Dans les rêves les plus fous de notre Gégé, c’est une dizaine de tours flambant neuves qui devraient fouler les cimes lyonnaises d’ici la fin de son règne. Or à ce jour, seules deux d’entre elles ont finalement pu voir le jour aux côtés de la vieille tour du crayon. Pour accélérer le développement de son projet et permettre l’implantation rapide de nouvelles tours, tous ses réseaux sont mis à contribution.
Chez ses amis du « Progrès Economie », un nouvel article à la gloire de la métropolisation hypertrophiée, sorti le 15 janvier dernier, fait ses gros titres sur l’adhésion des lyonnais au projet. Selon ce « sondage » à la méthodologie plus que douteuse, 59% des lyonnais se montreraient en effet favorables à l’implantation de nouvelles tours dans le quartier de la Part Dieu. Une véritable aubaine pour l’équipe de Collomb, à quinze mois des prochaines élections municipales ! Mais contre toute attente, c’est cette enquête, pourtant si complaisante à l’égard de Collomb et de sa politique de marketing urbain, qui a réanimé ses plus farouches opposants.
Le collectif d’habitants "Part-Dieu", qui se mobilise depuis 2005 contre la rénovation urbaine forcenée de ce quartier et la destruction de la mixité sociale, s’est saisie de cette enquête pour mieux la dénoncer :
« [Cette] enquête représente une véritable manipulation de l’opinion publique puisque aucune méthodologie de représentativité des sondés n’a été mise en place (ont répondu ceux qui ont bien voulu, cela ne garantit en aucun cas que ce soit représentatif de l’avis des lyonnais, puisque l’échantillon ne l’est forcément pas) et aucun débat n’a été organisé sur les avantages et inconvénients de tels projets (coûts, consommation énergétique, conséquences environnementales, hausse prévisible du foncier, nuisances pour les riverains, problèmes d’insertion urbaine, impact paysager sur la Skyline lyonnaise, alternatives possibles, etc…). »
Le collectif, qui dénonce cette désinformation, faite à coup de communication clinquante et onéreuse du projet de refonte urbaine verticale de la Part Dieu, s’est toujours battue à forces inégales, face au rouleau compresseur des politiques et multinationales du béton, solidement liés pour le meilleur, et surtout pour le pire. Ce lien est devenu encore plus puissant avec la création en 2014 de la « SPL La Part Dieu » [1] qui permet en gros de passer outre l’obligation de faire des appels d’offre pour réaliser des chantiers. Cette SPL est détenue à 90% par la Métropole et 10% par la ville de Lyon avec bien entendu à sa tête ... ce bon vieux Gégé la fripouille ...
Le collectif profite de la sortie de ce sondage, grossière publicité à la politique de Collomb, mais aussi de la conjoncture nationale de développement des débats publics, pour contrecarrer cette mauvaise réclame en invitant à inclure véritablement les lyonnais.es dans la décision, y compris celles et ceux que l’on a si longtemps réussi à invisibiliser :
« Comme notre président nous invite au grand débat en toute franchise, sans tabou, on pourrait à Lyon organiser un vrai grand débat sur l’urbanisme qui permettrait d’éclairer ce référendum. [ ...] qu’un véritable référendum citoyen soit organisé sur cette question et laisse la possibilité à tous les habitants de la Métropole de s’exprimer. Ce véritable débat serait largement ouvert à tous les avis contradictoires qui pourraient s’exprimer, à part égale, sur les conséquences et les enjeux des différents aménagements. »
Bref, au moment où tout semblait bouclé, où les tours "Silex 1&2", "To-Lyon", "Sky 56" et toutes les autres allaient pouvoir sortir de terre sans aucune forme de débat, l’idée d’un "grand débat" sur le développement de la Skyline de la Part Dieu doit en faire frissonner plus d’un dans l’entourage de Collomb. Si un tel débat a lieu, ce qui, avouons-le, est loin d’être pour l’heure assuré, le choix d’implantation des tours pourrait être remis en cause, ce qui constituerait une véritable coup de tonnerre au niveau de l’urbanisme lyonnais, à l’heure où le nouveau PLU-H (Plan Local d’Urbanisme et de l’Habitat) s’apprête à entrer en vigueur.
Face à la mise sous silence de tous les contre-pouvoirs à son action durant des années, Collomb voit revenir plus forte et plus légitime que jamais, une opposition à son projet de ville verticale qu’il ne parvient plus à faire taire.
Alors qu’auparavant, rien ne semblait pouvoir résister à la « machine à broyer Collomb », cette opposition profite du lent mais inexorable effritement du pouvoir de Gégé depuis son retour anticipé en mode « sauve qui peut » du gouvernement. Son pouvoir totalitariste sur le territoire lyonnais prend du plomb dans l’aile, et même ses vieux poulains n’hésitent plus à le mettre en difficulté et lui ravir le pouvoir, Kimelfeld en tête. Ce dernier, en promettant de se re-présenter à la tête de la Métro, réalise en effet un nouveau pied de nez à son vieux maitre, qui ne peut plus qu’enrager en silence. Si l’on se souvient que, dans le cas de la restructuration de la Part Dieu, la Métropole détient 90% de la SPL, Collomb perd une grande partie de sa main mise, et va devoir apprendre à ne plus décider seul de l’avenir du quartier...
Reste à voir si tel l’effet papillon, ce petit grain de sable dans la chaussure du Collomb contribuera à le faire dégringoler encore plus vite, ou si tel un phénix il renaitra encore plus fort ...
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