Quais du Polar 2012 Main basse du patronat

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La 8e édition du festival Quais du Polar se tenait à Lyon, pendant le week-end du 1er avril. Difficile de manquer l’événement, omniprésence de la comm’ oblige. Friand du genre, je me suis tapé quelques conférences qui alternaient entre le nombrilisme commun d’écrivains en recherche de crachoirs et des débats ma foi plutôt enthousiasmants. Mais.

L’une de ces conférences m’a particulièrement interpellée. L’intitulé de la conférence était « Aux urnes ou dans la rue : les auteurs français face aux élections présidentielles  ». Je m’y suis donc précipité, juste pour voir.

Franchement, j’ai été agréablement surpris même s’il n’y a eu que peu de débat, mais quelques prises de positions. Jérôme Leroy a pu essayé de nous convaincre d’aller voter Mélanchon. Serge Quadruppani s’est défini comme « anarcho autonome » et n’ira pas voter, «  le combat ne se situant pas dans les urnes  ». Olivier Bordaçarre nous fait une envolée « anarcho pessimiste » en citant Louise Michel et sa « malédiction du pouvoir ». Elsa Marpeau, plus encline à rester dans sa positon d’écrivaine, nous fait remarquer la prédominance masculine sur un thème « politique ». Son dernier ouvrage, black blocks laisse sous entendre une certaine vision du polar comme genre engagé. Bref, on s’est marré, on a réfléchit mais surtout on s’est bien marré.

Mais il y a un hic. Un gros hic, qui n’est pas seulement la présence de Jean-Louis Debré dans les auteurs invités (le bourgeois écrit aussi des polars).

Quais du Polar avait pour quartier général le Palais du Commerce. Celui même qui abrite la fameuse Chambre du Commerce et de l’Industrie (CCI). La CCI reste l’organisation par excellence du patronat français et des patronats locaux. Vous savez, le patronat. Le même qui, pour quelques dollars de plus, pousse des salariés en dépression, au suicide. Le même patronat qui cherche la plus bas coût salarial dans le monde entier, près à faire trimer des enfants dans des conditions infernales. Le même patronat qui soutient des dictatures meurtrières pour maintenir des parts de marché. Enfin, le même patronat qui détruit la planète pour notre bien.
Autant de thèmes, avec celui de l’extrême droite et des violences policières, qui ont fait les lettres de noblesse du polar engagé, du polar politique et social. Et bien les écrivains ont discutaillé politique et social entre les dorures et les peintures du palais du commerce de Lyon. Et que je sache, personne n’a trop protesté. Certainement, certains auteurs (dont ceux cités plus haut), n’ont pas dû être à leur aise entre ces murs. Mais ils ne l’ont pas clamé. Dommage.

En guise de deuxième lieu de conférence, l’Hôtel de Ville. Je n’y étais jamais rentré. Je pense que ce sera la dernière fois. Fait bizarre, en rentrant, on ne sent pas la pisse dans les halls, les peintures ne sont pas écaillées. Tout est nickel, les couloirs et les lustres sont immenses et les salons n’ont pas à rougir de ceux de Versailles. Collomb, un gars du peuple, on vous dit. A l’heure des expulsions locatives, il faudrait penser à le foutre dehors, lui qui n’est somme toute, que le locataire autoproclamé de l’Hôtel de Ville.

Hôtel de ville ou Palais du Commerce, voilà les lieux dans lesquels se sont déroulés les Quais du Polar 2012. Pouvoir politique et pouvoir économique. Et ça fout les boules. Preuve, s’il en est une, de l’incroyable capacité du capitalisme à ingérer la dissidence, la critique, la désobéissance. Jusqu’à un certain point, bien entendu. Preuve aussi de la proximité de Collomb avec le patronat local. Faudrait que le Poulpe aille fureter par là bas, ça doit magouiller comme il faut.

A quand un Quais du Polar sous des barnums à La Duchère, ou à la Bourse du Travail ? A quand un Quais du Polar où les amateurs peuvent avoir leur mot à dire, où les débats remplacent les conférences (une partie en tout cas) ? Ça aurait plus de gueule. Mais ça supposerait une autre municipalité, pour le peuple et surtout par le peuple.

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  • Le 18 avril 2012 à 23:33, par nico

    dans un moment d’égarement j’ai volé black bloc le livre d’elsa marpeau, comme il est évoqué ici je voudrai préciser que c’est vraiment un très mauvais livre, au delà de l’intrigue inexistante le milieux autonome y est décrit de manière caricaturale, s’en est ridicule. ce livre est une perte de temps.

  • Le 4 avril 2012 à 13:49, par anyone

    Sans compter une soirée « sexy » paillette le samedi soir à l’académie de billard, sur fond de « shooting » photo, de champagne, de thème années 30-40 pour les costumes et d’effeuilleuses « new-burlesque ». Le bar servait de grandes bières allemandes d’un demi-litre qui donnait un coté « Vienne, 1930 » à nous tous dandys dandettes dans nos costumes trois-pièces..

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