« Elle est pour qui la banane ? Elle est pour la guenon. » Quelle est belle l’innocence de l’enfance quand elle prend le visage de la haine et de l’intolérance.

Un constat s’impose : la parole raciste s’exprime plus ouvertement ces derniers mois, elle apparaît fière de ses idées et s’assume. Elle participe et profite d’un climat de stigmatisation plus pesant depuis la libération de la parole homophobe dans le sillage de la « manif pour tous ». Elle doit amener à une réaction forte de la part de tous et toutes. Dans ce sens les propos tenus contre la ministre de la justice ne sont ni tolérables ni acceptables.

Le principe de cette marche est louable et nous soutenons évidemment tous ceux qui se réclament de l’antiracisme. Cependant quel étonnement devant le silence persistant quand le racisme frappe les rroms.
Mais qui sont ceux qui appellent à cette marche contre le racisme ? Ceux-là même qui défendent le démantèlement des camps de rroms ? Qui les expulsent ensuite ? Qui les font vivre dans des conditions de misère, sous prétexte qu’ils n’ont pas « vocation à s’intégrer » ? Qui vont chercher des enfants sans-papiers dans les écoles ?

Le racisme n’est pas détestable seulement lorsqu’il s’attaque à un membre du gouvernement, mais aussi lorsqu’il touche des populations fragiles et isolées qui n’ont pas les mêmes moyens de défense et qui subissent de plein fouet le racisme.

Quelle ironie de voir M. Valls s’émouvoir face aux propos tenus à l’encontre de M^me Taubira ou de demander la dissolution de certaines organisations d’extrême-droite quand celui-ci applique lui-même une politique discriminatoire contre les rroms.
En déclarant « qu’ils ne veulent pas s’intégrer » il apporte du crédit aux discours tenus par ces mêmes groupuscules radicaux qu’il a dissout il y a quelques mois.

L’antiracisme gouvernemental qui nous est servi ces dernières semaines, reste encore et toujours un antiracisme de morale, de discours et de posture, pas un antiracisme politique. Cet antiracisme dit « républicain », moraliste, n’est qu’une position de principe parfois gravement naïve et qui s’arrange facilement avec ses propres valeurs (je suis pas raciste j’ai un ami noir...).
Cet antiracisme républicain a perdu le combat des idées face au Front National depuis 2002, mais même peut-être, dès 1983 quand SOS Racisme a récupéré la Marche pour l’égalité et contre le racisme partie de Vénissieux (dont sont fêtés les 30 ans cette année).

On nous ressert toujours le même chiffon rouge : le retour de la bête immonde comme si elle avait disparue...
Bizarrement ce chiffon nous est ressorti 6 mois avant les élections municipales, et après, la bête sera vaincue ?