Rêves d’Europe et cauchemar sécuritaire : les murs de la mer

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Dans son numéro de novembre, le journal CQFD revient sur la situation des migrant·es autour de Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnoles au Maroc, seules frontières terrestres de l’Union européenne avec le continent africain. Une violence au quotidien dont témoignent les migrants rencontrés par le mensuel.

Moins exposé médiatiquement que les routes migratoires de Méditerranée centrale ou de mer Égée, le détroit de Gibraltar est resté un lieu de passage où les soldats marocains jouent le rôle de supplétifs des politiques européennes. Les voyageurs sans visa y vivent de longues périodes d’attente, de violence et de misère. Reportage à Tanger, Ceuta et Melilla.

(…) Melilla est, comme Ceuta, une enclave espagnole située en territoire marocain. Ces deux villes autonomes sont les seules frontières terrestres existantes entre l’Union européenne et l’Afrique. Arriver à Melilla en venant du Maroc, c’est se confronter à la « barrière », un dispositif destiné à empêcher l’entrée sur le territoire espagnol des migrants dits « illégaux ».

En une quinzaine d’années, elle n’a cessé d’être renforcée. Double rangée de barbelés, douves de plusieurs mètres de profondeur, postes de surveillance des soldats marocains, triple barrière de 6 mètres de haut (parfois surmontée de barbelés) avec mécanisme d’entrave en cas de franchissement, vidéosurveillance généralisée, détecteurs de mouvements, rondes d’observation des militaires… Une véritable balafre sur le paysage. Et un marché juteux pour l’industrie de l’armement. (…)

Dans un récent rapport, l’ONG néerlandaise Transnational institute (TNI) montre que le business de la frontière est en plein boum : « Estimé à quelques 15 milliards d’euros en 2015, il devrait augmenter à plus de 29 milliards d’euros par an en 2022 [4]. » Elle ajoute que l’UE a prévu de dépenser 4,5 milliards d’euros sur la période 2004-2020 afin de sécuriser ses frontières extérieures et que « le budget de Frontex, principal organisme de contrôle des frontières, a augmenté de 3688% entre 2005 et 2016 (de 6,3 millions d’euros à 238,7millions d’euros) ».

Ironie de l’histoire, les entreprises à la pointe de la militarisation des frontières européennes vendent également des armes qui équipent les guerres actuellement en cours au Moyen-Orient et en Afrique, grandes pourvoyeuses de réfugiés. Marchands d’armes le matin, négociants en barbelés l’après-midi. Et le rapport de conclure, « les entreprises qui créent la crise sont celles qui en profitent ».

La barrière de Melilla sépare deux territoires en guerre. Mais l’Espagne et le Maroc ne sont pas (ou plus) en conflit. La violence, tant symbolique que physique, est désormais dirigée contre les migrants. Omar Naji, militant de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), décrit l’ambiance : « À Nador, tu ne peux pas marcher en ville si tu es Noir, la police te rafle. » Dans les montagnes entourant l’enclave espagnole, « les descentes des forces auxiliaires marocaines s’accompagnent d’arrestations, y compris de personnes disposant de titre de séjour, et de destruction des tentes et abris ». La surveillance et le harcèlement sont constants : « Une fois par semaine, un hélicoptère de l’armée survole les bois afin d’estimer le nombre de migrants qui s’y cachent. »

À coup de gourdin ou de pierres, les « Alis » – surnom donné par les migrants aux soldats marocains – se déchaînent. Les Subsahariens arrêtés lors de ces raids sont emprisonnés, hors de tout cadre légal et sans limitation de durée, dans des centres de rétention (souvent des bâtiments publics réquisitionnés), en attendant un refoulement vers le Sud.

La suite à lire sur : http://cqfd-journal.org/Les-murs-de-la-mer

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