Émoi dans les mairies en cette fin d’année : les jeunes issus de l’immigration s’inscrivent massivement sur les listes électorales. Malgré le fait que l’inscription est désormais automatique, ce mouvement n’est pas sans intérêt et est un révélateur... mais de quoi ?
La révolte des banlieues n’est certainement pas étrangère à ce regain de civisme électoral. Il en faudra cependant plus pour faire de cet épisode un facteur essentiel de changement.
La scène et ses coulisses
C’est avec soulagement que les politiciens voient les jeunes révoltés des banlieues abandonner le cocktail molotov pour la carte d’électeur. Ceci signifie au moins une chose, c’est qu’ils ont décidé de changer de méthode. « Enfin, se disent, les politiciens nous voici revenu en terrain connu ». Cette poussée juvénile de civisme électoral n’est évidemment pas sans arrière pensée politique. L’important pour eux n’est pas que ces jeunes se sentent citoyens, ils n’en ont rien à foutre et l’ont montré depuis des décennies, mais surtout qu’elles conséquences électorales va avoir ce nouveau phénomène.
Il faut dire que cette prise de conscience de la nécessité de la participation électorale ne s’est pas faite spontanément. Tout ce que notre société compte de personnages "médiatico influents" susceptibles de plaire aux jeunes s’y est mis. Vedettes du "chobize" multimillionnaires, sportifs-vedettes non moins multimillionnaires ont fait le forcing pour canaliser la révolte vers des horizons compatibles avec leurs situations de nouveaux riches privilégiés. Il est vrai qu’aujourd’hui dans notre société les maîtres penseurs ne sont plus celles et ceux qui ont réfléchi et ont quelque chose à dire, mais les sportifs médiatisés, judokas courtisans, cycliste dopés, chanteurs défoncés/déjantés, acteurs mégalos, qui marchent la main dans la main avec les politiques dont ils sont ou croient être les faire valoir.
Les politiques ne sont pas non plus restés inactifs. Des organisations comme "SOS Racisme" et "Ni putes ni soumises" dont il est de notoriété publique qu’elles sont le cache-sexe du Parti Socialiste (si tant est que le PS ait encore un sexe !) ont agi en sous-main dans les cités pour gonfler sa clientèle électorale. Les autres organisations de gauche ne sont pas en reste et espèrent bien récupérer quelques dérisoires miettes de cette opération. La droite quant à elle a essayé de jouer de la peur pour radicaliser un électorat minable et peureux prêt à se jeter dans les bras du premier démagogue venu. Comme Harpagon comptant ses sous, les maffiosi politiques commencent à faire leurs comptes.
Si en coulisse l’ambiance est plutôt nauséabonde, sur scène tout est clean. Les jeunes interrogés veulent véritablement être reconnus et le seul moyen qu’on leur donne à espérer est celui de voter... Mais voter pour qui et pour quoi faire ?
La farce et ses dindons
Voter pour qui et pour quoi faire ? C’est la bonne question à laquelle nul ne répond. Et pour cause !
Curieusement, dans une logique de désengagement électoral (voir les taux d’abstention) des jeunes font le choix d’aller voter. Alors ? Sursaut d’une génération qui a repris confiance dans les charmes vénéneux de la démocratie marchande ? Certainement pas. Plutôt l’expression d’un état de dépolitisation absolu qui, soumis à la pression politicienne ambiante, largement appuyée par les médias, exploitée par les requins de la politique, découvre, ou plutôt vont découvrir, ce que beaucoup ont déjà dénoncé : la farce électorale.
La volonté de devenir acteur, de pouvoir s’exprimer passe, officiellement, dans notre société exclusivement par le canal électoral... « Votez, on fera le reste ! ». Seul problème : si les élections servaient véritablement à changer les choses, ça se saurait depuis longtemps. On sait et on en fait l’expérience à chaque scrutin : les élections passent, les promesses s’accumulent, les candidats se multiplient,... mais rien ne change.
Les jeunes qui croient que l’utilisation du bulletin de vote va changer leur vie vont être évidemment vite déçus comme toutes celles et tous ceux qui y ont cru. Ils vont être eux aussi les dindons d’une farce qui va engraisser un classe politique parasite qui n’hésitera pas à réutiliser la force lorsque les illusions et les mirages se seront estompés.
Quand le pouvoir politique, suite à des troubles sociaux ou agitation sociale siffle la fin de la récréation, ceci signifie qu’il faut rentrer dans le rang et la meilleure manière de procéder est de remettre les pendules à l’heure en envoyant tout le monde dans l’isoloir... On n’est généralement pas surpris du résultat qui est toujours le même : on prend les mêmes et on recommence comme avant.
Le grenouillage politique va s’amplifier à l’approche des futurs scrutins. Il y avait longtemps que le « marché électoral » n’avait pas eu de nouveaux « consommateurs ». C’est désormais chose faite avec cette nouvelle frange de jeunes. Le marketing électoral va pouvoir s’en donner à cœur joie.
Patrick Mignard
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