Une manif sauvage comme tant d’autres
Le rendez vous est passé de texto en texto et par le bouche à oreille :
« 15h00 rendez vous place des Terreaux pour une manif’ sauvage ! »
A 15h20, 150 personnes ont répondu à l’appel. C’est peu pour partir en manif sauvage. Les camarades doivent être fatigués de la matinée de marche. Certains d’entre eux sont à l’AG à la Bourse du travail, d’autres encore profitent du soleil sur une terrasse ou dans un parc... Dommage.
Pas le temps d’attendre beaucoup plus et les 150 personnes partent par la rue Herriot à contre sens.
C’est un cortège peu structuré mais avec pas mal de slogans et d’énergie tout au long du parcours.
On arrive place Bellecour pour essayer de récupérer quelques personnes qui traîneraient par là. On reçoit quelques mots de soutien des derniers syndicalistes encore présents. Ça ne restera que des mots. Personne ne vient grossir les rangs de la manif sauvage. En même temps le cortège n’a fait que passer place Bellecour sans même s’arrêter quelques minutes...
Difficile dans ces conditions d’espérer rameuter quelques personnes. Pas le temps de tergiverser le cortège repars de plus belle et traverse le Rhône pour arriver dans le quartier de la Guillotière.
A partir de ce moment la présence policière se fait plus présente et plus pressente aussi.
Rue de Marseille, le cortège est suivi par 3 camionnettes, 4 voitures de la BAC et aussi une voiture de flics « classique ».
Quelques poubelles sont mises en travers de la rue pour retarder les flics qui nous collent. Pas de dégradations, pas de graffitis, pas de jets de bouteilles ou autres.
Le cortège arrive sur le campus de Lyon 2 avec pour objectif de récupérer quelques étudiant-es pour grossir la manifestation. Manqué ! On ne trouvera pas grand monde sur le campus. Dommage ! On continue !
A partir de ce moment il devient clair que le rapport de force commence à tourner en faveur de la police et qu’ils se préparent à faire quelques arrestations de personnes qui ont un look trop marginal ou « black block ».
Le cortège continue vers l’IEP dans le même but d’essayer de le débrayer et de proposer aux étudiant-es qu’il-les le veulent de se joindre à nous pour continuer la manif. A partir de là, ça s’accélère.
L’IEP encerclé par la flicaille
L’arrivée se fait par la cour du musée de la résistance (tout un symbole). Là, les flics essayent de contrôler les deux sorties de la cour pour procéder à des arrestations. Les étudiant-es de l’Institut d’Études Politiques de Lyon sont alors en AG dans leur bâtiment et comprennent la situation. Deux arrestations ont lieu rue Rognon. Spontanément les étudiant-es se mettent en chaîne dans la rue pour ménager un passage depuis la cour du musée des résistances jusqu’au bâtiment de l’IEP. Ainsi ils aménagent un « cordon sanitaire » entre la police et les manifestant-es qui sont dans le collimateur des flics.
De cette façon les manifestant-es trouvent refuge dans l’IEP, et si les flics essayent dans un premier temps de rentrer dans le bâtiment. Immédiatement des professeurs de l’IEP rappelle aux fonctionnaires de la répression qu’ils n’ont pas le droit de pénétrer dans un établissement scolaire sans la permission de l’administration.
C’est un acte fort de solidarité pratique que les étudiant-es de l’IEP ont été capables de mettre en place. Nous remercions tout les élèves et les professeurs de leur courage et de leur bienveillance. Ainsi une réelle convergence des luttes a pu se mettre en place. Ainsi quelques lycéens « repérés » par la police ont pu attendre tranquillement et ne pas se faire embarquer pour des prétextes fallacieux.
Du coup tout ce petit monde se retrouve dans l’IEP. Et la police commence son siège du bâtiment. BAC flash-ball en main, flics en tenue anti-émeute avec tonfa, bouclier, etc... se retrouvent devant les portes de l’établissement. Des flics cernent les rues tout autour.
Une heure après, la commissaire et des profs et/ou l’administration de l’IEP (c’est pas clair) négocie le départ de la police. Bien sûr il leur a été interdit de pénétrer dans le bâtiment pour arrêter qui que ce soit.
Enfin il est décidé collectivement (les manifestant-es sauvageon-nes et des étudiant-es de l’IEP) d’aller chercher du monde à Lyon 2 et de se rendre au commissariat du 7° pour exiger la libération de nos camarades arrêtés. Ils sont trois à être au poste à ce moment là.
Rassemblement devant le commissariat du 7° et nouvelle charge des flics
On arrive calmement à une centaine devant le commissariat de Jean Macé. Bien sûr les BAC sont sur le perron de leur maison, le flash-ball à la main (à croire qu’on le leur greffe de nos jours).
Quelques slogans sont lancé : « Libérez nos camarades ! »
Au bout de quelques minutes, on apprend que les embastillés sont au commissariat central Marius Berliet. Qu’à cela ne tienne, après quelques minutes de discussions où les flics s’engagent à ne pas intervenir si tout le monde s’en va. La centaine de personnes part donc d’elle même de devant le commissariat de la place Jean Macé direction Marius Berliet. Aucun projectile n’est lancé en direction de la police. Je n’ai pas non plus entendu de nom d’oiseau. La situation est donc en train de se détendre puisque les manifestant-es partent.
Cependant, là, sans sommations, dans notre dos, les flics chargent pour arrêter deux personnes qui ont une capuche et un foulard noir. [1] Les flics de la BAC se mettent alors carrément à tirer au flash-ball sur les étudiant-es. Certain-nes sont terrorisé-es et se couchent derrière des voitures. D’autres essayent d’empêcher les arrestations qui sont très brutales, en gueulant sur les flics, ou en prenant des photos. Il semblerait que pour beaucoup d’entre eux, se faire braquer par des keufs est une grand première. Pas pour tous malheureusement...
Trois camionnettes de CRS débarquent alors à toute vitesse et prennent position devant le commissariat.
Après ça les groupes éclatés refont la jonction devant le commissariat du 7°. Devant le rapport de force clairement en notre défaveur, et une fois l’émotion passée il est décidé de rentrer en direction de Lyon 2 pour pouvoir se disperser de manière plus sûre pour nous. Deux voitures de la BAC nous suivent. Arrivés à Lyon 2, certain-es partent, d’autres restent pour évacuer l’émotion et faire un débriefing de l’après midi.
Encore une fois les flics nous ont montré leur vrai visage : celui du mensonge, de la répression aveugle, de la brutalité...
Le bilan de la journée c’est soldé par 5 arrestations, pour « jet de pierre » (mensonge total), et le très pratique « outrage et rébellion » (qui permet d’inculper n’importe qui).
La « caisse de solidarité » est sur le coup. Il a été dressé une liste des témoins des arrestations. Un rassemblement doit être prévu vendredi 20 mars 2009 pour soutenir les inculpés en cas de comparutions Immédiates. Quoi qu’il arrive il faudra les soutenir comme c’est le cas avec les inculpés de la manif contre Biovision.
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