Que se passe-t-il à Nouméa ?

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Un Lyonnais qui a passé plusieurs années dans ces îles du Pacifique qu’on dit françaises s’inquiète de la situation en Kanaky où on emploie la répression sauvage pour contrecarrer un combat syndical légitime face à la mondialisation capitaliste. Il a sélectionné trois communiqués syndicaux et une « versatile » de Jimmy Gladiator.

Pour Jean Marie Tjibaou, il était très difficile de traverser « le rideau de fleurs », aujourd’hui, c’est très difficile de traverser la coupe du monde de foot...
Mais pourquoi tant de violences en Kanaky ?

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UN CAS NOUÉ AUX KANAKS

Que le patronat envoie la troupe sur des grévistes, dont les
responsables syndicaux sont sauvagement interpellés avec mise en examen
à la clé, ça s’appelle la lutte des classes. Nous devons être préparés
à faire front contre ces jougs.

Que la flicaille métropolitaine cogne sur tout ce qui bouge, flash-ball
en avant, ça s’appelle la répression aveugle, ici grossie d’un racisme
colonial insolent.

Ce qui est à remarquer tout de suite, c’est que tous ces actes
terroristes en uniforme ont été commandés par le parti indigène
indépendantiste, le FLNKS, montrant ainsi de quel côté de la barricade
sociale se trouve, FORCÉMENT, un parti de pouvoir.

A BAS TOUS LES POUVOIRS !
LIBERTÉ SANS CONDITION POUR LES SYNDICALISTES ARRETÉS EN KANAKY !
SOLIDARITÉ DE CLASSE AVEC LES GRÈVISTES !
VIVE LA GRÈVE GÉNÉRALE CONTRE LAPRESSION !

Jimmy Gladiator
LA LETTRE VERSATILE du 10 juin 2006 [1]

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INTERVENTION MUSCLÉE DE L’ARMÉE FRANCAISE A NOUMÉA CONTRE DES SYNDICALISTES

Ce jeudi 8 juin à 14h à Nouméa (5h du matin heure française), les forces de
l’ordre ont attaqué violemment les syndicalistes de l’USTKE qui
tenaient le piquet de grève sur le port depuis 20 jours (pour plus
d’explications, voir sur ce conflit du port de Nouméa ).
Sur des bateaux ultra rapides, les militaires sont arrivés par la mer
et ont chassé violemment les syndicalistes. Soutenus par des
hélicoptères, ils les ont poursuivis dans le centre ville pour les
arrêter. Des commandos militaires ont surgi de camionnettes banalisées,
tiré à tir tendu au flash-ball sur la population et embarqué au final
17 personnes, dont Gérard Jodar et Alain Boewa, respectivement
président et vice-président de l’USTKE. Scénario d’intervention digne
d’une armée d’occupation !

L’USTKE appelle toutes les organisations syndicales et politiques à
réagir contre ces méthodes de l’Etat français et à réclamer la
libération immédiate des syndicalistes.

Communiqué de « l’Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités » (USTKE), le 8 juin 2006

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Nouméa - Conflit du Port
LAPRESSION VIOLENTE DES FORCES DE L’ORDRE CONTRE L’USTKE

Alors que les discussions avaient repris avec le gouvernement pour
trouver une solution au conflit qui oppose l’USTKE à la MSC, l’État a
envoyé ses forces répressives sur les militants de l’organisation,
arrêtant du même coup le Président Gérard JODAR, le Vice-Président,
Alain BOEWA ainsi qu’une quinzaine d’adhérents, le jeudi 8 Juin vers
13h30.

La violence avec laquelle les gendarmes mobiles sont intervenus est
digne d’un film de guerre.
Après s’être introduit dans le Port par voie maritime, les mobiles ont
repoussés les militants jusque dans la ville, n’hésitant pas à faire le
ménage tout autour d’eux. Un véritable vent de panique s’est emparé des
passants qui marchaient tranquillement dans la ville ou qui attendaient
le bus près de l’hôpital et qui ont été pour certain d’entre eux des
cibles des forces de l’ordre, ne sachant pas reconnaître les grévistes
des passants.

Les tirs de flashball à bout portant ont touché des militants regroupés
au carrefour de la Police Municipale. Une deuxième charge est alors
intervenue en plein centre ville, encore plus brutale que la première
et à nouveau des tirs incessants de flashball et de grenades se sont
fait retentir vers la Cafat, dans la rue de la République et dans la
rue de l’Alma, blessant d’autres militants.

