Alerte Le 26 mars 2025, une vidéo circule, celle du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui déclare "A bas le voile" et dézoome sur une foule en applaudissement. Une énième déclaration de guerre dans un contexte qui aurait dû faire réagir tant elle concrétise que le problème n’a jamais été le foulard en soi mais le corps qui le porte. Quand on parle de burkini, de voile et d’abaya, c’est les femmes musulmanes ou qui apparaissent comme musulmanes que l’on attaque, c’est le contrôle colonial patriarcale qui n’est jamais fini.
Les prémices de cette guerre , c’est quand l’Etat a compris que les immigrés, plus particulièrement les familles algériennes et par extension maghrébines, par le biais du regroupement familial, étaient là pour rester et réclamer leurs droits. La France, de gauche à droite, n’ayant pas encore digéré la révolution algérienne, nos corps rappelant trop l’échec colonial, ils se doivent d’être réprimer, cacher, dans tout ce qui ferait "Autre".
C’est dans l’école, par l’injonction à l’assimilation au bon citoyen français, que se créer la première violence. Si l’extrême droite a pour projet notre mort, la gauche, elle, a pour projet de nous éduquer, de faire disparaître en nous, tout ce qui n’est pas "Eux", ce qui fait peur, ce qui rappelle que ce ne sont pas de pays sages que nous sommes né.e.s. De notre langues, nos tons, nos traditions et à partir de 2004 : notre foi.
Toutes les instances se coordonnent pour créer un imaginaire nouveau, l’Autre musulman à travers un matraquage médiatique, celui d’un entrisme islamique dans l’école, dans les syndicats, dans les familles etc.
Avec celui ci, une redéfinition française de la laïcité à travers un rapport transmis au premier minisitre : celui de François Baroin, où nul ne s’inquiète qu’il y est écrit "à un certain point, la laïcité et les droits de l’homme sont incompatibles". Là où l’ancienne laïcité a servit à séparer des institutions, c’est à dire, l’Eglise et l’Etat, aujourd’hui cette laïcité sert à séparer les français et les musulmans, et plus largement puisque l’islamophobie est intrinsèquement lié au racisme, le français et "l’Autre ».
Les expressions les plus violentes de cette laïcité ont été utilisé sur les jeunes femmes musulmanes notamment par la loi 2004, véritable signe des reflexes coloniaux de la gauche, puisqu’il est important de rappeler qu’ils en étaient les auteurs et que c’était une manœuvre que l’extrême droite trouvait inutile. L’acharnement médiatique et politique, à connotation presque d’exécution publique envers les trois jeunes filles de ce qu’on a appelé plus tard l’affaire de Creil, n’était qu’un début du succès médiatique garanti dès qu’il y a une islamisation du débat.
En 2004, ce n’est pas seulement un problème d’Etat mais aussi militant puisque les milieux féministes se scindent autour de celles qui veulent sauver les pauvres maghrébines/ musulmanes de l’oppression de leurs méchants pères et frères. Les femmes voilés sont réduites même par les féministes à leur voile, la déshumanisation s’opère sous un silence complice.
Le même silence, lorsqu’après les attentats de 2015, François Hollande évoque la déchéance de nationalité, en soulignant bien, qu’elle s’appliquerait " même s’il est né français, je dis bien même s’il est né français" et que TOUT le Congrès réuni à Versailles se lève et applaudit. Symbole criant il y a déjà 10 ans, de l’existence d’un corps national légitime : un corps blanc, qui lui appartiendra toujours à la nation quoiqu’il fasse, alors que de 2015 à 2023 on compte 32 déchéances de nationalité, l’année 2024 a marqué l’année records de ces dernières : 41, ce qui s’est créé de manière exceptionnelle sur une population d’exception devient de plus en plus une norme. Le même silence quand l’imam Mahjoub Mahjoubi se fait renvoyer en Tunisie pour avoir critiqué le drapeau français ou quand l’imam Smaïn Bendjilali se retrouve devant un tribunal pour avoir relayé une vidéo légitimant l’attaque du Hamas du 7 octobre, quand le dernier lycée musulman sous contrat Al-Kindi à Décines perd son contrat, quand des étudiants ayant interrompus le cours d’un professeur pro-Assad et pro-Israël à Lyon 2 se trouvent dans un tsunami médiatique titré par "entrisme islamique à travers des groupes d’extrême gauche" ou encore "premier blocage islamiste en France". Combien de temps, nous, groupes antifascistes, antiracistes, allons resté silencieux face à ces attaques ?
Face au calme ambiant après que le premier ministre déclare " A bas le voile ! ", la complicité ne suffit plus, nos silences sont coupables. C’est par notre silence et notre manque d’organisation qu’il est permis aujourd’hui par tout le corps éducationnel, sous menace de la police, qu’une jeune fille de 12 ans se fasse épier et qu’il soit décidé si ce qu’elle porte est assez moulant, assez court, assez coloré, pour rentrer ou non au sein d’un établissement, si le vêtement est assez "républicain" pour cacher nos gueules d’arabes,tous les jours une réflexion vestimentaire pour être assez éloigné de l’imaginaire du djihadiste musulman qu’ils ont eux mêmes crées.
Si l’islamophobie d’Etat a toujours été une urgence pour les personnes concerné.es, il est évident qu’elle est le moteur de la fascisation en cours, il est temps (même en retard) qu’en tant qu’organisation antifascistes et antiracistes, qu’on se positionne, qu’on s’enrage à chaque fois que l’islamophobie est présente.
L’organisation d’une résistance antiraciste massive est nécessaire, construisons la !
Lyon Antifa
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