche anarchiste est en train de foutre en l’air le mouvement. », crie-t-il.
En fait ce (piètre) mensonge peut bien être vrai... Peu importe. Chacun aura noté que cette fois, il s’est passé quelque chose : le conflit a mis fin, pour un temps, à la douce collaboration.
Car une des premières choses qu’il s’agit pour nous de casser, c’est cet assemblage, cette belle machine dont Gilles de Robien nous vante le mode d’emploi : vote et manifestation dans les règles de l’art, pour continuer à ne pas avoir prise sur notre vie. Casser cette pratique de l’impuissance que l’on retrouve, sans surprise, allégrement recyclée par les piteux boutiquiers de l’UNEF.
N’en déplaise à François Goulard, ce sous-ministre (« On ne doit pas bloquer une université ! »). Occupations et blocages se multiplient.
Il y a pour nous un enjeu à ce que ces prises de territoire, cette prise de parti, servent à construire des liens, des complicités, à élaborer collectivement des tactiques, en somme à bricoler un monde respirable, opposé par son existence même, au pouvoir.
Occuper l’espace. Suspendre le temps de la fac. Pour casser justement la monotonie installée.
En clair, suivre les bons conseils de G.de Robien : « il vous appartient de sauver votre année universitaire »
; en faisant autre chose de notre vie...
Dorénavant, la fac, il faut qu’ça rock !
blog :
celui-ci, légérement modifiée
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