Prison : miroir d’une société d’enfermement !

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La sélection de ceux et celles enfermé-e-s dehors (bracelets électroniques, assignation à résidence, aménagement des
“peines” résidences surveillées, ...), la sélection de ceux et celles qui “profiteront” des hôpitaux psychiatriques ou des prisons de travail extérieur, et la sélection de ceux et celles qui croupiront sous l’œil des caméras nous montre que la prison n’est qu’une partie de l’iceberg.

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La condition d’enfermement plus large, plus massive de la société toute entière est loin d’être un univers si étrange. L’Europe forteresse, les caméras, les matraques, les bavures, les nouvelles patrouilles, les recoupements de fichiers, les lumières artificielles, les aménagements urbains, les cartes magnétiques et autres puces, les flux tendus de salarié-e-s, l’aliénation par le travail... sont un tout interagissant ensemble sous une dynamique commune appliquée à tou-te-s les individu-e-s : différenciation, voire isolement, voire anéantissement !

La construction de nouvelles prisons prouve non seulement que l’état a sans cesse besoin d’augmenter le nombre d’enfermé-e-s, mais aussi de moderniser ses culs de basse fosse dans le sens du travail forcé ou de l’isolement croissant d’une partie de ses détenu-e-s. En France, le plan de construction actuel est ainsi axé sur des petites unité de moins de cinq cent prisonnier-ère-s qui se trouveront scientifiquement différencié-e-s dans la purge (l’expiation) de leur “peine”. Les grosses usines à punir comme Fleury Mérogis ne correspondent plus au besoin actuel basé sur le tout répressif avec une différenciation fondamentale entre les détenu-e-s.

La prison, cette impasse...

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La prison affiche officiellement trois missions :

- améliorer la situation sociale, psychologique et sanitaire des prisonnier-e-s.
- leur permettre de retrouver une place dans la société, une fois dehors.
- “protéger la société” par l’enfermement en “lieu sûr” des délinquant-e-s et criminel-le-s [1].

Comment la prison peut-elle prétendre remplir ces
missions alors que la société qui la construit “échoue” en dehors de ces murs ? Lieu d’exception à tous les droits, la tôle n’est pas en mesure de restituer à la société des individu-e-s “en meilleur état” qu’elle ne les avait accueilli-e-s.

Alors qu’à sa création le temps des châtiments était en principe révolu, la prison est encore un espace clos où sévices, punitions et tortures sont bien réels mais dont les murs ne laissent échapper aucun son... et quand la mort frappe ces murs, l’écho ne nous parvient pas, ou déformé et dénué de vérité.

On peut s’interroger, voire s’irriter, de la récurrence des discours pragmatiques qui guident toutes les couleurs politiques : “moins de suicides avec plus de surveillant-e-s, plus de réinsertion avec plus d’ouverture, plus d’argent,... et moins de surpopulation avec plus de prisons”. C’est irritant non seulement parce que ces propos complaisent aux médias et à cette fantômatique opinion publique, mais aussi et surtout parce qu’il s’agit bien d’idées reçues.

La société carcérale ne veut pas voir sa propre image que renvoie les murs des prisons, elle est engagée à poursuivre son idéologie et ses pratiques - avec intérêt et énergie -, à maintenir ses sujets dans la peur et la menace permanentes.

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Enfin, elle est engagée sur un terrain où tout doit converger pour donner du sens à la peine et en conséquence au système carcéral lui-même.

La prison n’est qu’un symbole, effrayant... c’est un lieu de non sens.

Qu’est-ce qui nous empêche d’imaginer sa destruction ?
Est-ce trop de la penser, ou alors pas assez ?...

Textes extraits de la brochure réalisée pour la semaine contre les prisons du 1er au 8 décembre. Vous pouvez contacter le collectif Persée par mail, persee at no-log.org, ou par téléphone au 04.72.85.90.56 ou au 06.30.78.49.18.

Notes

[1La politique sécuritaire crée les nouveaux crimes et délits par l’évolution du code pénal : principalement visées, les populations exclues par la précarisation, la pauvreté et les discriminations.

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