Depuis plusieurs semaines, de nombreuses crises ont touché la France et son gouvernement, entre l’affaire Woerth, les violences à Grenoble et dans le Loir-et-Cher, les 21.000 euros partis en fumée avec les cigares de Christian Blanc, le permis de construire d’Alain Joyandet et bien sur l’élimination de l’équipe de France, considérée comme drame national (...).
A croire que tous ces scandales et leur révélations sont un souhait de la part du gouvernement de pousser le peuple à la révolte. Après tout, quelle meilleure excuse pourraient-ils trouver afin de nous plonger dans un quasi-totalitarisme ultra-sécuritaire ?
L’exemple des évènements de la semaine dernière nous le montre parfaitement. Un jeune délinquant abattu par la police, une armée de CRS qui viennent boucler tout un quartier dont certains de ses habitants ont commis l’affreux sacrilège d’exprimer leur colère, et l’UMP veut déjà alourdir la répression en expulsant les délinquants naturalisés français qui feraient preuve de violences envers les forces de l’ordre.
Alors comment se révolter, comment s’insurger contre les injustices et les inégalités sans pour autant rendre service au pouvoir en place ?
C’est une chose particulièrement difficile, d’autant plus lorsque le pouvoir fait tout pour nourrir les divisions au sein de la population (loi sur la burka, identité nationale, etc...).
J’ai donc décidé d’écrire cet article pour réfléchir aux différents modes d’actions possibles, de les analyser, et bien sur (le plus important) d’en débattre.
J’ai choisi 4 différents types de révoltes, l’analyse que j’en fais n’engage que moi, et je vous invite à en proposer d’autres dans vos commentaires
"Notre cœur ne bat plus vraiment et notre inconscient est fâché,
Stress, angoisse, cancers, dépressions notre compte s’est chargé,
Mais on ne cherche pas la cause et les effets qu’on aimerait chassés,
« Philosophie fast-food » pour que nos consciences soient terrassées,
Au nom de la dignité humaine, nous avons dis Assez !". Keny Arkana, Désobéissance civile.
La désobéissance civile constitue un refus de se soumettre à une loi considérée comme injuste ou inégale.
C’est un mode d’action particulièrement subversif et surtout non violent.
Les exemples les plus connus sont évidemment ceux de Gandhi avec la célèbre « Marche du sel » en 1930, et Martin Luther King dans les années 60 en pleine période de ségrégation.
Mais de nos jours, il existe également de nombreux exemples de désobéissance civile, tel que les déboulonneurs, un collectif qui lutte contre le système publicitaire, ou encore l’association Greenpeace qui mène de nombreuses actions, souvent considérées comme illégales, pour lutter contre la pollution (on est en droit de penser que les militants de Greenpeace font des choses bien moins illégales que ceux contre qui ils militent...).
Personnellement, je pense que la désobéissance civile est un très bon moyen de se faire entendre. Le coté non violent permet de légitimer l’action et d’éviter d’être stigmatisés comme « casseurs » ou pire...
D’un autre côté, la désobéissance civile est elle à elle seule assez efficace pour changer radicalement les choses ?
"L’insurrection est le fait de poser en acte le refus de l’ordre étatique existant (sous toutes ses formes) par les armes, par l’agitation sociale de rues, l’émeute, la guérilla urbaine, ou par la lutte de barricades.
L’insurrection est souvent la suite d’émeutes ou/et elle précède parfois une révolution (qui peut prendre diverses formes : nationale, sociale, économique, politique...). L’insurrection est donc essentiellement un moyen, les buts pouvant être divers (de même que pour les révolutions).". Définition de l’insurrection sur Anarchopédia.
Lorsque l’on pense à une action dont le but est de renverser l’oligarchie, la première idée qui personnellement me vient à l’esprit, c’est l’insurrection.
Avant tout, il faut savoir que l’insurrection est un droit, il est évoqué dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, l’article 2 évoque la résistance à l’oppression comme l’un des quatre droits naturels :
« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. ».
Mais l’article 35 de la constitution de 1793 est encore plus clair :
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».
