Cette année, le printemps va nous apporter un Crieur public, préposé au réveil des êtres sensibles. Il s’agit d’un tout petit réveil, infime, intime, mais potentiellement grand, puissant et indomptable. Il ne s’agit pas de « nous parler », il ne s’agit pas de « vivre ensemble », il ne s’agit pas de « mixité sociale » ou de « diversité ». Il s’agit de faire peuple ici, à la Guillotière. Il s’agit de cesser de construire des autres pour partir à la recherche du multiple, du foisonnant, de la folie qui nous traverse et qui nous constitue. Il s’agit de faire confiance à notre grand rire intérieur, d’ouvrir nos portes et qui sait, peut-être de succomber au bonheur incandescent d’une véritable rencontre ?
Pour cela, le Crieur nous invite à jaillir hors de nous-mêmes et à pousser de beaux cris. Le Crieur veut lire et faire entendre nos grands cris du cœur comme nos petits cris du quotidien. Nos cris en désordre, cris du Désordre : les petits et grands soleils qui nous illuminent, ou l’absence de soleil, nos poésies, nos blagues, nos colères, les grondements de nos batailles, le fracas des portes que nous ouvrons, quelques mots pour extirper la grisaille, nos petites annonces parce qu’il n’y a pas de raison que le Crieur ne soit pas utile de temps à autres, nos recettes de cuisine, nos conseils de jardinage, nos déclarations d’amour, de guerre, d’indépendance ou même d’impôts. Et tout le reste aussi bien sûr.
Pour un Bulletin collectif de nouvelles populaires
Selon le proverbe, la dictature c’est « ferme ta gueule », et la démocratie c’est « cause toujours ». Le Crieur, lui, nous invite à faire s’élever nos voix plutôt que de les laisser s’envoler. A nous répondre d’une criée sur l’autre, d’une semaine sur l’autre, à partager les nouvelles qui nous touchent, à annoncer le temps qu’il fait, à commémorer les dates qui nous importent, à parler du très proche et du très lointain pour prendre part au Monde que nous avons envie de voir grandir. A construire, chaque semaine, un Bulletin collectif de nouvelles populaires, crié sur la place publique pour éloigner la terrifiante « actualité » qu’on nous assène à longueur d’écran et de papier gratuits.
Enfin, pourquoi ne pas replonger dans l’enfance, au moins pour un instant ? Le Crieur veut par-dessus tout nous faire entendre des contes. Quoi de mieux pour réveiller nos êtres sensibles et ouvrir nos portes ? Quoi de mieux pour invoquer le désordre rieur, insouciant et généreux de la vie, partout sur Terre et en nous-mêmes ? Le Crieur viendra avec les contes qui nichent déjà sur son épaule. Mais il invite chacun et chacune à apporter « ses » histoires, histoires de la Guillotière, de Lyon, d’ailleurs et de toutes parts. Ainsi, le Crieur s’apprête à conter, et le conteur s’apprête à crier. Non pas avec la prétention de changer le monde gris qui nous harcèle, mais pour que ce monde-là, lui, ne nous change pas. En un mot ? Il espère nous emporter avec lui.
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