La règle de grammaire qui fait que, dans la langue française, « le masculin
l’emporte », est une application dans le champ linguistique de ce rapport
de domination. Elle a été construite et appliquée par des hommes. Si cette
règle est issue de ce rapport de domination, elle y joue aussi un rôle.
Ainsi, par exemple, si l’on parle d’un groupe de « travailleurs » quand la moitié, ou une majorité, ou même une toute petite minorité de ce
groupe ne se définit pas comme « homme », cela participe de l’invisibilisation et de la relégation de ces autres (femmes, transexuel-le-s, transgenres, intersexuel-le-s, intergenres, ...) à une position dominée. Mais il est aussi possible d’orienter la grammaire dans une autre direction.
Dans certaines langues, des formules neutres, non-genrées, existent de
longue date ou ont été créées plus récemment. Par exemple, en castillan,
alors que la grammaire officielle parle de presos (prisonniers) et presas (prisonnières), on peut parler de presxs (prisonnier-e-s).
En français, la division grammaticale officielle est aussi binaire :
masculin, féminin. Mêler ces deux formes grammaticales est alors une
solution envisageable pour englober toutes les personnes, qu’elles se
définissent dans une de ces deux catégories, ou dans aucune des deux.
Notre positionnement politique, en tant que média et en tant que collectif anti-autoritaire, est donc d’encourager l’utilisation de la féminisation. Désormais, tous les articles produits par des membres du collectif (en tant que tel-le-s) ou par le collectif lui-même seront systématiquement féminisés.
Nous exhortons les rédacteur-ice-s à féminiser les articles qu’ils-elles proposeront désormais sur Rebellyon. Si tel n’est pas le cas, il leur sera demandé l’autorisation (cette demande sera systématique), par l’équipe de modération, de le faire à leur place. Évidemment, si un-e rédacteur-ice venait à refuser cette pratique et désire que son article demeure masculinisé (libre à cette personne d’expliquer pourquoi), aucune modification de ce type ne sera apportée à son article.
Dans un autre ordre d’idées, les articles issus de « sources externes » (a fortiori si cette « source externe » est couplée à l’article, par exemple sous forme de lien hypertexte, d’image ou de document .pdf), tels des tracts, des textes publiés sur d’autres sites, ou des extraits de livres, ne seront pas féminisés (sauf avec l’autorisation de la personne rédactrice ou du collectif rédacteur), par respect pour la forme d’origine du texte en question. Les textes sans auteur-e-s (individuel-le ou collectif), anonymes, ou tout simplement libres d’être repris et modifiés, n’entrent pas dans cette catégorie et seront systématiquement féminisés.
Nous n’imposerons aucune forme de normalisation de la pratique de féminisation, c’est pourquoi nous encourageons la créativité dans cette pratique. Libre à chacun-e de féminiser de la manière qu’il ou elle jugera efficace, pertinente, politique, esthétique ou artistique. Ainsi, vous pouvez utiliser aussi bien les mots mêlés (« squateureuses »), séparés (« les travailleuses et travailleurs »), les majuscules (« nos amiEs ») que les tirets (« nous avons été expulé-e-s »), les points (« nous sommes tou.te.s en devenir ») ou les slashs. Cette courte liste n’est pas exhaustive, c’est pourquoi nous précisons ici que seules les parenthèses, pour des raisons symboliques évidentes, ne seront pas acceptées.
Par ailleurs, n’hésitez pas à solliciter l’aide de l’équipe de modération si vous rencontrez des difficultés à mettre en place la féminisation de votre texte.
Quelques éléments simples pour féminiser vos textes :
Ne pas employer que les masculins. Exemple :
- Écrire « Les travailleuses et les travailleurs en grève » plutôt que « Les travailleurs en grève ».
N’oubliez pas d’accorder les adjectifs ! Exemple :
- « Les travailleurs et les travailleuses ont été licenciéEs. »
Féminiser les termes et soyez créative/fs ! Exemples :
- Les bergers et les bergères = les bergerEs
- Les squatteuses et les squatteurs = les squatteureuses ou les squatteurSEs
- Ceux + celles = ceulles
- Eux + elles = eulles
- Ils + elles = ielles
Favoriser l’utilisation des mots neutres et féminins de préférence :
- "Les personnes" plutôt que "les hommes" ou "les individus"
Si vous avez des doutes sur l’aspect général de votre féminisation, n’hésitez pas à demander à l’équipe de modération lorsque vous proposez votre article.
Exemple de texte :
Si nous sommes devenu-e-s squatteureuses, c’est bien par nécessité, nécessité de vivre hors du monde qui ne nous laisse le choix que d’être exploité-e-s, humilié-e-s, dépossédé-e-s, névrosé-e-s. Nécessité de faire de nos existences à toustes une serrure explosée, un carreau pété dans les murs érigés par ceulles qui nous dominent.
Tant qu’ielles joueront avec nos vies, qu’ielles se méfient de nos sourires !
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