Alors forcément, la question qui se pose est, est-ce que le gouvernement a suffisamment bafoué nos droits pour qu’une insurrection soit légitime ?
Mais en fait, cette question est inutile, selon moi, la vraie question, la plus importante est la suivante :
Sommes-nous capables de nous unir, d’oublier toutes les divisions fabriquées par le pouvoir et alimentées par les médias, et de marcher ensemble jusqu’à l’insurrection ?
Mais cela appelle une autre question : est-ce que les gens sont suffisamment conscients et révoltés, ont-ils suffisamment pris conscience de ce qui se passe aujourd’hui, reste t’il un soupçon d’esprit critique pour nous permettre de nous unir ?
Car je pense que l’insurrection ne peut se faire, et surtout être efficace, sans une prise de conscience individuelle d’une grande majorité du peuple, et à mon avis, on en est encore loin.
Mais il faut également penser aux conséquences d’une telle action, car dans les deux cas, les risques sont grands :
Un échec permettrait au gouvernement de faire passer des lois ultra sécuritaires et liberticides avec le consentement du reste de la population (les moutons qui n’auraient pas pris part à l’insurrection), souvenez-vous de ce qui s’est passé suite aux émeutes de 2005 qui avaient entrainé toutes une série de mesures tel que l’interdiction des rassemblements.
Une victoire pourraient également permettre à certains individus, syndicats ou partis politiques soit-disant de gauche de s’approprier le pouvoir, et là encore on pourrait basculer dans un régime totalitaire (je pense qu’il est inutile que je vous cite des exemples...).
C’est pourquoi, même si je pense que l’insurrection serait nécessaire, il faut être prudent, et surtout s’assurer qu’une fois le pouvoir renversé, personne ne s’en empare (j’espère que tout le monde n’est pas d’accord avec moi et qu’on en débattra en commentaires, car il me semble que c’est un sujet important).
"Mais regardez donc ce qui se passe en Russie, regardez le grand parti nihiliste, voyez ses membres qui savent si hardiment et si glorieusement mourir !
Que ne faites-vous comme eux ? Manque-t-il donc de pioches pour creuser des souterrains, de dynamite pour faire sauter Paris, de pétrole pour tout incendier ?
Imitez les nihilistes, et je serais à votre tête, alors seulement nous serons dignes de la liberté, nous pourrons la conquérir, sur les débris d’une société pourrie qui craque de toutes parts et dont tout bon citoyen doit se débarrasser par le fer et le feu, nous établirons le nouveau monde social". Louise Michel.
C’est à la fin du 19e siècle, après la tristement célèbre « semaine sanglante » qu’est né le terme de propagande par le fait.
La stratégie de propagande par le fait à été adopté par les anarchistes le 14 Juillet 1881 lors du congrès international anarchiste de Londres.
C’est alors que commence une longue série d’assassinats et d’attentats, impliquant des anarchistes, nihilistes et socialiste-révolutionnaires, trois mouvements influencés par les idées de Bakounine.
Les plus célèbres anarchistes ayant pratiqué la propagande par le fait sont Ravachol, Caserio qui assassina à Lyon le président de la république de l’époque, Sadi Carnot (voir la photo de l’article), et Auguste Vaillant qui commis un attentat pour venger l’exécution de Ravachol.
C’est à la suite de cet attentat que furent promulguées une série de lois visant à réprimer le mouvement anarchiste, les fameuses lois scélérates.
Au début du 20e siècle, cette série de meurtres et d’attentats donna au mouvement anarchiste une image de terrorisme, la propagande par le fait fût donc abandonnée au profit de l’action directe.
La propagande par le fait est donc, selon moi, un mauvais mode d’action.
Tout d’abord parce que, comme nous le montre ce qui s’est passé au début du siècle précédent, elle a pour conséquence la stigmatisation des anarchistes en tant que terroristes, mais aussi parce qu’elle donne l’occasion à l’État de faire passer des lois liberticides et ultra répressives.