Appuyé par l’hélicoptère de la gendarmerie, les forces de l’ordre ont
menés simultanément des actions musclées jusque dans l’enceinte de
l’Hôpital, embarquant les grévistes blessés qui y s’étaient rendus,
dont le secrétaire général de la Fédération Mines, Charles N’Gaiohny.
Jamais une telle violence n’avait été remarquée depuis la période des
évènements.

La voie de la violence qu’a choisie l’Etat a été totalement
disproportionnée par rapport au conflit qui était entré dans sa
troisième semaine et n’entravait pas les accès du Port. Les médias ont
joués un rôle déterminant dans l’intervention car depuis le début du
conflit, ils se sont positionnés dans le camp des opposants à l’USTKE,
en refusant systématiquement de relater objectivement l’information,
privilégiant à chaque fois les interviews de Mr Malmezac. Cela s’est
encore vérifié hier soir au journal télévisé.

L’autre élément et peut-être le plus important qui a motivé, convaincu
et conforté cette intervention ont été les déclaration du FLNKS qui ne
connaissant absolument rien du problème ont demandé publiquement
l’intervention de l’Etat pour dégager l’USTKE.

L’unanimité des forces politiques étant réunie, l’État a donc fait sa
sale besogne de nettoyage du Port, ne réglant d’ailleurs en aucune
manière le fond du problème portant sur la préservation des équilibres
économiques et sociaux très gravement menacés par les arrivée
incontrôlées des géants que sont les compagnies « MAERSK » et « MSC »
respectivement n° 1 et n° 2 mondiaux.

L’USTKE tient à réaffirmer avec force que ce combat qu’elle a engagé
contre les méfaits attendus de la mondialisation sur le port de Nouméa
ne cessera pas, loin s’en faut, suite à cette intervention sauvage des
forces de répression coloniales. Bien au contraire, cette attaque
brutale lui donne raison dans sa lutte et renforce encore davantage la
détermination de ses adhérents.

Par ailleurs, l’USTKE condamne avec force les incitations à
l’intervention des gendarmes mobiles et de la police de Paul NEAOUTYNE
Président de la Province Nord et du Bureau Politique du FLNKS par la
voix de son porte-parole Victor TUTUGORO.
Il est désormais clair que ces politicards dits indépendantistes sont
devenus des alliés zélés du pouvoir colonial car cet appel au concours
répressif de l’état français n’est que la dernière illustration de
leurs reniements successifs depuis des années.
Les masques tombent et toutes les composantes du pays mais aussi au
niveau national et international découvrent petit à petit les
véritables visages de ces manipulateurs.

Depuis zéro heure la grève générale est effective sur l’ensemble de la
KANAKY et il est demandé à tous les adhérents d’être à l’écoute et de
suivre scrupuleusement et activement les mots d’ordre du Bureau
Confédéral.

Communiqué de l’USTKE, Nouméa le vendredi 9 juin 2006

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CONFLIT du PORT
ou l’inconsistance du Gouvernement Local et l’inconséquence de l’Etat Français

Jeudi 08 Juin 2006, alors que des discussions reprenaient avec le gouvernement local, l’Etat faisait dégager violemment les militants de l’USTKE présents aux abords du Port Autonome de Nouvelle Calédonie. L’USTKE qui réclame des garanties et un contrôle quant à l’arrivée des deux plus grosses compagnies maritimes mondiales a donc eu pour réponse à sa revendication légitime la brutalité des forces de l’ordre de l’Etat Français avec à la clé l’arrestation de 17 militants et responsables de l’organisation.

En premier lieu le Bureau Confédéral tient à dénoncer ces arrestations arbitraires ainsi que les placements en garde à vue qui s’en sont suivis.

L’USTKE va donc déposer plainte contre l’Etat.

En second lieu l’intervention des forces de l’ordre s’est faite alors qu’il n’y avait aucune entrave à la liberté de circuler ni de travailler. Physiquement rien ni personne ne perturbait le fonctionnement du Port Autonome autre que les mises en garde de l’USTKE sur le traitement du bateau de la MSC, compagnie maritime responsable de cette situation.

