Passer à l’offensive
Depuis deux décennies, face aux offensives menées par l’État et le capital, le mouvement social est allé d’échec en échec. Retraites, privatisations, réformes successives de l’éducation, droit du travail, protection sociale, restriction des libertés : toutes ces régressions se sont succédées à un rythme régulier, obéissant à une cohérence implacable dont les différents gouvernements, de droite comme de gauche, ont été de fidèles exécutants.
Face à cela, le mouvement social a tenté de résister, avec des moments forts, mais encadré par des syndicats responsables qui ont mis un point d’honneur à empêcher tout débordement susceptible de mettre en danger l’ordre social dont ils sont les partenaires. Or c’est cette résistance qui pose problème dans la mesure où nous nous contentons de réagir aux attaques patronales, d’être sur la défensive au lieu de passer à l’attaque. Les luttes ne s’orientent plus vers la conquête de nouveaux droits ou vers la construction d’une autre société, mais cherchent à préserver les maigres conquêtes sociales restantes. Chaque nouvelle étape de l’offensive patronale semble condamner les mouvements sociaux à s’accrocher à ce qu’ils ont combattu antérieurement, comme si cela représentait un idéal à défendre. C’est ce qui s’est produit, par exemple avec la succession des réformes des retraites : en 2003, il s’agissait de maintenir 37,5 années de cotisation et la retraite à 60 ans. Après la victoire patronale, la grande majorité des organisations syndicales a intégré la régression. En 2010, face à une nouvelle réforme, c’est la situation combattue sept ans plus tôt qu’il s’agissait de préserver. Nous reculons pas à pas, condamné·es, faute de mieux, à défendre le présent pour éviter le pire. Or nous ne pouvons nous contenter de ce présent.
Comment s’étonner, dès lors, de l’accablement et de la résignation qui s’emparent de beaucoup de nos contemporains et qui parfois nous menacent ? Le sentiment de l’inéluctabilité du capitalisme, allié au peu d’enthousiasme que nous avons à lutter pour défendre une situation injuste afin d’éviter une plus grande injustice, risque de nous conduire au découragement.
Pour le combattre, ils nous appartient de construire de vraies revendications, des revendications qui soient utopiques pour la société capitaliste, qui visent à construire un autre monde et fassent renaître le désir et la joie de lutter.
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