4. La solidarité
Gérard sort de chez lui, il s’apprête à se rendre au bureau comme chaque matin dans son costard-cravate, la mallette qu’il tient à la main ne contient rien d’autres que les dernières éditions du journal gratuit du métro, mais au moins, elle lui donne l’apparence d’un cadre, et l’apparence, c’est le plus important.
En entrant dans la station de métro, il passe devant un sans-papier en train de se faire arrêter par la police, Gérard ne lui adresse même pas un regard et s’empresse de sauter dans le métro bondé qui est sur le point de partir.
Durant le trajet, Gérard reste dans son coin, il ne regarde ni ne parle à personne, après tout, ce ne sont ni des collègues de bureau, ni de la famille, ils n’ont donc aucun point commun avec lui alors pourquoi leur parlerait-il ?
Arrivé au bureau, Gérard s’installe à son poste de travail.
La matinée passe lentement, mais lorsque l’heure du déjeuner arrive, Gérard retrouve le sourire, il va pouvoir lire la page des sports de son journal en mangeant son steak-frite comme chaque midi.
En arrivant dans la file d’attente de la cafétéria du coin de la rue, il aperçoit une de ses collègue qui se plaint d’avoir perdu son portefeuille. Tant pis pour elle, elle mangera mieux ce soir, de toute façon elle a besoin de maigrir, elle est loin de ressembler à la top model de la page 27 du catalogue de La Redoute, et puis après tout, l’argent ne pousse pas sur les arbres.
Bon je ne vais pas vous raconter toute la journée de Gérard, je pense que vous avez cerné le personnage.
Gérard est le citoyen idéal, l’esclave moderne, amorphe et formaté, inconscient de l’inertie de son existence, noyé dans le flot de principes, valeurs morales, et autres conneries dont on lui à bourré le crane dès son plus jeune âge.
Mais ne le jugez pas trop vite, car Gérard est une victime du système, et après tout, vous et moi ne sommes peut être pas si différents de lui (je suis sur que beaucoup se sont reconnus lorsque j’ai parlé du top model de La Redoute, allez, avouez !).
Tout ça pour dire (car j’imagine qu’à force vous vous demandez ou je veux en venir...), que le système actuel ne laisse pas la place à la solidarité, la compassion, l’échange ou l’amour.
Et c’est volontaire, car il n’y a rien de plus dangereux pour le pouvoir qu’un peuple uni et solidaire, c’est pourquoi, comme je le disais dans l’introduction de cet article, tout est fait pour nous diviser.
Alors certains vont certainement penser que la solidarité n’a rien à voir avec les 3 autres modes d’actions. C’est vrai, mais si je parle de la solidarité c’est parce qu’aucun des 3 autres types de révolte ne peut se faire (hormis peut être, la propagande par le fait) sans solidarité.
De plus, la solidarité peut très vite devenir de la désobéissance civile :
Un sans-papier se fait arrêter par la police dans une station de métro ? Pourquoi les cinquante personnes qui passent au même moment ne s’interposeraient pas entre l’individu et les flics ?
Une famille doit se faire expulser de sa maison car sa banque à perdu toutes ses économies en bourse ? Ils auront du mal à les déloger si la maison est entourée de centaines de voisins solidaires.
Je pourrais citer d’autres exemples, mais en tout cas, voila ce que je préconise, la désobéissance civile couplée à une solidarité sans limite.
Alors bien sûr, cela ne renversera pas le pouvoir, mais c’est un début et c’est réfléchi.
En devenant de plus en plus solidaires envers les uns et les autres, en montrant l’exemple par la désobéissance civile, cela pourrait provoquer un effet boule de neige, de plus en plus de gens pourraient rejoindre le mouvement, et ca tombe bien, car il faut être nombreux pour s’insurger...
PS : Le personnage de Gérard présent dans le 4e chapitre est purement fictif et a été inventé par mon esprit tordu, toutefois, toute ressemblance avec des personnes existantes serait malheureusement peu surprenante.
PS2 (non non pas la console) : je n’ai pas cité la propagande classique, car selon moi, elle n’est plus du tout efficace à notre époque, mais je vous invite une nouvelle fois à partager votre avis (et bien sûr, à critiquer le mien) en commentaires
Source : CAC 69
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