Depuis 1853, date de prise de possession par l’Etat Français de la Nouvelle Calédonie, la constitution française est supposée s’appliquer et le droit de grève est un droit constitutionnel. Ce droit de grève a été bafoué par l’Etat et ses forces répressives qui ont pris des risques inconsidérés sachant qu’à quelques dizaines de mètres du point de départ de leur intervention se tenait une exposition à laquelle participaient de nombreuses familles avec leurs enfants qui se sont vu obligés de trouver refuge dans le hall d’exposition de la maison des artisans.

L’Etat par son action brutale, disproportionnée et dangereuse a montré son inconséquence.

Mais pourquoi donc l’Etat a-t-il choisi de mener cette opération que rien ne justifiait ce jour là ? Il faut y voir deux raisons principales autres bien évidemment que celle de casser un peu d’USTKE .

La première nous la retrouvons sur le site de Goro Nickel qui depuis plusieurs mois est protégé et gardienné par les gendarmes payés par les contribuables français et au service, sur ordre du gouvernement français, de la multinationale canadienne Inco. La démarche est donc la même sur le Port. l’Etat est intervenu alors que toutes les compagnies maritimes et d’acconage circulaient et travaillaient normalement pour défendre et protéger les seuls intérêts de la compagnie étrangère MSC (Méditerranean Shipping Company), numéro 2 mondiale.

Les travailleurs du Port de St NAZAIRE en France comprendront certainement pourquoi l’Etat se montre si empressé auprès de cette compagnie... Paquebots obligent...

La seconde raison, plus locale celle là, pour laquelle l’Etat a fait sa démonstration de force repose sur le consensus politique qui s’est manifesté par les appels à la prise de ses responsabilités par l’Etat, comprenez l’intervention des forces de l’ordre.

De l’Avenir Ensemble en passant par le Front National, le Rassemblement UMP et le Bureau politique du FLNKS, tous ont demandé cette intervention. A noter que c’est la première fois depuis sa création que le FLNKS demande ouvertement à l’Etat français d’intervenir contre une autre organisation indépendantiste.

Mais l’USTKE tient à faire savoir aux militants que depuis bien longtemps elle a fait la différence entre les bureaucrates du Bureau politique et les militants sur le terrain. Le FLNKS reste la propriété d’un peuple au service d’un combat. Le FLNKS a été créé avec, entre autres, une démarche visant à mettre en place un système de philosophie socialiste. Une répartition des richesses équitable, un rééquilibrage de la société en faveur des Kanaks seuls vraies victimes de la colonisation, une protection de notre industrie de production seule garante du développement de l’emploi le tout s’inscrivant dans une démarche de décolonisation au travers d’un vrai projet de société proposé et porté par les politiques en charge des institutions et notamment le Gouvernement de Nouvelle Calédonie.

Mais ce Gouvernement demeure imperturbable plutôt enclin à faire de la gestionnite des affaires courantes, occupé qu’il est à durer à défaut d’innover.

L’inconsistance du Gouvernement Local aura poussé l’Etat à passer à l’acte.

Le conflit du Port est une nouvelle fois une belle démonstration de la frilosité de ceux qui sont qualifiés de « décideurs politiques... ».

L’arrivée des compagnies maritimes Maersk numéro 1 mondiale et MSC numéro 2 mondiale n’a pas l’air de les émouvoir plus que ça. Il est vrai que la colonisation économique galopante est certainement pour eux le meilleur rempart à l’indépendance politique et institutionnelle.

Il est donc clair aujourd’hui que seul le mouvement social peut encore tenter de rétablir les équilibres susceptibles de garantir une décolonisation intelligente.

Le conflit du Port est un exemple parmi tant d’autres au travers duquel il faut faire accepter la démarche de rééquilibrage et de sauvegarde des intérêts du pays.

C’est à cet effet que le Bureau Confédéral de l’USTKE a décidé, après avoir manifesté fortement contre l’intervention des forces de l’ordre, de maintenir le préavis de grève général qui prendra effet si d’aventure les Compagnies MSC ou Maersk venaient à toucher dans les jours qui viennent le Port de Nouvelle Calédonie sans qu’une solution ait été trouvée apportant les garanties sur les équilibres économiques et sociaux de ce Port.

La mobilisation est plus que jamais d’actualité.

Communiqué de l’USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités) du 10 juin 2006

P.-S.

Site USTKE

Notes

[1LA LETTRE VERSATILE DE JIMMY GLADIATOR -
n° 247, parution aléatoire -
10 juin 2006

osman10persee(Arobase)jimmy.gladiator.name

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