Surpopulation carcérale, maisons d’arrêt surchargées par les détenu-es en préventive, les prisons St Paul et St Joseph (quartier Perrache) qui renferment 3 fois plus d’individus que ce pour quoi elles sont conçues ... Qu’à cela ne tienne, il suffit de construire de nouvelles prisons ! Il est prévu depuis quelques années que l’une d’entre elles soit réalisée à Lyon. Sauf que le moment venu de déterminer la commune qui accueillera ce beau projet républicain, ben plus personne n’en veut !

Trois communes ont été retenues par le ministère de la justice : St Priest, Cailloux-sur Fontaine et Corbas. Et là, si tous les partis politiques font leurs choux gras sur l’insécurité, la lutte contre la délinquance...chacun des maires des communes concernées s’oppose à la construction d’une prison sur son territoire : Martine David (PS, St Priest) cautionne son refus par le fait qu’un « vaste projet d’urbanisme » est prévu de longue date à l’emplacement éventuellement retenu par le ministère. On ne fera peut-être pas la différence avec une prison une fois le tout construit, mais bon. André Sardat (UMP, Corbas), argue, après consultation, que 99% des habitant-es ne veulent pas cette construction. Bref, un argument démocratique de poids. Quant au maire de Cailloux-sur-Fontaine, il peut s’économiser de bonnes raisons puisque sa commune sert de candidature-alibi. Car ces histoires n’échappent pas aux batailles traditionnelles : Gérard Collomb, actuel maire de Lyon et président du Grand Lyon vs. Dominique Perben, prétendant à sa suite et ministre de la justice. Ainsi, chacun des camps accuse l’autre de freiner le projet.

Mais pourquoi donc personne n’en veut ? Une mouche anti-sécuritaire aurait-elle piqué nos chèr-es élu-es ? Discussion à ce sujet lors d’une réunion du Grand Lyon : Bruno Polga, PS, ancien maire de Saint-Priest, n’apprécie pas les suggestions de son collègue de Corbas qui estime que le site de Saint-Priest est le moins coûteux et le plus facile d’accès. Il rétorque que Saint-Priest a 40 % de logements sociaux contre 10 % à Corbas. Certes, mais Corbas a déjà les abattoirs, la zone agroalimentaire et le futur marché gare, proteste André Sardat. Bref, un bel amalgame qui veut tout dire : la prison, c’est un truc pour les pauvres, qui pue la mort, un truc en marge du centre de la société. Et tout ça, on ne veut pas le voir, même enfermé derrière des miradors. Le tout-sécuritaire n’assume pas ses méthodes. Le but n’est pas de contenir les exclu-es et encore moins de remédier à leurs problèmes, mais juste de les rendre invisibles, de les faire disparaître.

Ainsi, entre la future prison SDF de 600 places et le fait qu’il en faudra toujours plus, on ressort la nécessité d’alternatives à l’enfermement, pour rendre invisible l’enfermement lui-même.
Infos tirées du Progrès des 3, 21 et 22/09.

À ce sujet : sites internet non mis à jour mais intéressants et bulletins de l’Envolée et de l’ABC Dijon. Et le livre de Catherine Baker, Pourquoi faudrait-il punir ? , éd° tahin party (cf popouri n° 11). Contre ce sujet : manif du 8 décembre autour des prisons st Paul et st Joseph, on vous en reparlera...